Bureau fermé, open space, flex office...quelles sont les attentes des salariés dans l'après Covid ?

Pour les promoteurs spécialisés en immobilier d'entreprise, la crise sanitaire du Covid-19 n'a pas signé l'arrêt de mort de l'open space, des espaces partagés ou des bureaux flexibles, bien au contraire. Dans le même temps, jamais leurs clients n'ont été autant demandeurs d'accompagnement avant de prendre possession de leurs espaces de travail.
César Armand
(Crédits : iStock)

Le bureau traditionnel ? Le home office ? Le tiers-lieu qui se définit comme un espace de travail alternatif ? Quelle sera la tendance dominante dans le choix du lieu de vie du salarié, dans l'après Covid ? Depuis le 1er septembre, les salarié(e)s ont l'obligation de porter le masque en entreprise, incitant à certain(e)s à télétravailler ou, s'ils le peuvent, à se rendre dans un coworking pour ne pas se retrouver seuls devant leur ordinateur. Sans parler de celles et ceux dont les entreprises qui ont différé, soit jusqu'à une certaine échéance soit sine die, le retour dans un lieu collectif.

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De cette période inédite du confinement, les professionnels cherchent en tout cas à tirer des enseignements. D'après un baromètre réalisé par l'IFOP pour BNP Paribas Real Estate sur les Français et le confinement, 40% des actifs ont eu l'impression de moins bien travailler que d'habitude et 50% de ces derniers disent avoir été moins concentrés et donc moins productifs. "Les gens n'ont pas tellement apprécié le télétravail en lui-même, mais plutôt la liberté d'organiser son temps et la possibilité de s'isoler", commente Thomas Charvet, directeur général de la filiale Promotion Immobilier d'Entreprise.

Avoir le choix ?

Désormais déconfinés dans un contexte sanitaire incertain, les salariés veulent en réalité avoir le choix. Avec le rachat de Morning, un opérateur spécialisé dans la location d'espaces de travail, - avant la Covid-19 -, Nexity semble avoir anticipé le mouvement.

"Nous pensons que tout le monde doit trouver sa place dans une ville mixte et durable", déclare Véronique Bédague, directrice délégué du groupe. "Je vends moins des mètres carrés qu'un instrument de transformation de l'entreprise, un immobilier en capacité d'accélérer la mutation de cette dernière", ajoute-t-elle.

En revanche, le président d'Altarea Entreprise Adrien Blanc, qui a demandé à ses équipes de compiler toutes les informations sur les tiers-lieux, reste "dubitatif" sur ce concept, "de même que pour le télétravail". "Ce dernier doit être organisé et les tiers lieux peuvent être une solution pour permettre aux équipes de se retrouver", précise-t-il.

Si les salariés se rendent à leur travail, c'est pour interagir avec leurs collègues. De ces échanges, naissent des idées auxquelles personne ne pense en tête à tête avec son écran. "Les téléconférences n'apportent pas la même émulation que dans une salle où vous pouvez ressentir vos collègues", déclare encore Thomas Charvet de BNP Paribas Real Estate.

L'open space est mort, vive l'open space

Est-ce pour autant la fin de l'open space, le bureau ouvert où de nombreux salariés cohabitent dans un espace plus ou moins grand, et du flex office, le bureau flexible parfois même rebaptisé "sans bureau fixe" ?

"Beaucoup de choses qui sont dites aujourd'hui seront obsolètes dans six mois ou dans cinq ans. L'immeuble doit être flexible et pouvoir tout accueillir, même si le 100% cloisonné n'existe plus", répond Adrien Blanc d'Altarea Entreprise.

"Le bureau fermé, c'est fini", appuie Véronique Bédague. Elle croit en la permanence de l'open space et du flex office, à condition d'être mieux organisés "pour que les collaborateurs ne soient pas stressés inutilement". Nexity va ainsi déployer une application pour que chacun puisse réserver son poste de travail la veille et n'ait pas à tourner dans tout le bâtiment avant de pouvoir trouver une place.

Le directeur Général de Vinci Immobilier Entreprise, Patrick Supiot, partage le constat de ses homologues sur les bureaux individuels, jugeant que "les contraintes de coûts liés à la crise économique risquent de sonner [leur] glas". Le flex office n'est pas mort, dit-il encore, estimant qu'il permet de réaliser de la distanciation de ces espaces ouverts en temps de crise, à condition d'être bien gérée. Pour lui, tout est une question d'aménagement: temps d'attente maîtrisés des ascenseurs, escaliers à l'air libre ou robinetteries et portes connectés afin de limiter les contacts.

Une demande croissante d'accompagnement

S'il y a unanimité sur l'avenir des places de travail, elle se trouve du côté de l'amélioration de la qualité de l'air. Tous entendent privilégier les ouvertures, comme les fenêtres, les espaces extérieurs, et les technologies. BNP Paribas Real Estate évoque des boucles d'air associées à des centrales à haute performance et à un pilotage intelligente de l'installation pour répondre à tous les scénarios d'occupation des espaces.

Parallèlement, les professionnels des bureaux constatent une demande croissante d'accompagnement de la part de leurs clients avant que ceux-ci prennent possession des murs. Altarea Entreprise a créé un "studio", une entité dédiée à la conception d'immeubles tertiaires qui "aide [leurs] clients à anticiper les usages et à répondre aux nouveaux modes de travail". BNP Paribas Real Estate a de son côté fait du cinquième étage de son siège, "un espace de flex office disposant de coins collaboratifs, d'espaces de co-construction propices à l'innovation et dont les caractéristiques sont continuellement ajustées avec nos équipes", une vitrine de son savoir-faire réplicable. Chez Nexity, la même habitude a été prise de "tester d'abord en interne" ce qui est proposé aux clients, "ne serait-ce que pour anticiper leurs questions". Par exemple, "comment adapter les principes de ventilation ou réduire les temps d'attente devant les ascenseurs en période de pandémie", témoigne Patrick Supiot de Vinci Immobilier.

Si des bureaux neufs continueront en effet de sortir de terre, les professionnels misent davantage sur la transformation des immeubles existants. "Nous allons encore accroître l'analyse des bâtiments existants, avant de faire le choix de les démolir", promet Patrick Supiot de Vinci Immobilier. Selon lui, les investisseurs acceptent plus facilement aujourd'hui des actifs moins standards mais très bien restructurés. L'avenir confirmera ou non ce ressenti.

César Armand

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