Réindustrialiser à travers les industries traditionnelles

Malgré leur raréfaction, les fonderies entretiennent un savoir-faire qui trouve toujours sa place face aux besoins actuels. Jean-Philippe Herzog, directeur général du groupe Vhm, nous parle de leurs enjeux d'évolution.

Quelles sont les différentes activités du groupe Vhm ?

En 1923, notre fondateur Victor Heinrich a créé la fonderie à Molsheim en Alsace, pour fabriquer des pièces en fonte pour les canalisations d'eau potable, car les pièces françaises ne s'adaptaient pas aux réseaux alsaciens, construits par les Allemands. Après la seconde guerre mondiale, son fils a développé une seconde activité : la fabrication de pièces en fonte techniques pour des industriels dans le domaine hydraulique.

Dans les années 70, son gendre a développé la fonte d'art : nous fabriquons des pièces pour l'aménagement urbain comme des candélabres ou des bancs. Nous avons notamment réalisé les candélabres de la place Vendôme, du carrousel du Louvre, et les mats du pont d'Iéna à Paris.

Vous fêtez 100 ans d'existence et continuez de perpétuer votre savoir-faire industriel ?

C'est un bel anniversaire ! Plus que jamais, nous avons besoin de former des jeunes, car les compétences ont disparu durant ces dernières décennies, avec la fermeture de dizaines de fonderies. En 2022, nous avons obtenu le label EPV « Entreprise du Patrimoine Vivant », qui récompense des entreprises qui détiennent un savoir-faire qui devient rare, et qui font l'effort de le perpétuer. Chaque année, nous avons une quinzaine d'apprentis, du bac pro jusqu'à l'ingénieur. Nous faisons aussi partie du CLEE (club local école entreprise), initiative regroupant le tissu économique local et des établissements scolaires. Dans ce cadre, nous ouvrons, par exemple, notre site de Molsheim à des élèves de 4ème et 3ème et à leurs parents durant la semaine de l'industrie.

La fonderie connaît une forte croissance suite au Covid ?

Avec la Covid, l'économie s'est figée pendant un certain temps, et les pièces de fonderie qui venaient souvent d'Asie n'ont plus pu être approvisionnées. Un certain nombre d'entreprises se sont donc tournées vers les fabricants européens. Nous avons eu une recrudescence d'activité, qui n'a pas cessé depuis et qui nécessite plus de main-d'œuvre. Recréer les compétences des industries traditionnelles est nécessaire pour réussir la réindustrialisation de la France.

Comment répondez-vous aux enjeux environnementaux et digitaux ?

En 2022, nous avons obtenu la certification ISO 50 001 pour notre engagement dans le management de l'énergie. Nous avons formé l'ensemble de notre bureau d'études à l'écoconception : concevoir des produits en tenant compte de leur cycle de vie complet. Nous nous sommes aussi tournés vers l'utilisation de matériaux biosourcés, comme le lin, une matière végétale cultivée en France nécessitant très peu d'eau. Il peut être utilisé pour fabriquer des pièces solides et légères pour des luminaires.

Concernant la digitalisation, les collectivités nous demandent de plus en plus des systèmes connectés pour piloter et moduler l'éclairage en fonction des besoins, mais aussi pour répondre à d'autres cas d'usage dans le domaine de la sécurité, de la mobilité ou de la propreté. Par exemple comme de faire remonter le niveau de remplissage d'une corbeille de propreté afin de simplifier le parcours des services de nettoyage. Nous avons donc créé Cit'econnect, qui regroupe l'ensemble des solutions digitales de pilotage des aménagements urbains.

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Commentaire 1
à écrit le 23/06/2023 à 16:04
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Enfin, une bonne nouvelle : la réindustrialisation de la France par des entreprises françaises "à travers des entreprises traditionnelles" qui ont fait leurs preuves par leur réalisme et leur réelles utilités. Ce sont elles que l'Etat français devra...

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