Mémo au G20 : les caisses sont vides

Le débat n'est plus d'apporter de la liquidité au système bancaire mais d'essayer d'endiguer un nombre considérable de faillites industrielles.

Grâce à mes enfants, j'ai découvert le groupe

Tryo

et notamment sa chanson G8 (J'ai, j'ai, j'ai huit lascars qui me saoulent) et j'ai bien ri. De 8 le nombre des lascars est passé rapidement à 20. Ils se réunissent ce week end pour...mais pour quoi au fait ?

« C'est une réunion pour s'entendre sur la méthodologie qu'il faudra mettre en œuvre pour réformer le système financier international », indiquait récemment un économiste. Bref, une réunion pour s'entendre sur la méthode. Ce n'est donc pas demain qu'on va sortir du système dollar et du contrecoup de l'explosion du système Bretton Woods en août 1971.

Pendant ce temps,

Hank Paulson

a changé sa propre méthode. Le secrétaire américain au Trésor, qui a fait ses armes chez Goldman Sachs, a découvert qu'il n'était peut-être pas trop intelligent d'acheter des actifs pourris et qu'il valait mieux renforcer le capital des banques.

Certes, mais le débat n'est plus d'apporter de la liquidité au système bancaire mais d'essayer d'endiguer un nombre considérable de faillites industrielles. Et pas seulement aux Etats-Unis.

Aujourd'hui, diverses industries se bousculent aux portes des gouvernements pour demander d'êtres inclues dans un plan de sauvetage. L'automobile donc, mais aussi des industries de services. Ainsi, il est piquant de constater qu'

American Express

a demandé d'être considérée comme un holding bancaire (bank holding company) pour passer sous la coupe de la Réserve Fédérale. Dès que cela fut accordé,

American Express

a demandé à bénéficier des largesses du TARP (Trouble Asset Relief Program) à hauteur de 3,5 milliards de dollars.

American Express est certainement l'icône de l'American Way of Life. Cette entreprise est à la fois un émetteur mondial de carte de crédit et une agence de voyage. Une bonne partie, sinon la totalité de son back office, est externalisé en Inde. A mon avis, le contribuable américain (enfin celui qui est encore solvable) doit se demander s'il convient de consacrer son argent au sauvetage d'American Express, donc au sauvetage voire à la création d'emplois en Inde ?

Dans tous les pays, ce type de questions va bientôt agiter les esprits et gageons qu'elles seront posées crûment. Exemple : Pensez-vous que trois constructeurs automobiles américains peuvent subsister ? Pensez-vous que

Renault

et

Peugeot

doivent s'unir ? Sur l'Europe aussi, il faudra faire des choix radicaux. Et l'impensable devra alors être formulé sans fard : certaines entreprises vont disparaître, d'autres survivront. L'idée des fonds souverains venant remplir les caisses tient plus du mythe, du mythe utile pour calmer les esprits, que de la réalité.

Et ce n'est pas tout. Dans les pays occidentaux, les habitants se sont habitués à consommer des services qui étaient payés on ne sait pas par qui ni comment. Je pense là aux collectivités locales. Gageons qu'il sera difficile de les financer. Gageons aussi que l'avalanche de normes européennes et françaises, qui a empoisonné la vie de nos élus locaux, va se tarir. Le terrain de foot n'est pas aux normes ? Oui, mais y jouera quand même. Le laboratoire du petit producteur de fromages de chèvre n'est pas aux normes ? Et alors, son fromage est délicieux. La crise pourrait apporter un vent salvateur de liberté mais il va falloir souffrir.

Pascal Boulard

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