Seconde main : le e-commerce va-t-il sauver la planète ?

OPINION. La consommation n'est plus tendance. Elle n'en reste pas moins vitale. Par Christophe Bosquet, président d'Effinity
(Crédits : DR)

Consummare humanum est ! Et oui... La consommation est humaine. Qu'il soit cueilleur, chasseur, cultivateur, etc., l'Homme consomme. C'est une question de survie ! Et on pourrait ajouter, digitalus non est diabolicum. Non, le digital n'est pas diabolique ! Souvent pointés du doigt comme le coupable idéal de la surconsommation, le e-commerce et son écosystème digital ne méritent pas tant d'opprobre...

Alors, disons-le d'emblée, la médaille à une face n'ayant toujours pas été inventée, dans le digital, comme ailleurs, le meilleur peut toujours côtoyer le pire. D'un côté, le e-commerce éthique, de l'autre des produits superflus venus de l'autre bout du monde. Certes ! Et alors, que fait-on ? Comme il semble difficile de revenir en arrière, voyons plutôt comment le digital facilite, favorise et amplifie les meilleures pratiques.

Le digital pour accompagner les nouveaux comportements des consommateurs

La double tension économique et écologique influe indubitablement sur le comportement des consommateurs. Faisons parler les chiffres : entre novembre 2021 et novembre 2022, les recherches Google ont augmenté de 25% autour du mot « reconditionné » et 80% autour de « seconde main ». Une récente étude de la Fevad indique qu'un cyberacheteur sur deux affirme avoir acheté au moins un produit de seconde main en 2021 et 74% des cyberacheteurs déclarent avoir le réflexe d'aller vérifier si le produit n'existe pas en seconde main avant de l'acheter neuf. Objectif : consommer autrement, en limitant son impact sur l'environnement et en réalisant une bonne affaire. L'utile et l'agréable. En facilitant ainsi l'accès aux produits reconditionnés ou de seconde main, le digital apporte sa pierre à l'édification d'une nouvelle façon de chercher, de trouver et d'acheter des produits.

Le digital pour accompagner les annonceurs dans leurs offres reconditionnées et de seconde main

Si les premiers acteurs à avoir investi ce marché étaient 100% dédiés seconde main, désormais de nombreux e-commerçants déploient une offre reconditionnée ou de seconde main. Et cela, dans un grand nombre de secteurs : sport, high-tech, mode, etc. Ce n'est donc pas par hasard que deux plateformes spécialisées, Leboncoin (6,6 millions de visiteurs quotidiens) et Vinted (4,9 millions de visiteurs quotidiens) figurent désormais dans le Top 5 du e-commerce français. Et que la quasi-totalité des acteurs du top 20 du e-commerce déploie une offre de seconde main (Fevad). Et le mouvement ne semble pas prêt de s'arrêter. D'autant qu'il reste encore de nombreuses opportunités à saisir et de nouvelles solutions à inventer dans tous les secteurs, et même des univers encore à conquérir comme la maison, la déco ou le jardin.

Le digital pour accompagner la créativité des acteurs

L'apparition régulière de nouvelles applications, de nouveaux sites, de nouveaux services autour de l'économie circulaire ou de l'achat engagé apporte un réel dynamisme au marché. Des innovations souvent portées par les nouvelles générations, qui créent les solutions qu'elles ne trouvent en tant que consommateurs engagés. On peut citer, par exemple, les acteurs du reward qui permettent aux consommateurs de contribuer à travers leurs achats à une action positive (planter des arbres, faire des dons aux associations, etc.).

Mais de nombreux autres acteurs valorisent ce mouvement à l'instar de WeTri (l'appli qui récompense le recyclage des déchets), Reepeat (comparateur du reconditionné) et Tritoo (un moteur de shopping dédié à la seconde main et au reconditionné) ou favorisent l'association d'actions positives avec son achat comme Lilo (le 1er moteur de recherche français et solidaire), ReFoorest & AllColibri (acteurs du reward qui œuvrent pour le reboisement ou l'engagement pour des causes) et bien d'autres encore.

Si comme nous venons de le voir, le digital facilite les bonnes pratiques de consommation, on le sait, il permet également les moins bonnes. Mais ne lui donnons pas plus de pouvoir qu'il n'en a. Le digital n'invente pas un nouveau monde qui serait meilleur ou pire. Le e-commerce n'est pas si différent du commerce traditionnel. Tous deux ne sont que les reflets des aspirations des consommateurs. Gageons qu'à l'avenir, ces aspirations pour une consommation plus responsable soient suffisamment fortes et partagées pour influer durablement sur le commerce. Et le e-commerce, bien sûr !

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