Universités : l’incroyable gâchis

Hier soir, face à la grève des universités, François Fillon a durci le ton. Le gouvernement assure que les examens pourront avoir lieu. Le risque, c'est une année universitaire perdue...

Oui, le blocage, dans la quasi-indifférence générale, depuis trois mois, de certaines universités, c'est un véritable scandale, un gâchis inouï, un vrai problème économique aussi. L'université, c'est aujourd'hui en France un million d'étudiants, 25 milliards d'euros de budget. C'est la formation des cadres du pays. C'est, dans nos sociétés dites de la connaissance, un maillon essentiel de l'économie. Les pays les plus efficaces, les plus puissants, les plus influents, ce sont, ce seront de plus en plus ceux qui ont les meilleures universités.

Alors, le blocage actuel des universités, c'est terrible. C'est terrible d'abord pour la réputation des universités françaises. Nos universités avaient déjà beaucoup de mal à assurer leur rang face aux grandes écoles. Aujourd'hui, entre les deux, les universités et les grandes écoles, l'écart se creuse. Plus personne ne veut s'inscrire à l'université ; tout le monde veut aller dans les grandes écoles. Les universités se tirent une balle dans le pied - au plus mauvais moment.

C'est mauvais aussi pour la réputation de nos universités à l'étranger...

Oui, là aussi, c'est terrible. Il est aujourd'hui très important pour un pays d'avoir, dans ses universités des étudiants étrangers. Quand ces étudiants rentrent chez eux, ils deviennent des agents du pays où ils ont fait leurs études. C'est l'une des grandes forces, aujourd'hui, de l'Amérique. Ses universités forment les cadres de très nombreux pays, des pays qui conservent, de ce fait, es liens privilégiés avec l'Amérique. La France accueillait aussi jusqu'à présent beaucoup d'étudiants étrangers. Eh bien, ce qui se passe en ce moment, est en train de ternir l'image des universités françaises. A l'étranger, les candidats pour les universités françaises sont de moins en moins nombreux !

Quand même, le droit de grève existe. Ceux qui l'utilisent aujourd'hui ont leur raison...

Bien sûr. Les grévistes - certains profs, certains étudiants, certains enseignants-chercheurs - ne sont pas les seuls responsables du blocage actuel. Le gouvernement aussi, d'une certaine manière. Sa réforme - l'autonomie des universités, leur professionnalisation aussi - n'est pas nécessairement mauvaise. Elle est sans doute amendable ! Ce qui surprend, c'est qu'on laisse traîner, on laisse faire, comme si tout cela, finalement, n'avait pas d'importance !

Un incendie, social, chez Conti, Nicolas Sarkozy sort ses lances pour l'éteindre. Là, silence radio. L'indifférence face à ce blocage, à ce risque d'une année gâchée, c'est en définitive le plus inquiétant. Ca veut que l'université, ça n'intéresse plus personne, au sommet de l'Etat ! C'est peut-être tout bénéfice pour les grandes écoles, ces centres de formation pour les plus favorisés. C'est au total très mauvais pour notre économie.

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