« Affirmer nos principes, nos intérêts, nos solidarités », c'est l'intitulé ambitieux de la Conférence des ambassadeurs qui se tient du 28 au 30 août, dans un monde qualifié de « multicrise » par le président de la République dans son dernier entretien à l'hebdomadaire Le Point, caractérisé par « le retour des ambitions des grandes puissances, le recul de l'attractivité des démocraties, la tension entre la Chine et les États-Unis, avec une remise en cause profonde du droit international ». Le président a établi la feuille de route dans son discours du 16 mars sur la réforme de la diplomatie : rénover le métier, structurer la diplomatie autour de la capacité d'influence, répondre aux enjeux globaux et se rapprocher des Français. Pour la mettre en œuvre, nous devons résolument innover !
Échapper au court terme
Dans la refondation du nouvel ordre mondial, la France doit plus que jamais inscrire sa politique étrangère dans le long terme. Elle vit un moment de vérité. Elle n'est pas condamnée à n'être qu'une puissance moyenne, disposant d'un pouvoir de dire plus que d'un pouvoir de faire. Mais elle doit avoir un agenda de long terme, à l'instar de la Chine, et stabiliser ses moyens.
Pourquoi ne pas dupliquer aux affaires étrangères les bonnes pratiques des affaires militaires ? Une « revue stratégique » et une « loi de programmation » des affaires étrangères mobiliseront les forces vives du pays vers un même objectif : une France conquérante dans la mondialisation. Outre la visibilité, ces outils auront le mérite de faire vivre un débat parlementaire de fond sur les orientations et les moyens de notre politique internationale.
Influence plurielle et mesurable
Les acteurs ont aussi évolué. Associer les entreprises, les ONG, les diasporas, les influenceurs, les communautés locales est essentiel pour être agile et efficace dans la compétition mondiale. « Les révolutions ne se détectent pas dans les palais et nous devons être hors les murs » avait rappelé le président en clôture des États généraux de la diplomatie. Une nouvelle approche exige d'être plus proactif vis-à-vis des sociétés civiles, en s'appuyant sur l'atout des près de 3 millions de Français de l'étranger, nos meilleurs ambassadeurs dans la mondialisation.
Tout ne se mesure pas. Mais l'efficacité de nos outils d'influence doit également pouvoir être suivie au moyen de nouveaux indicateurs de performance. Aujourd'hui, certains indicateurs sont trop flous ou difficiles à mesurer : ainsi de l'optimisation de l'effort français en faveur du maintien de la paix, de l'efficience des fonctions achat ou support...
Reconnaître nos entrepreneurs à l'étranger
L'influence s'exerce via l'activité diplomatique et la présence de filiales d'entreprises françaises, mais aussi par les entreprises de droit étranger en lien étroit avec la France. Évalués à 130.000 à travers le monde, ces entrepreneurs français de l'étranger génèrent de la valeur et créent des emplois directs et indirects dans leur pays d'adoption et le territoire national.
Nous devons faciliter l'identification des entreprises qui participent au rayonnement de la France, pour les faire connaître, valoir et soutenir, notamment dans la perspective d'appels d'offres organisés par la France, de candidatures aux financements des opérateurs français, d'intégration au dispositif Team France Export et France Invest.
Plus d'incarnation politique
Notre commerce extérieur est lourdement déficitaire. Un ministre de plein exercice du Commerce extérieur permettra de mieux incarner et crédibiliser notre politique commerciale. L'histoire de la Vème république montre que notre balance commerciale s'est améliorée dans les années suivant la nomination d'un ministre de plein exercice à ce poste.
La diplomatie parlementaire des députés et sénateurs doit aussi prendre toute sa place. Et au-delà, chaque français a un rôle à jouer pour faire vibrer le mot « France » partout dans le monde. C'est une façon d'associer la Nation toute entière à la singularité de la voix française, une voix respectueuse, loyale, fiable, créative, riche d'expertises. Dans la période, c'est important ! L'involution de l'influence française au Sahel le prouve : il est urgent de mettre en œuvre la feuille de route présidentielle. Innovons !
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