Medef-Cgt : ça chauffe

Entre le Medef et la CGT, rien ne va plus. Laurence Parisot dénonce violemment « la démagogie » de Bernard Thibault, Thibault s'attaque lui à « l'archaïsme » de la patronne des patrons. La crise exacerbe à nouveau les oppositions...

Oui, le ton monte. Alors, dans cette opposition, il faut bien voir, il y a du vrai, il y a du cinéma.

Du vrai. C'est vrai qu'au sein du patronat, au Medef, il commence à y avoir un vrai ras-le-bol à l'égard des syndicats, de la CGT tout particulièrement. La manière dont la CGT est en train de casser le port de Marseille exaspère les patrons locaux. La colère des patrons est aussi alimentée par les grèves à répétition dans l'administration, le comportement de la centrale dans les négociations nationales, sur la délibération sociale par exemple en ce moment.

Idem du côté salariés. Là aussi, le comportement des patrons, de certains patrons est à l'origine d'un vrai ras-le-bol parmi les salariés.

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, Continental, les bonus, les stock-options, les plans sociaux...

Les deux dirigeants, Parisot et Thibault, sont poussés par leurs bases respectives à monter le ton. D'autant qu'ils sont, l'un et l'autre, en difficulté à l'intérieur de leurs organisations...

Il y a aussi, dans cette opposition une part de cinéma, dites-vous ?

Absolument. Au Medef comme à la CGT, ce que l'on craint par-dessus tout, ce sont des débordements, une radicalisation de la contestation, une vraie explosion sociale. On en aurait déjà quelques signes, ici ou là : la séquestration d'un patron dans le Sud, le long conflit dans les Antilles... Au Medef comme à la CGT, la vraie inquiétude, la vraie menace, on la voit dans ces mouvements anarcho-syndicalistes, Solidaires ou la CNT, de plus en plus actifs sur le terrain. Ce sont ces mouvements de désespérance qui risquent de dégénérer. En réanimant, en accentuant la vieille opposition entre Patronat et Syndicats, entre le Medef et la CGT, les uns et les autres espèrent, c'est sûr, désarmocer ce risque d'explosion...

Le gouvernement, dans tout cela ?

Eh bien, il ne peut que se réjouir de ce jeu de rôles. Même s'il n'en est pas l'auteur, la pièce l'arrange bien. Etre critiqué, lui aussi, par le Medef, c'est bon pour lui. Ca démontre qu'il n'est pas le gouvernement des patrons, qu'il n'est pas le pouvoir au service des riches.

Voir la CGT confortée dans sa position de principal opposant, d'opposant officiel, là aussi, c'est bon pour lui. La CGT, c'est un syndicat qu'il connaît, qui, derrière la scène, dans la réalité au jour le jour, peut avoir parfois un rôle constructif. C'est en tout cas un syndicat responsable.

Cette tension, aujourd'hui, entre le Medef et la CGT, c'est du grand classique, de la dramaturgie française comme on en a l'habitude. Beaucoup d'eau sous les ponts, beaucoup de défilés sur les pavés parisiens...Finalement, avec le temps, de ce point de vue, rien ne change !

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