Un fonds pour un souverain (on ne rit pas)

La mise en œuvre d'un fonds souverain à la française a provoqué l'hilarité discrète de certains blogs anglo-saxons. Est-ce un nouveau complot, comme on pensait en connaître dans les années quatre-vingt ?

Cette fois ça y est, nous allons avoir notre fonds souverain français. L'encours théorique sera d'une vingtaine de milliards d'euros (enfin, les valorisations, ça va, ça vient). L'Etat y logera certaines de ses participations, la CDC aussi. Le but ? Défendre nos belles industries françaises contre les prédateurs venus de l'étranger. En ce moment, les prédateurs sont plutôt claudicants mais ils peuvent peut-être se refaire une santé.

Le principe d'une ligne Maginot virtuelle contre ces éventuelles entités néfastes rappelle l'histoire des noyaux durs des privatisations d'Edouard Balladur. On avait cru bon, à l'époque, de disséminer çà et là quelques pourcentages de participation pour protéger les nouvelles privatisées d'une menace irrésistible : le complot anglo-saxon contre les intérêts de la France.

Ah pardon. Il y avait là urgence et il fallait monter les barricades. Et ce faisant, on a immobilisé du capital alors qu'il aurait pu mieux servir à l'exploitation des entreprises qui avaient participé à ces mini tour de table. Explication : si une entreprise dégage une rentabilité sur fonds propres de 12%, elle n'a aucun intérêt à placer une partie de ses fonds propres dans un investissement qui ne lui rapportera que des dividendes de l'ordre, maximum, de 2%. Tout le monde comprend l'équation mais il a fallu plus de 10 ans pour se libérer du concept des noyaux durs.

Le principe du fonds souverain est différent. Certes, certes, mais qu'en pensent ces pernicieux anglo-saxons ? Le blog Aléa ? «

French Sovereign Fund: Don't Laugh

» a-t-il récemment titré, attirant quelques commentaires salés : «

Okay, we're not supposed to laugh, and I am not a reflexive France-basher like many Americans — the French often have a few things that we should listen to. But $7.6B is pocket change.

» Suivi par : «

Idiots. You don't know nothing. These complex decisions are made by very intelligent persons. They use potent decision-making formulas that the rest of the word is not prepared to understand. The thing is that these formulas cannot be disclosed because of the danger of foreign predators. That's all.

»

Finalement, l'Elysées aurait pu solliciter Bernard Tapie. L'homme compte réinvestir une partie des millions récupérés auprès du Crédit Lyonnais dans un «fonds de placement pour entreprises à la peine». Ouf, on l'a évité.

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