
Elle ne s'appelle plus "agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie", mais "agence de la transition écologique". Si l'Ademe conserve sa marque car - "installée dans le paysage institutionnel" -, sa dénomination évolue pour couvrir "des dimensions interdépendantes qui méritaient d'être intégrées" : mobilité, alimentation et tourisme durable, numérique, en plus de la maîtrise de l'énergie, "au cœur du métier", a expliqué ce 18 juin son président Arnaud Leroy.
Pas question pour autant de parler de "transformation" ou de "révolution", "la transition est quelque chose d'intérêt, d'important et de rassurant", a justifié son président lors d'une conférence de presse téléphonique. "Le changement ne se fera pas du jour au lendemain", a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité "d'accompagner la société dans son ensemble de manière non brusque et non brutale".
Simplification et simplicité
A dix jours d'un scrutin local attendu, l'Ademe ne change pas non plus ses cibles - citoyens, collectivités et entreprises - pour atteindre ses objectifs de performance, et en particulier les objectifs de développement durable (ODD), les dix-sept buts que se sont fixés les Etats-membres de l'ONU. En revanche, elle revoit sa méthode en lançant ce jour une plateforme de services baptisée "Agir pour la transition écologique", tant pour simplifier le dépôt des dossiers que pour valoriser les acquis.
Les premiers acteurs à profiter de cette offre de "simplification et de simplicité" seront les territoires. Outre son travail régulier avec l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), l'Agence de la transition écologique finalise en effet la signature d'une convention avec l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), un établissement public né le 1er janvier dernier.
Répondre aux "vraies envies et besoins"
Au lendemain du second tour des élections municipales, l'Ademe entend "aller chercher l'ensemble des collectivités à différents niveaux de prestations de services". S'il y en a "à la pointe", des "très bons" et des "moyens élèves", "beaucoup de collectivités sont en interrogation, en manque de moyens financiers, et nous approchent pas ou peu", déclare Arnaud Leroy.
C'est pourquoi avec tous ses partenaires, l'Agence va"fabriquer une réponse plus globalisante avec ce continuum de financement" et "proposer des solutions à l'ensemble des territoires". Le président de l'Ademe en veut pour preuve le "succès" du livret "Demain mon territoire" - vingt fiches pratiques sur la transition écologique adressé aux candidats et aux élus en novembre dernier - téléchargé 30.000 fois. Ce guide doit en outre être mis à jour pour répondre aux "vrais envies et besoins" de même que va se poser la question de la formation des nouveaux édiles.
Parallèlement, est lancé Ecolab, un site qui permet à chacun de mesurer son impact CO2 en termes de déplacements. "Il est libre d'utilisation tant pour les citoyens que pour les collectivités qui sont autorités organisatrices de mobilité (AOM)", précise Arnaud Leroy. En revanche, l'Agence ne pourra aller au chevet des transports en commun, qui perdent beaucoup de recettes du fait de la Covid-19 voire qui risquent la cessation de paiement. "L'Ademe n'a pas le budget pour ça", dit son président.
"La rénovation globale a plus d'intérêt"
Déjà détentrice de "programmes" et de "méthodologies" sur la rénovation des bâtiments publics et privés, l'Agence croit en l'action des territoires dans ce domaine. "Elles ont développé des outils qui permettent de faire des scans de quartier pour voir les priorités avant d'entamer les démarches", assure Arnaud Leroy. Comme la Commission européenne, il considère aussi que "la rénovation globale a plus d'intérêt".
Problème: réhabiliter l'intégralité d'un bien immobilier suppose de reloger l'occupant le temps des travaux, tandis que "la situation du logement en France ne le permet pas", souligne le président de l'Ademe. Aussi regarde-t-il du côté de l'étranger, comme au Royaume-Uni, pour trouver une solution. L'ex-porte-parole du candidat Macron à la présidentielle se fait enfin le porte-voix du service d'accompagnement à la rénovation énergétique (SARE), doté de 200 millions d'euros d'ici à 2024. Dommage qu'Arnaud Leroy ne soit pas aussi prolixe sur la visibilité et la stabilité des aides qu'il juge "excessivement compliquées".
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