Exclusif : Razzia sur les prestataires d'intelligence économique

La police et le fisc auraient décidé de passer au peigne fin les entreprises nées dans les années 90. La Justice guette le moindre faux pas pour se saisir de tous les documents possibles afin de remonter l'historique des professionnels.

Les affaires Moigne et Baptendier n'étaient qu'un amuse-gueule. C'est en fait une véritable razzia sur les entreprises d'intelligence économique qui aurait été décidée, il y a 18 mois, au cours d'une réunion entre les services de police et le fisc, selon nos informations recueillies de bonne source.

Des cabinets créés dans les années 90 et leurs héritiers juridiques sont en train d'être passé au peigne fin par des enquêtes du fisc, de l'URSSAF et, éventuellement, de la Justice dans une opération d'envergure concertée de longue date.

Exemple : il y a quinze jours, un des principaux opérateurs de la place a subi un contrôle fiscal et s'est retrouvé avec une pénalité de 80.000 euros. Peu de chose pour une entreprise aux comptes florissants et globalement en ordre. Elle attend pour les prochains jours un contrôle de l'Urssaf. Un autre leader, bien implanté dans le monde de la défense, va lui aussi bénéficier des attentions des services de Bercy.

La justice, et certains juges financiers en parlent crûment, veut se saisit du moindre dossier, même banal, même alors que le cabinet est innocent, pour demander à la police judiciaire de mettre sous scellés ordinateurs et agendas afin de remonter l'historique des dossiers traités par les entreprises, de démonter leurs structures parfois complexes et de vérifier si aucun élément louche ne figure dans les documents saisis. Selon nos information, au moins un dossier relèverait de cette stratégie.

Un cadre d'une entreprise d'intelligence économique s'inquiète "surtout des sources et des spécialistes qui travaillent pour nous en free lance. Leurs noms vont être connus des services officiels alors que la condition sine qua non de leur collaboration avec nous est la confidentialité la plus totale. Une question se pose : à quel usage les services officiels destinent-ils les informations ainsi obtenues ?"

La volonté des pouvoirs publics est claire : nettoyer le secteur foisonnant et parfois limite des entreprises d'intelligence économique. Chez les policiers spécialisés, on sait de longue date que les années 90 ont ressemblé au "far west", selon l'un d'entre eux. Certaines pratiques flirtaient allègrement avec les limites de la loi et, souvent les franchissaient sans soucis.

Or, le pouvoir politique considère que désormais le secteur privé est partie prenante de la mission de sécurité. Plusieurs dispositions de la LOPPSI 2 donnent aux entreprises des missions de service public, comme la cyberperquisition. Ce contexte de privatisation du renseignement, périlleux, pousse le pouvoir politique à nettoyer les supposées écuries d'Augias de l'intelligence économique, en lançant des hordes de policiers, juges et agents du fisc vérifier en détail les dessous de l'intelligence économique.

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