Oui, l'Union européenne aura raison des illibéraux  !

OPINION. C'est fini. Le sommet européen vient de s'achever. Le sentiment de devoir accompli règne : l'Union européenne vient d'ouvrir les négociations à l'Ukraine. En dépit des tentatives de chantage de Viktor Orbán : le cheval de Troie de Vladimir Poutine a échoué à faire plier ses vingt-six homologues. Rembobinage. Par Valérie Hayer*, députée européenne
(Crédits : DR)

Depuis plusieurs jours, le Premier ministre hongrois avait engagé un bras de fer avec l'Union européenne. Motif officieux ? Recevoir l'entièreté des 30 milliards d'euros aujourd'hui gelés par la Commission à l'égard de la Hongrie, en raison de graves atteintes à l'état de droit à Budapest. Pour toucher cet argent public, Viktor Orbán aurait pu revenir sur les glaçantes mesures qu'il a lui-même mises en place. Arrêter d'entretenir la corruption généralisée qu'il a instillée dans toutes les strates de l'État. Mettre fin à la chasse aux sorcières contre les journalistes, les personnes LGBT, les opposants au pouvoir en place, les médias indépendants. Cependant, il a préféré tenter le tout pour le tout et recourir au chantage.

La décision prise au cours du sommet sur l'Ukraine reflète l'échec cuisant de Viktor Orbán. Certes, par un hasard malheureux du calendrier, la Commission avait accepté la veille de lui donner accès à 10 milliards d'euros suite à des réformes de la justice qu'elle juge « suffisantes ». Cette décision sera inadmissible aussi longtemps que les preuves de l'efficacité de ces réformes n'auront pas été rendues publiques. Une telle décision de la Commission ne peut passer comme une lettre à la poste.

Et pourtant, ce sommet résonne comme une vraie défaite pour le dirigeant hongrois. Car l'Ukraine entame officiellement son chemin vers l'adhésion à l'Union. Celle-ci n'est pas encore acquise : trente-cinq domaines du droit européen vont devoir être couverts par Kiev avant de pouvoir devenir un État membre à part entière. Mais alors que l'invasion du pays avait été lancée par Vladimir Poutine pour freiner son destin européen, le lancement de la procédure d'adhésion révèle l'ampleur de la détermination des Ukrainiens à sortir de l'influence post-soviétique. Il révèle aussi notre ambition européenne de prendre soin de nos valeurs démocratiques. Proche parmi les proches de Poutine, Viktor Orbán n'a finalement eu d'autre choix que de retirer son veto. Le maître chanteur a perdu sa voix.

Il n'en est pas à son coup d'essai

Par le passé, le Premier ministre hongrois avait également tenté de bloquer les sanctions européennes contre la Russie. Comme son alliée Marine Le Pen, les liens de Viktor Orbán avec le Kremlin sont connus... Là encore, l'Union avait fait bloc : malgré ces tentatives de chantage, les sanctions avaient abouti. Aujourd'hui, elles sont toujours en place et elles fonctionnent !

En 2020, alors que nous voulions conditionner les fonds européens au respect de l'état de droit, Viktor Orbán avait menacé de bloquer les négociations. Au nom de nos valeurs démocratiques, trop abîmées par Viktor Orbán, nous avons tenu bon. Aujourd'hui, plus de 20 milliards d'euros sont toujours gelés. L'état de droit n'est pas une variable d'ajustement !

Pourtant, notre vieille Europe est à un tournant : les partis extrémistes arrivent à atteindre nos institutions. Avec l'arrivée au pouvoir de Robert Fico en Slovaquie, le camp illibéral s'élargit sur notre continent. Ses premières mesures ? S'en prendre au procureur anti-corruption, restreindre la liberté de la presse et affirmer son soutien infaillible au Kremlin. Les élections récentes aux Pays-Bas ont porté en tête Geert Wilders, la figure d'extrême-droite la plus connue du pays.

Je veux pourtant croire qu'il n'y a pas de fatalité. Après des années de dérives réactionnaires, les Polonais viennent de porter le camp démocrate au pouvoir pour rétablir l'état de droit à Varsovie. À l'été 2022, c'était Janez Janša qui avait déjà été chassé du pouvoir par les Slovènes dans les urnes. La fermeté de l'Europe a été critique dans ces changements.

Que conclure de cette situation ?

Que l'Union européenne agit avec fermeté lorsque la justice, les médias, les minorités, l'opposition sont attaqués sur notre sol. Réduire à peau de chagrin les principes fondamentaux de la démocratie en violant nos lois et nos principes, c'est s'isoler au sein de l'Union européenne. Car tous les États qui ont rejoint l'Union l'ont fait en adhérant à nos valeurs fondamentales : ils n'en sont pas dispensés une fois membres de notre projet politique commun. Nous y veillons au Parlement !

Rien n'est immuable. Rien n'est acquis. Plus que jamais, l'Union européenne représente une force protectrice. Notre boussole, servir les peuples et leurs libertés, nous la conservons avec détermination. L'Europe agit pour le climat, pour la vivacité de notre tissu d'emplois ou pour vos droits sociaux. Mais l'Union est aussi la garante de nos libertés fondamentales. Soyons-en fiers !

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(*) Valérie Hayer est députée européenne et coprésidente de la délégation de la majorité présidentielle au Parlement européen.

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Commentaires 3
à écrit le 20/12/2023 à 14:25
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J'aimerai savoir où l'on a vue de l'enthousiasme dans la création de cette coalition bruxelloise, à part les "multinationales" voulant vendre leur camelote sans interdit ? ;-)

à écrit le 20/12/2023 à 10:41
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Avec en musique de fond "La marche de l’empereur" cela irait nickel ! Même en remplaçant illibéraux (terme pour amoindrir la dérive fasciste de l'oligarchie européenne) par n'importe quoi, écolos, gauchos, socialos, cocos...

à écrit le 20/12/2023 à 9:02
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Au lieu de nous dire qui sont les "méchants" sachant que pour moi ce sont les mêmes que ceux à qui vous les opposez hein, déjà, différence majeure sémantique, vous devriez nous expliquer en quoi les États au service des mégas riches incarnerait un qu...

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