Feux de... Brousse : Punis d'apéro jusqu'à l'été ?

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. Il tiendra dans La Tribune une revue du couvre-feu devenu reconfinement, intitulée comme il se doit Feux de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

Hier encore nous luttions vaillamment contre un virus devenu familier, voire domestique. Voilà que des mutants pernicieux, facétieux et factieux en provenance d'Angleterre, d'Afrique du Sud et du Brésil viennent en renfort lui prêter la main. 2021 s'annonçait comme une belle année, même si tu circules encore, nous allions t'avoir, maudit COVID 19 !

Welcome au nouveau-né le bien nommé VOC 2020, pas plus méchant, semble-il, que son cousin mais, nous dit-on, bien plus contagieux. Chic, on va pouvoir resserrer le dispositif ! Nous avons pourtant été bien sages pendant ces quelques jours de fête tant redoutés. Les autorités nous le concèdent. Cependant pas assez pour vraiment contenir les courbes tenaces, farouches et insensibles. Nous avons besoin de réconfort, une carotte, un « bon point » en quelque sorte. Mais on nous appelle à tenir bon. Le gouvernement, conforté par ses indénombrables conseillers, nous propose une nouvelle heure d'hiver pendant l'heure d'hiver, un nouveau couvre-feu sur le couvre-feu généralisé à 18 heures. Tant mieux pour l'audience de « Questions pour un Champion ». Tant pis pour les ventes des « petits » commerces. Punis d'apéro ?
 
La scène française est à l'arrêt. Pourtant le show maintenant rôdé du Premier ministre, qui ressemble de plus en plus au Droopy de Peanuts (sauf qu'il dit trop rarement « I'm happy »), continue son tour sur les antennes nationales. Entouré par sa troupe régulièrement augmentée, dont s'est néanmoins retiré l'irremplaçable professeur Salomon, John Castex revient à heure fixe nous dévoiler ce que les chaines d'information en continu ont révélé la veille. Masque après masque, les acteurs se succèdent et le confortent. Le taux d'incidence augmente, il faut faire front. Les soignants sont formidables. On traque, on séquence, on trace...

Le vaccin est là. Où ? Diront les mécréants, quand le nombre de candidats à la piqûre croit enfin. Qui ? Combien ? Pfizer patine. Les centres de prise de rendez-vous explosent, malgré quelques bugs : « Le nombre cumulé de vaccinés en Nouvelle Aquitaine était mercredi de 17068, soit ... environ 5000 de moins que la veille ... »*. Santé publique France a bon dos.

On tient (Olivier Véran), on soutient comme jamais l'économie sans négliger la relance (Bruno Lemaire), on soutient l'emploi (Elizabeth Borne), on soutient l'école (Jean-Michel Blanquer), on soutient les étudiants déprimés (Frédérique Vidal). Roselyne Bachelot, dans un de ces magnifiques tailleurs rose dont elle a le secret conclut, à bout d'arguments, tant son secteur est dramatiquement dévasté, avec Pablo Néruda: « Le printemps est inexorable ».

Super, mais c'est quand, le printemps ? Peut-être au début de l'été, ose courageusement le Premier ministre. Et le porte-parole du gouvernement d'ajouter : « l'hypothèse du confinement n'est pas exclue ». Le bâton ! Tenons-nous bien à la table du geste barrière. Ne nous en lavons pas les mains.

Courage, bonnes gens. De quoi nous plaignons-nous : nous avons un si bel hiver. De lourds manteaux de neige fraîche couvrent beaucoup de nos belles campagnes. Des flocons comme on n'en avait pas vu depuis au moins dix ans. Les paysages de nos Noëls enfantins ressuscités. A vos pelles dans les villes, à vos luges et vos raquettes dans les campagnes. Qui a dit que nous n'aurions pas de sports d'hiver ? Pourvu que ça dure. A croire que nos dirigeants, à défaut de maîtriser la logistique opérationnelle, gouvernent aussi la météo pour mettre un peu de lumière dans une ambiance aussi grise, et nous garder au calme derrière nos masques. On ne peut pas tout déléguer !
Qu'on ne vienne pas croire qu'en cette période préélectorale des manœuvres politiciennes malvenues viendraient à l'esprit de certains.


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Commentaires 2
à écrit le 18/01/2021 à 13:58
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Bientôt on en sera a dire "mieux mort que confiné", qui est la marque de l'homme franc qui a construit notre pays!

à écrit le 18/01/2021 à 13:41
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C'est pour quand les lendemains qui chantent ?

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