Solidarité entre entreprises  : avec la garantie de l'État, passer des commandes, c'est accélérer le rebond des entrepreneurs  !

OPINION. Trop peu d'entrepreneurs savent que le paiement des commandes qui leur sont passées peut être immédiat, leur financement étant garanti par l'Etat. Le nouveau type de contrat d'affacturage, disponible depuis début septembre 2020, leur permet de transformer immédiatement en trésorerie une commande reçue ... sans même devoir attendre d'émettre les factures. Accélérer l'émission des bons de commandes devient en même temps un outil de solidarité économique ! (*) Par Isabelle Saladin, Présidente des Rebondisseurs français, fondatrice d'I&D Adviser, et Pierre Pelouzet, Médiateur des Entreprises
(Crédits : Reuters)

Le contexte actuel offre peu de visibilité et beaucoup d'entreprises et acteurs publics adoptent une position attentiste. A juste titre ou non, ils se recroquevillent, réduisent les coûts, captent toutes les aides possibles pour protéger la trésorerie... et épargnent. Parmi les conséquences de cette opération « écureuil » version business, certains donneurs d'ordre vont jusqu'à hésiter à émettre des bons de commandes même s'ils savent qu'ils auront de toute façon besoin, tôt ou tard de ces biens et services de leurs fournisseurs TPE/PME. Par effet boule de neige, les fournisseurs de ces TPE/PME voient eux-aussi le flux de de leurs commandes baisser, et donc ils diminuent à leur tour leurs achats auprès de leurs propres fournisseurs - et ainsi de suite. Au bout du compte, personne ne commande plus à personne.

Ce comportement risque de gripper graduellement la machine économique et les entreprises pourraient bientôt ne plus créer assez de richesses. Non seulement elles risquent d'accumuler un retard d'innovation faute d'investissements, mais surtout, sans création de richesse, il ne pourra plus y avoir de partage de la valeur. A moyen terme, c'est notre pays qui pourrait tourner au ralenti. Sans cette création de richesse, à plus ou moins moyen terme, ce sont les équilibres fondateurs de notre modèle qui seraient remis en question.

Opérationnel depuis le 1er septembre

Parmi les solutions qui existent pour lutter contre l'attentisme et relancer la dynamique économique, il y a le nouveau contrat mis en place par les sociétés d'affacturage avec l'aval du gouvernement (1), et qui, comme le PGE, bénéficie de la garantie de l'Etat (dans la limite d'un montant de 20 milliards d'euros). A la demande du Ministère, les factors ont également accepté de renoncer à la commission d'affacturage, soit un gain estimé par les experts entre 30 à 50% sur le coût du service pour les entreprises.

Ce dispositif temporaire est opérationnel depuis le 1er septembre, mais il est toutefois passé sous les radars de beaucoup d'entreprises... Pourtant, il a deux vertus !

Côté indépendants et TPE/PME, il leur permet de récupérer l'argent des commandes dès le début et donc de pouvoir financer la réalisation et la livraison des commandes reçues. Il suffit à l'entrepreneur d'aller voir son factor et de présenter son bon de commande (et non plus de la facture émise) pour obtenir le versement des fonds. Grâce à ce préfinancement, ils gagnent en moyenne 45 jours de trésorerie par rapport à l'affacturage classique et pourront à leur tour accélérer les commandes auprès de leurs propres fournisseurs.

Côté donneurs d'ordre qu'il s'agisse de PME, de grands comptes ou d'organisations publiques, les conditions du contrat et la garantie par l'Etat les encouragent à faire preuve de solidarité économique en passant des commandes qui vont faire vivre leur réseau de fournisseurs. En envoyant au plus tôt leurs bons de commande à leurs fournisseurs via ce mécanisme, ils leur offrent du cash immédiat...et peuvent être certains que ces derniers réaliseront leurs prestations en toute sérénité.

Ce dispositif s'adresse à toutes les entreprises, de tous les secteurs d'activité ; et tout particulièrement celles qui qui n'ont pas pu recourir au PGE (2).

Solidarité + business = rebond !

Le rebond tient à peu de chose parfois. Miser sur l'intelligence collective et penser à explorer tous les dispositifs existants peut être un formidable levier pour relancer le business. Grâce à ce dispositif supplémentaire, les commandes doivent donc repartir et alimenter à nouveau la machine économique.

La commande est le nerf de la guerre car elle nourrit la trésorerie. Alors, évitons l'effet cascade négatif et relançons les commandes pour faire redémarrer nos entreprises, assurer la relance de notre économie et pérenniser le modèle français.

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(1) Les conditions de ce mécanisme sont définies par le point VI quater de l'article 6 de la loi n° 2020-289 du 23 mars 2020 (créé par la loi n° 2020-935 du 30 juillet 2020 de finances rectificative pour 2020) et par un arrêté du 4 septembre 2020.

(2) Sauf en cas de procédure de liquidation ou de redressement judiciaire au 31 décembre 2019.

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