Municipales à Paris : Buzyn "veut une écologie des réalisations et non de la communication"

En attendant le débat sur les antennes de Radio France entre Agnès Buzyn, Anne Hidalgo et Rachida Dati, la candidate d'En Marche à Paris précise dans "La Tribune" les contours de sa feuille de route économique et écologique, si elle venait à être élue maire le 28 juin.
César Armand
Il faut que Paris soit la capitale de l'urbanisme durable, avec des immeubles 100% respectueux de l'environnement et un effort sans précédent de rénovation des logements, confie la candidate LREM à la mairie de Paris.
"Il faut que Paris soit la capitale de l'urbanisme durable, avec des immeubles 100% respectueux de l'environnement et un effort sans précédent de rénovation des logements", confie la candidate LREM à la mairie de Paris. (Crédits : Philippe Wojazer)

Un "Plan Marshall". En ces temps de crise sanitaire, il ne se passe pas un jour sans qu'un responsable économique ou politique n'utilise cette expression, en "on" ou en "off", pour évoquer la reconstruction économique du pays. La candidate (LREM) à Paris n'échappe pas à la règle.

La promesse : 400 millions d'euros pour les commerces

Dans le Journal du Dimanche daté du 14 juin 2020, Agnès Buzyn s'est engagée, en cas de victoire, à lancer un fonds de solidarité de 400 millions d'euros destinés aux commerces, dont 170 millions confiés aux maires d'arrondissement pour "aider les commerçants, artisans et restaurateurs à survivre, notamment grâce à une exonération de toutes les taxes la première année, voire l'an prochain si la crise persiste".

Le fonds de solidarité sera dédié à des aides conjoncturelles pour soutenir les commerçants, animer les rues commerçantes et favoriser la reprise de l'activité, déclare l'ex-ministre de la Santé à La Tribune ce 17 juin. "Cette somme s'ajoute aux exonérations de taxes et cela sera naturellement réparti selon les besoins : il y a des arrondissements plus nombreux ou plus touchés que d'autres", ajoute-t-elle.

"Nous aurons un dialogue continu avec les maires d'arrondissement sur les améliorations à apporter. Il faut complètement changer la relation entre la mairie de Paris et les mairies d'arrondissement : la première doit être l'écoute des secondes, quel que soit leur camp politique, au lieu de les regarder toujours avec défiance", précise Agnès Buzyn. La maire (PS) Anne Hidalgo a, elle, annoncé le 16 juin vouloir déconcentrer des compétences à l'échelle des arrondissements.

Lire aussi : Municipales à Paris: Hidalgo et Belliard placent l'écologie au cœur de leur alliance

Ouvertures le dimanche et en soirée pendant un an

Parmi les 230 millions d'euros restants, une "partie importante" servira à mener une politique ambitieuse de défense du petit commerce, en particulier des librairies, des artisans, des commerces de bouche "qui font vivre nos quartiers, pour éviter que la spéculation immobilière ne signifie leur arrêt de mort", explicite la candidate LREM dans la capitale. Elle souhaite aussi "expérimenter pendant un an une libéralisation des horaires d'ouverture dans tout Paris, le soir et le week-end afin d'étaler les heures d'affluence pour les consommateurs, ainsi que les heures de pointe dans les transports en commun", a-t-elle dit au JDD.

À la question de La Tribune de passer toute la Ville en zone touristique internationale, comme le demandent la CPME et le Medef, l'ex-ministre répond: "C'est en effet l'un des vecteurs techniques qui permettrait de le faire."

"C'est une mesure très importante, à la fois pour les consommateurs mais aussi pour nos commerçants qui font face à un défi sans précédent. Il faut savoir mettre les combats idéologiques de côté : l'ouverture le dimanche et en soirée est une réponse pragmatique. Mettons-la en œuvre et, dans un an, évaluons ces résultats !", assure-t-elle encore.

5 milliards d'euros pour la transition écologique

Si elle élue maire de Paris, Agnès Buzyn investira par ailleurs 5 milliards d'euros dans la transition écologique, dont 1 milliard pour des mobilités plus propres et plus efficaces, 2 milliards pour la rénovation des logements et des bâtiments municipaux et 2 milliards "pour aménager une ville plus végétale, plus résiliente et plus agréable. C'est un effort considérable mais que j'estime nécessaire", complète-t-elle. Avant le premier tour, elle l'avait chiffré à 4 milliards d'euros, et non à 5 milliards, le montant exprimé à l'époque par l'ancien marcheur Cédric Villani en vue d'une alliance pour le climat.

Lire aussi : Municipales à Paris: Villani propose à Buzyn de s'allier pour le climat

Dans l'hebdomadaire dominical, elle accuse également la candidate des Républicains Rachida Dati de ne parler "que de sécurité et de propreté", n'ayant "carrément aucun programme écologique" avant d'asséner: "C'est simple, je pense qu'elle vit au siècle dernier". "Quant à Anne Hidalgo, ce n'est pas parce qu'elle met du vert sur ses tracts qu'elle a mené une politique écologique", balance-t-elle encore. Et elle, que fera-t-elle de mieux ?

"D'abord, je veux une écologie cohérente. On ne peut pas prétendre préparer Paris au réchauffement climatique en poursuivant la politique de bétonisation menée par Anne Hidalgo - pensons à Bercy-Charenton et à ce projet de tours avec seulement 4% d'espaces verts, qui semble sorti d'une autre époque - ou en se contentant de mettre des plantes dans des pots", répond la candidate LREM. "Il faut que Paris soit la capitale de l'urbanisme durable, avec des immeubles 100% respectueux de l'environnement et un effort sans précédent de rénovation des logements".

