Il n’y a pas de santé gratuite !

Pas de surprise, hier, avec le budget 2010 de la Sécu. Les Français vont devoir payer - un forfait hospitalier plus cher, des médicaments moins remboursés...Le trou de la Sécu va quand même continuer à se creuser. La faute à la crise...

Un « déficit de crise », c'est effectivement l'argument du gouvernement. Et il n'est pas totalement faux. Avec la crise, le chômage, la baisse de la masse salariale distribuée, les recettes de la Sécu, qui sont calculées sur les salaires, se sont effondrées. Comme jamais ! C'est bien l'une des raisons de l'explosion du déficit. Toutes les branches sont dans le rouge : la maladie, la vieillesse ou la famille. 23 milliards de déficit au total cette année. On avait eu, en 95, un déficit de 23 milliards déjà. Il s'agissait alors de 23 milliards de francs ! Il est donc aujourd'hui presque sept fois plus élevé qu'à l'époque du plan Juppé !

Déficit de crise. Suffit-il alors d'attendre la fin de la crise pour voir la fin du trou ? Non. Tous les experts sont formels. Même avec la reprise, même avec un retour à une croissance très forte, ce déficit va désormais se maintenir à un niveau élevé. Avec la crise, on a franchi deux ou trois marches supplémentaires. On ne les redescendra pas de sitôt, pas automatiquement en tout cas...

Parce que les dépenses continuent d'augmenter...

Oui, pour la retraite, pour la maladie, pour la famille même, elles vont continuer à augmenter, c'est vrai. Et cela, paradoxalement, c'est une bonne nouvelle ! On peut faire tous les plans d'économies qu'on veut, et il faut en faire, c'est sûr, ça ne suffira jamais. Les Français vivent plus vieux. Ils se soignent mieux. Même mieux maîtrisées, les dépenses de santé augmentent. Et vont continuer à augmenter.

C'est normal. C'est la conséquence du vieillissement, des progrès de la médecine, des besoins de la recherche. C'est parfaitement sain aussi. La santé, il ne faut pas la voir seulement comme un coût. C'est un secteur économique, en plein boom, un secteur d'avenir. C'est un gisement d'emplois, d'innovations, de croissance. C'est ce que le rapport Stiglitz, sur les indicateurs de croissance, soulignait à juste titre.


Alors, pas besoin de paniquer...

Si. Parce que si ces dépenses augmentent, il faut quand même, d'une manière ou d'une autre, les financer. Ce que nous promettent ces déficits, annoncés hier, c'est, dans les années à venir, un grand débat, politique, sur la manière de financer notre protection sociale. Les plans d'économies, ce sont des rustines. Demain, il faudra changer le pneu ! Et entre les différents pneus disponibles, il faudra faire un choix.

Pour la retraite, ce sera, la réforme de l'an prochain, avec à la clé sans doute un nouvel allongement de la durée de cotisation. Pour la maladie, l'autre gros morceau, il va falloir payer. La question, c'est quand ? Cash ou a crédit. C'est comment ? Individuellement ou collectivement ? Par une taxe ou par un impôt ? A l'acte ou au forfait ? La crise cache aujourd'hui tous ces enjeux. Tôt ou tard, il faudra revenir à ce vieux débat, de fonds : une sécu socialisée ou partiellement privatisée. « There is no free lunch ». Il n'y a pas de repas gratuit, disent les anglo-saxons. Il n'y a pas de santé gratuite, non plus !

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