
Juin 2020. Premiers pas dans le monde d'après. En ce début d'année 2020, la première préoccupation a été sanitaire, la seconde est économique. Deux préoccupations légitimes, mais qui éclipsent ainsi les autres inquiétudes des Français. Qui aurait pensé pourtant, il n'y a pas si longtemps encore, que l'urgence écologique pourrait passer au second plan ? La survie de la planète était ancrée au cœur des préoccupations de l'opinion publique. Lors du premier tour de la campagne municipale 2020, aucun parti n'avait éludé ce sujet si cher aux électeurs. Cette question faisait consensus, aussi bien nationalement qu'internationalement; nous avions conscience de l'urgence climatique et de disposer d'un temps infiniment réduit avant de ne plus pouvoir inverser la tendance vers une catastrophe environnementale inéluctable.
Certains responsables politiques avaient même commencé à obtenir des avancées significatives de la part de "gros pollueurs". Des grands acteurs économiques dont l'impact écologique est désastreux et qui avaient les moyens de donner l'exemple, s'étaient engagés à faire plus d'efforts pour moins polluer. Le 11 juin 2019, la Secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, avait même interpellé une quinzaine d'enseignes de la restauration rapide, dont le leader de l'industrie McDonald's, afin qu'elles appliquent le décret dit "5 flux" qui exige de trier les déchets à la source. Mais l'histoire récente nous a démontré que la question environnementale est fondamentalement fragilisée par les aléas de l'actualité économique.
D'inquiétants signaux
L'urgence climatique ne s'est pourtant pas mise en pause, elle. Certes, la pollution de l'air a été amoindrie par la baisse d'activité industrielle et touristique, le jour du dépassement a reculé, mais nous consommons toujours plus en un an que ce que la planète peut produire sur cette même durée. C'est pourquoi nous nous inquiétons.
Le 22 mai, Édouard Philippe a annoncé que le deuxième tour des élections municipales se tiendrait le 28 juin prochain. Même si le Président Macron a abordé plusieurs fois le sujet et notamment durant son allocution du 14 juin 2020, nous constatons que la question environnementale n'y apparait plus si pressante dans les discours des candidats. La crise sanitaire du Covid-19 s'est invitée dans l'actualité et emporte sur son passage beaucoup des espoirs aussi bien sociaux qu'environnementaux. Et c'est bien ces deux aspects, le social d'une part et l'environnemental de l'autre, qui se mettent en péril l'un et l'autre s'ils ne sont pas confrontés de concert. Ce deuxième tour des élections doit constituer l'affirmation et la défense de l'environnement pour lesquels élus et société civile se sont battus jusqu'à maintenant.
De plus, nous sommes témoins d'inquiétants signaux concernant l'abaissement si ce n'est la violation des règles environnementales. Alors même que le Covid-19 fauchait encore des vies, l'Etat et certaines entreprises ont profité de la crise économique et des répercussions sur l'emploi, pour exiger des amendements, assouplissements ou ralentissements des règles qui leur étaient exigées. De la semaine de 60 heures aux roches vendues sous plastique, on ne sait plus si on avance ou si on recule. D'autres, à l'instar de l'EuPC, l'association européenne des plasturgistes, ont même déployé d'importants efforts de communication et de lobbying pour expliquer que leurs produits constituaient une réponse sanitaire au virus.
Lire: Le plastique jetable, grand gagnant du déconfinement?
Cette période électorale est un moment crucial
Nous appelons donc les élus à rester vigilants et lutter contre le retour en arrière et un abaissement des règles environnementales. Alors même que certains n'hésitent plus à lier les crises sanitaires à la dégradation de l'environnement, il serait tout à fait irrationnel de ne pas porter une attention accrue à la lutte contre la pollution, la réduction des déchets et la préservation de l'environnement. Soyons particulièrement vigilants et veillons à ce que les engagements pris par les grands groupes pollueurs soient honorés.
Le cadre réglementaire donne au maire tous les moyens pour interpeller et contrôler les entreprises de leur commune qui ne respectent pas les régulations relatives à l'environnement, comme celles liées par exemple au tri des déchets. La vigilance des maires doit être mobilisée car force est de constater que l'industrie de la restauration rapide, à l'instar de son leader McDonald's, s'enracine dans le non-respect des normes environnementales et des engagements pris auprès des pouvoirs publics.
Surveillons ces grands acteurs qui ne respectent toujours pas la règlementation sur le tri des déchets, et incitons-les à faire preuve d'une exemplarité pour entrainer les autres acteurs à réduire leur impact sur l'environnement. Cette période électorale est un moment crucial durant laquelle ces choix doivent être portés au débat public et ainsi faire des prochains mandats locaux une période de transition franche vers le zéro déchet.
Les élus dont les maires sont en première ligne pour assurer les aspirations de nos concitoyens. Ils ne doivent pas abandonner leurs promesses en rase campagne. Ne laissons pas nos convictions s'éteindre, notre survie en dépend.
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Marine Laclautre, initiatrice du mouvement #ZérodechetauMcDo
Alain Fournier, élu EELV de Clichy (92)
Dan Lert, maire-adjoint écologiste du 19e arrondissement de Paris (75)
Claire Masson, tête de liste « Auray ville citoyenne » (56)
Léonore Moncond'huy, tête de liste « Poitiers Collectif » (86)
Raphael Qnouch, tête de liste de « Décidons Paris 13e » et France Insoumise (75)
Michaël Ruiz, conseiller municipal de Bourg-en-Bresse (01)
David Terrien, tête de liste « Beaupréau-en-Mauges en transition écologique, sociale et démocratique » (49)
Gérard Vesques, conseiller municipal et tête de liste « Mon parti, c'est Saran » (45)
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