Lire aussi : Logement à Paris: Griveaux dézingue Hidalgo

"Une écologie des réalisations et non de la communication"

Sur ce point, le débat continue d'ailleurs de faire rage entre l'ex-tête de liste Europe-Écologie-Les Verts David Belliard et l'adjoint à l'urbanisme sortant Jean-Louis Missika. Si l'écologiste plaide pour des "espaces verts conséquents" dans la capitale, le co-directeur de campagne d'Anne Hidalgo juge qu'il s'agit d'un "sujet pas exactement en ligne entre nous [eux, Ndlr] et EELV", considérant que les consultations citoyennes seront "extrêmement importantes". "L'urbanisme est l'art de l'équilibre et du compromis entre densité et étalement urbain, entre refus de construire et production de logements sociaux", a insisté Jean-Louis Missika lors de la présentation du "Manifeste pour Paris".

Agnès Buzyn souhaite, elle, lutter "véritablement" contre les îlots de chaleur en faisant des "rues-jardins" et en rénovant les écoles, de même qu'elle entend réaménager les quais de Seine en rendant l'île aux Cygnes (Paris XVe) plus accessible et en végétalisant les parties piétonnes "qui sont encore bien peu accessibles". En définitive, elle veut "une écologie des réalisations, et non de la communication". "On ne peut pas prétendre être vraiment pour l'écologie quand on a réussi, comme Hidalgo, à détruire les grandes réalisations de Bertrand Delanoë qu'étaient Autolib et Vélib", lâche-t-elle. Pour réduire le nombre de voitures, elle espère accélérer l'automatisation du métro avec IDF Mobilités, développer des bus à haut niveau de service entre Paris et la banlieue, sécuriser la pratique du vélo et augmenter les aides à l'achat de deux-roues électriques.

300 millions d'euros d'économies par an en année pleine

Dans la lignée de Benjamin Griveaux, l'ex-ministre confirme à La Tribune le lancement d'un audit financier et d'un plan d'économie de 300 millions d'euros par an en année pleine. "Ils sont pleinement d'actualité car il faudra trouver les marges de manœuvre pour soutenir l'économie parisienne et pour investir dans la transition écologique. Nous savons où aller les chercher. Certaines dépenses d'un autre temps ne sont plus acceptables", assure-t-elle.

"Mes concurrentes ont toujours refusé de regarder en face cette nécessité. On voit aujourd'hui à quel point c'est indispensable", clame-t-elle.Toutes mes propositions sont crédibles parce qu'elles sont financées. Et j'aurai donc les marges de manœuvre financières nécessaires pour faire face à la situation exceptionnelle créée par le Covid-19."

L'ex-ministre maintient enfin le programme d'investissement de 7 milliards d'euros annoncé en son temps par son prédécesseur. "Ce programme sera financé en limitant le recours à l'endettement, grâce au plan d'économies évoqué, et en procédant à des cessions d'actifs à hauteur de 1 milliard d'euros sur la mandature pour financer les nouveaux investissements", glisse-t-elle.

Lire aussi : Municipales à Paris: Griveaux promet un cadrage budgétaire et financier "solide"

 
La mairie de Paris pourra louer et sous-louer des appartements

En revanche, la proposition d'un chèque logement de 100.000 euros, "mal comprise", a été "retirée". "L'essentiel, aujourd'hui, c'est de remettre davantage de logements sur le marché pour lutter contre la hausse des prix, qui chasse les familles et les classes moyennes hors de Paris. Je pense aux logements vacants d'abord : il y en a plus de 100.000", rappelle-t-elle.

Lire aussi : Logements vides: le gouvernement veut mieux informer les propriétaires

Dès le début de son mandat, elle lancera ainsi une grande campagne de ciblage en allant rencontrer un à un les propriétaires pour comprendre pourquoi ils ne les louent pas et leur proposer une palette de solutions. "Pour les plus réticents, je souhaite que la mairie de Paris loue directement l'appartement et s'occupe ensuite de sous-louer. Ce sera très simple et très sécurisant pour le propriétaire", annonce-t-elle.

Avec le développement du télétravail, "des opportunités vont se créer pour transformer des bureaux en logements : il faudra les saisir", estime-t-elle. "Nous pourrons ensuite déployer des instruments innovants pour favoriser l'accès à la propriété en s'inspirant des meilleures pratiques à l'étranger", conclut-elle.

César Armand

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Commentaires 4
à écrit le 18/06/2020 à 12:13
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Si j'etais parisien, je me dirais que je n'ai vraiment pas de pot. Trois rombieres se crepent le chignon permanente et se battent comme des chiffonnieres pour le poste qui doit etre drolement allechant. Enfin me dire que je participe en payant mes...

à écrit le 18/06/2020 à 9:38
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Heureusement que je ne suis plus parisien. Quel choix cornélien : entre Hidalgo qui veut boucler la capitale de la France au profit de ses partisans bobos et interdire illégalement la circulation automobile au mépris de la constitution et Buzin qui ...

à écrit le 18/06/2020 à 9:14
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Non elle voulait juste une formule qui rime qu'elle a peut-être trouvé toute seule d'ailleurs ! Ce qui serait déjà exposer une compétence que les politiciens français ne nous exposent jamais.

à écrit le 17/06/2020 à 18:57
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On peut le dire...! Çà c'est de la com.., ils nous font rêver puis c'est le cauchemar!

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