Pas de développement économique sans logistique  !

OPINION. Il n'y a pas de dynamisme économique sans logistique efficace. Or les tensions auxquelles font face logisticiens et entreprises sont une réalité qui ne peut plus être ignorée. Par Fabrice Allouche, PDG de CBRE France
(Crédits : Isabelle Picarel)

Le prix moyen des loyers des entrepôts en France a augmenté de près de 8% en un an, comme l'indique une étude menée par AFILOG, l'association regroupant les acteurs du secteur, dont CBRE.

La demande croissante d'espaces de stockage, due notamment à l'augmentation du nombre de colis à livrer et à la réindustrialisation du pays, se heurte à la nécessité écologique de limiter l'artificialisation des sols. Cela a pour conséquence immédiate une hausse des valeurs foncières, qui augmente mécaniquement les loyers et vient alourdir les charges d'exploitation des entreprises, en entravant directement les marges de manœuvre des PME et ETI.

Relativement méconnue, cette problématique est pourtant essentielle

Sans nouveaux entrepôts, pas de souveraineté économique, pas de développement de nouvelles industries ou services, pas de décarbonation possible de la filière, donc moins de croissance, moins d'emplois. Les entrepôts, les plateformes logistiques sont la colonne vertébrale de notre économie. Ils irriguent et innervent tout l'Hexagone, entreprises, industries, particuliers.

Pourtant des solutions existent pour réconcilier développement économique et respect des objectifs environnementaux.

Cinq pistes me semblent fondamentales : privilégier les espaces existants, explorer la verticalité, encourager la multimodalité, inventer de nouvelles solutions pour la logistique du dernier kilomètre et s'assurer que les entreprises du secteur développent des comportements durables et responsables.

  • Mieux utiliser le foncier disponible est une nécessité. Donner une seconde vie aux friches industrielles ou rénover les entrepôts de seconde main doit être priorisé. Le recyclage ou la transformation d'espaces vacants permet en effet de limiter la consommation de terrains destinées aux surfaces logistiques.
  • Construire des entrepôts en hauteur a également déjà fait ses preuves. Il est possible dans bien des cas d'ajouter des étages mais également de mieux exploiter les sous-sols lorsque cela est possible. Il faut inciter les municipalités concernées à rendre leurs PLU plus souples dans les zones les plus denses et soumises à une forte tension de prix.
  • Favoriser les sites multimodaux semble également un axe de travail pertinent. Cela consiste à rassembler en un seul lieu plusieurs modes de transport, rail, route, bateau, afin d'optimiser les flux et de limiter les rejets de CO2.
  • Il reste beaucoup de choses à imaginer en logistique urbaine pour la rendre plus efficace et moins polluante : consolider les livraisons dans des hubs ou à certaines heures, multiplier les transports courtes distances à vélo, aménager des parkings en espaces de stockage. Nous devons être déterminés à soutenir tout projet innovant.
  • La puissance publique peut enfin favoriser les bonnes pratiques environnementales des entreprises de la logistique par des incitations fiscales ou règlementaires à l'utilisation de moyens de transports moins polluants, à la construction ou à la rénovation d'entrepôts mieux insérés dans nos paysages, plus esthétiques, semi-enterrés, avec des toits végétalisés, et à l'adoption de pratiques plus durables, comme les bâtiments à énergie positive ou à récupération d'eau.

Pour une meilleure acceptation par les populations, la filière logistique doit poursuivre le travail de mue qu'elle a entamé et dans lequel elle a déjà beaucoup investi. L'État doit encourager fiscalement les bonnes pratiques. Mais il n'y aura pas de réindustrialisation du pays, ni de développement économique des PME sans une logistique, accessible en prix, et moderne dans son fonctionnement.

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Commentaire 1
à écrit le 31/03/2023 à 18:29
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La logistique a besoin de lieux de stockage certes mais plus encore de chauffeurs pour acheminer les marchandises ... et pour l'heure c'est le chainon manquant .Les constructeurs automobiles manquent de chauffeurs de camions porte voitures pour ache...

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