Feux de... Brousse : Bienvenue en Absurdistan !

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. Il tiendra dans La Tribune une revue du couvre-feu devenu reconfinement, intitulée comme il se doit Feux de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

« Nous ne pouvons donc pas baisser la garde ... »  (Jean Castex). « Il faudra donc continuer à rester chez soi ... » (Emmanuel Macron)... Le Président en chef, mardi, à grand renfort de « slides », comme un top-manager contemporain d'avant la crise, a fixé ce cap attendu par tous, et habilement distillé et commenté sur nos écrans depuis quelques jours . Un peu flou, et « subject to », conditionné. Un horizon plutôt, cette « ligne imaginaire qui recule à mesure qu'on approche d'elle ».

Quelle surprise : il permet donc l'ouverture des commerces jugés « non essentiels ». Chouette, nous pouvons depuis ce samedi acheter les boules pour le sapin autorisé à la vente depuis le 18 novembre. Les coiffeurs sont en surchauffe : les chevelures confinées poussent trop vite. Toujours pas de bistrot en vue, pas non plus de ski à Noël : trop de risques, seul sur un télésiège en plein vent et loin de tout sur les pentes neigeuses « pour profiter de l'air pur de nos belles montagnes ». 30 dans les lieux de culte : Saint Sulpice bien vide et les chapelles de nos campagnes bondées. On aura du mal à trouver 30 fidèles pour l'office, dimanche, dans mon village. Les maires connaissent les jauges et sourient avec le virus. Vues de l'Élysée, toutes les églises se ressemblent.

Enfin bientôt dispensés d'autorisation dérogatoire ! La vaccination ne sera pas obligatoire, mais un certificat sera sans doute nécessaire pour monter dans un avion, entrer au théâtre, et peut-être accéder à l'hôpital ou rejoindre son école. « En même temps », on ne sait pas quand le vaccin sera là : avant l'heure, c'est pas l'heure ! «Nous ne pouvons donc pas baisser la garde » déclare le chef du gouvernement qui conditionne l'assouplissement   au comportement «attentif et responsable» des Français. C'est encore de notre faute !

En précisant les détails trop rudes pour le Président, il assure qu'il reviendra avant Noël pour « quelques recommandation concrètes » : genre «Il est impératif que vous limitiez le nombre de personnes à table.» Et la température du four pour ne pas rater la dinde ?

La ministre du travail songe au 100% télétravail. Ne peut-on laisser les entreprises s'organiser ? On envisage de contraindre les malheureux contaminés à résidence, les « personnes à risque », ces vieillards de plus de 65 ans, papys et mamies relégués dans leurs cuisines, trop jeunes il y a peu pour prendre leur retraite.

L'article 24 colle au ministre de l'intérieur comme le scotch du capitaine Haddock. Le Premier ministre prie une commission ad-hoc de le re-re-rédiger, quand on croyait que c'était le job des députés. Quelques articles supplémentaires du code pénal pour clarifier s'il en était besoin les conditions du respect de la liberté d'expression !

Heureusement, Bruno (Super ?) Le Maire a terrassé les méchantes plateformes et repoussé l'impensable Black Friday. «Une commission venant de conclure que l'eau ça mouille, nous avons finalement le droit de vendre des parapluies.»  Bienvenue en Absurdistan !

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Commentaire 1
à écrit le 29/11/2020 à 11:22
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Il y a un film qui s'appelle l'Idiocratie parlant d'un pays dans lequel par exemple on ne termine pas les ponts parce que comme ça ça fait fonctionner les vendeurs de voitures, les hôpitaux et les pompe funèbres ! D'une pierre trois coups ! Tout le m...

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