Pour réussir la réindustrialisation de la France, la vitesse d’exécution est clé

OPINION. Emmanuel Macron souhaite la mise en place de « procédures hypersimplifiées » pour « diviser par deux les délais » d'une nouvelle implantation industrielle en France. « La clé, c'est la simplicité et la rapidité », « surtout face à la Chine et aux Etats-Unis », estime-t-il. Le fondateur et président de Flying Wales estime que la simplification des procédures administratives doit être pensée pour les fonctionnaires, avec eux, pour leur offrir flexibilité et vitesse d'exécution. Par Sébastien Bougon, fondateur et président de Flying Wales.
« D'après le rapport Guillot, la simple validation administrative d'un site prend 17 mois en France, six mois en Suède et trois mois en Allemagne (sic) » (Stéphane Bougon, PDG de Flying Wales).
« D'après le rapport Guillot, la simple validation administrative d'un site prend 17 mois en France, six mois en Suède et trois mois en Allemagne (sic) » (Stéphane Bougon, PDG de Flying Wales). (Crédits : Flying Whales)

Les industriels français ont été entendus. Jamais un gouvernement n'avait autant fait pour eux que les deux équipes successives du président Macron. Sur le plan opérationnel le Secrétariat général pour l'investissement comme les équipes du directeur général de Bpifrance Nicolas Dufourcq sont d'une efficacité exemplaire. La relance industrielle est clairement amorcée, avec un soutien encore renforcé par le projet de loi Industrie Verte.

Dans les administrations, sur les territoires, au sein des instances de financements publiques, tous les acteurs sont mobilisés pour faire renaître nos industries en France. Toutefois, alors que toutes les briques et les acteurs sont en place pour encore accélérer, il ne faut pas négliger un dernier catalyseur : la vitesse d'exécution.

État et régions engagés pour faire revivre l'industrie

Plus que tout autre pays en Europe, la France a laissé s'étioler son industrie. Entre 2000 et 2017, ce serait ainsi un million d'emplois qui auraient été détruits. La pandémie et aujourd'hui, la crise géopolitique, nous rappellent, dans la douleur, l'importance de disposer d'un outil industriel puissant et souverain, afin de garantir notre autonomie et notre cohésion sociale.

La volonté de nos politiques, qu'il s'agisse du président de la République, comme de ses ministres, des présidents de région avec leur directeurs généraux des services (dont on parle moins, à tort !), est forte et se traduit dans les faits par de nombreuses décisions ou mesures pour accélérer la réindustrialisation de notre pays. L'État joue enfin son rôle pour accompagner nos territoires dans ce renouveau, soutenant les industriels à tous les niveaux pour leur permettre d'innover..

Un financement inédit en faveur de la réindustrialisation

De nombreuses réformes, programmes et législations rendent aujourd'hui cette réindustrialisation à la fois crédible et possible. Plusieurs milliards d'euros ont ainsi été déployés depuis six ans pour encourager les initiatives industrielles porteuses sur de nombreuses verticales : batteries, électronique, industrie pharmaceutique, intelligence artificielle, quantique, industrie aéronautique...

800 projets de localisation ou de relocalisation ont pu être financés, tandis que le programme Territoires d'industrie fédère une alliance de 149 territoires et 550 intercommunalités. Bpifrance, l'opérateur du plan France 2030, propose aujourd'hui plusieurs dispositifs puissants destinés à accompagner les entreprises industrielles innovantes. Sur les 30 milliards d'euros provisionnés sur cinq ans dans le cadre de ce grand projet d'investissement, 2,3 sont dédiés à accompagner la transformation de l'industrie et à favoriser l'émergence des champions industriels de demain.

La vitesse d'exécution : un élément clé de compétitivité

À tout cela, s'ajoutent l'excellence de l'enseignement supérieur français qui permet de former les futurs talents dont notre industrie a besoin, et des équipes en régions particulièrement actives, certainement motivées par une concurrence générant une saine émulation. Pour avoir travaillé avec quatre présidents de Région, dont un en particulier, j'ai été sidéré d'observer leur entrepreneuriat chevillé au corps et la gourmandise avec laquelle ils se penchent sur la chose industrielle.

Tout va donc pour le mieux dans le meilleur de notre monde. À une exception près : les délais de réalisation. Au-delà des montants investis, la force des Américains mais aussi des Chinois est leur rapidité d'exécution. Lorsqu'il nous faut souvent sept ans pour pouvoir déployer un champ éolien, il faut à peine six mois aux Américains pour les autoriser. Et il en va de même pour une implantation d'usine : trois à quatre ans pour la faire sortir de terre en France (sans difficulté majeure rencontrée) contre un an aux États-Unis. D'après le rapport Guillot, la simple validation administrative d'un site prend 17 mois en France, six mois en Suède et trois mois en Allemagne (sic).

Un choc de simplification des procédures

Là encore, le gouvernement répond présent en annonçant un choc de simplification des procédures administratives dans le cadre de son plan Industrie Verte. Comment ? En simplifiant les procédures complexes : environnementales, urbanisme, archéologiques...  Il envisage également des procédures exceptionnelles qui pourraient être adoptées pour les projets majeurs jugés d'intérêt national.

C'est une excellente nouvelle mais le levier majeur que cette loi doit traiter est de desserrer le carcan législatif qui s'imposent à nos fonctionnaires, ceux du terrain qui, au quotidien, font avancer ces projets. Notre avenir industriel est aussi entre leurs mains. Ils tombent véritablement amoureux de nos projets. Ils y travaillent intensément. Il leur manque simplement les moyens d'aller plus vite. La simplification des procédures administratives doit être pensée pour eux, avec eux, pour leur offrir flexibilité et vitesse d'exécution !

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Commentaires 3
à écrit le 08/06/2023 à 19:13
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"Procédures administratives" c'est ignorer le pouvoir d'obstruction de toute cette galaxie d'associations aux motivations diverses qui poussent à renoncer les plus déterminés .

à écrit le 08/06/2023 à 14:55
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Comment aller vite quand la loi permet de prioriser la vie des batraciens, le vol des moineaux, le partage de l'eau, les respect des l'apparence des paysages, les intérêts particuliers, les opinions politiques, les prérogatives des élus. etc.des ju...

à écrit le 08/06/2023 à 9:27
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Réindustrialisation pourquoi faire ? Faire comme les autres ou être résilient ? Il faut partir du principe que tout ce qui a besoin de publicité pour se développer n'est d'aucune utilité réelle !:-)

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