Industrie immobilière : trois tendances de fond accélérées par la crise sanitaire

OPINION. La crise sanitaire n'épargne pas l'industrie immobilière. Les bureaux sont désertés. Les logements sont revisités. Les usages sont repensés. Dans le même temps, cette crise est synonyme d'opportunités pour une filière qui démontre sa forte capacité de résistance et de résilience. Par Aminata Sy, directrice du SIMI.
Aminata Sy est directrice du Simi
Aminata Sy est directrice du Simi (Crédits : Claire Grandnom)

Dans ce contexte de mutations et de disruptions, trois grandes tendances de fond semblent se dégager notamment auprès des investisseurs impactant nos visions et nos expériences du logement, du bureau et des usages, de nos futurs lieux de vie.

1 - Le résidentiel devient le refuge

Véritable accélérateur de particules, la crise du Covid-19 a confirmé l'appétit des investisseurs pour le produit résidentiel. De méga-deals en besoins structurellement insatisfaits : le logement est devenu le centre de toutes les attentions.

Sans doute parce que la France, contre toute-attente, souffre encore d'un déficit de logements dans les zones tendues. Sans doute encore parce que le parc locatif privé est encore insuffisant. Sans doute enfin parce que la crise sanitaire a démontré que le résidentiel n'était plus seulement ce lieu de l'intime et que le logement pouvait accueillir des activités autres tel qu'un bureau. A la faveur de l'essor généralisé du télétravail, les logements se sont transformés en véritables lieux de production.

Dans ce contexte chamboulé, la classe d'actif logement retrouve ses lettres de noblesse auprès des investisseurs institutionnels en France et partout dans le monde. Produit acyclique par excellence, le résidentiel traverse les crises et démontre sa capacité à générer des cash-flow sur le long terme. Se loger reste et restera une fonction intangible, non-délocalisable et matérielle.

2 - Le bureau n'est pas mort

Si le résidentiel grignote une place non négligeable dans les stratégies des investisseurs, le bureau n'est pas mort, bien au contraire. Cet actif a encore de beaux jours devant lui. Challengés, disruptés, repensés, les espaces de travail sortiront complètement modifiés de cette crise. Penser en effet que le bureau est un actif qui va disparaître à la faveur de la généralisation du télétravail est une erreur.

Oui, le bureau est appelé, plus rapidement sans doute que prévu, à se réinventer. Hier destiné à abriter des activités productives, il sera demain un marqueur pour l'entreprise qui veut imprimer sa raison d'être, auprès ses collaborateurs pour commencer. Les nouvelles règles de distanciation sociale n'empêcheront pas le bureau de se repenser dans une logique de hub où foisonnent les intelligences collectives.

Le grand gagnant de cette nouvelle épure, ce sont sans aucun doute les espaces communs, ces espaces collaboratifs qui vont devoir être entièrement reconfigurés pour porter d'autres valeurs. Des valeurs de créativité, de performance et de sérendipité. On travaille aujourd'hui de partout : dans un lounge, sur une terrasse, dans une cafétéria ou dans un co-working. L'aménagement de ces nouveaux espaces de travail est une clé de lecture, une inconnue de la nouvelle équation tertiaire dont la crise devrait accoucher.

3 - La mixité des usages devient la règle

Si le phénomène du home@work s'est imposé petit à petit, le sujet du work@home s'invite dans nos logements. Plus que jamais, les acteurs de l'immobilier devront imaginer des lieux de mixité, voire de communautés d'usages.

Ces trajectoires qui s'accélèrent du bureau et du logement reposent sur un socle et plus encore sur une conviction : la nécessaire mixité des usages. Le phénomène n'est pas nouveau mais sa diffusion dans le panorama de l'immobilier contemporain se précise et s'affine. Toutes les classes d'actifs - du bureau au commerce en passant par l'hôtellerie - en font l'expérience. Tous les urbains en font l'exercice. Toutes les villes en font l'usage.

Le fait est acquis. Reste maintenant à accoucher des modèles économiques de ces lieux mixtes, de ces lieux de demain. Des lieux durables et renouvelables. Au-delà des lieux, au-delà des fonctions, il est nécessaire maintenant de repenser la mixité des publics et plus précisément la relation entre le public et le privé.

Et demain ? Nous avons acquis la certitude que l'immobilier post-Covid ne ressemblera pas à l'immobilier pré-Covid. Nous avons également la conviction que pour que cette communauté immobilière fasse sens, il est nécessaire de garder des liens tenus.

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Commentaires 2
à écrit le 02/12/2020 à 13:13
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Votre point 2 est incompréhensible. Ce qui se profile surtout c'est le carrefour entre de l'immobilier de bureau qui se vide et du besoin en immobilier d'habitation. C'est à cette croisée que va se situer la mutation.

à écrit le 02/12/2020 à 10:48
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"Sans doute enfin parce que la crise sanitaire a démontré que le résidentiel n'était plus seulement ce lieu de l'intime et que le logement pouvait accueillir des activités autres tel qu'un bureau." La crise sanitaire je ne sais pas mais les GAFA ...

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