Soutenue tant par le patron des patrons Geoffroy Roux de Bézieux que par le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, c'est une connaisseuse de la maison qui vient d'hériter, le 9 novembre, de la direction générale d'Action Logement. Et ce après un an de débats politiques et de noms lâchés dans la presse spécialisée.
Conseillère technique de François Fillon à Matignon, "Sage" à la Cour des Comptes et jusqu'à la fin du mois directrice générale de Seqens, le fruit d'une fusion de différentes filiales franciliennes du groupe, Nadia Bouyer prendra ses fonctions le 1er décembre prochain. Le président du Medef Grand-Est, Bruno Arcadipane, conserve, lui, son rôle de président.
Avant de retrouver Benoist Apparu, le président d'In'li, la filiale de l'ex-1% Logement dédiée au logement intermédiaire en Ile-de-France, dont elle a été la directrice de cabinet au secrétariat d'Etat au Logement entre 2009 et 2011, cette polytechnicienne, diplômée des Ponts et Chaussées, va rencontrer ses équipes, ses directeurs, ses managers et ses 18.000 salariés.
Pas de législation par ordonnance
Sans attendre ni sa nomination ni les conclusions de la mission d'information de la commission des affaires économiques du Sénat sur l'avenir de l'organisme paritaire, l'exécutif a déjà renoncé, vendredi 6 novembre, à légiférer par ordonnance pour le réformer. Administré par les syndicats et le patronat, l'ex-1% Logement est financé par les entreprises via la participation des employeurs à l'effort de construction (PEEC).
"Le gouvernement veut privilégier la concertation. Cela laisse le temps aux partenaires sociaux de dialoguer et de ne pas passer en force", estime Nadia Bouyer. "C'est d'autant plus constructif que dans cette crise, nous pouvons jouer un rôle d'amortisseur en accompagnement des locataires et des salariés en difficulté", ajoute-t-elle.
Un milliard ponctionné par le PLF 2021
Il n'empêche que l'exécutif maintient sa volonté de lui ponctionner un milliard d'euros sur son budget dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2021. "Cela fait partie de ces points de vigilance qui seront sur la table des discussions avec l'Etat, afin que cet argent soit utile au logement et en particulier à celui des salariés", déclare Nadia Bouyer. L'amendement doit être examiné ce jeudi 12 novembre en séance publique à l'Assemblée nationale.
"Après avoir laissé de 2015 à 2018 la présidence d'Action Logement au président de la Fédération française du bâtiment Jacques Chanut, le Medef a réalisé que le sujet dépassait ce cadre et entend bien s'impliquer", relève un connaisseur du dossier. "Cette démarche convient d'ailleurs très bien aux partenaires sociaux qui ont envie de garder la main sur l'organisme", poursuit-il.
Des capacités de trésorerie solides
Action Logement s'est en effet longtemps vanté de la bonne tenue de ses comptes, avant de lancer, en janvier 2019, un "plan d'investissement volontaire" doté de 9 milliards d'euros. L'objectif est triple: faciliter la production de logements neufs, améliorer le confort des existants et promouvoir la mobilité dans son parc immobilier de près d'un million d'habitats. "Cela fonctionne très bien. Ses actions vont produire beaucoup d'effets sur l'économie demain", assure la nouvelle DG du groupe.
Outre ce programme d'actions, l'organisme paritaire continuera de prêter aux bailleurs sociaux de même qu'il demeurera le premier financeur de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), avec laquelle il est lié par une convention quinquennale qui court jusqu'en 2022. Le prélèvement annoncé de Bercy ne devrait toutefois pas nuire à l'ANRU, tant les capacités de trésorerie d'Action Logement demeurent solides.
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