Dans votre voiture, l'autocollant collé à l'intérieur de la portière qui indique la pression des pneus a très certainement été produit ici à Chenôve, tout près de Dijon. Adhex Technologies (350 employés pour un chiffre d'affaires de 95 millions d'euros en 2019) se place parmi les trois premiers plus importants dans le secteur de l'impression d'étiquette en France.
« L'avantage d'être dans une niche est que nous vendons en direct aux grandes multinationales. Sans être un produit de la Nasa, nos adhésifs demandent une grande technologie », souligne le président du site Roland de la Brosse.
« Nous fabriquons toutes les étiquettes qui sont apposées dans l'habitacle ou le moteur des Renault et des Peugeot. Nous réalisons aussi des joints d'étanchéité, des pièces de décoration ou des éléments qui se glissent dans la carrosserie et servent d'isolation phonique dans la voiture », détaille Roland de la Brosse.
Le marché automobile représente 60% du chiffre d'affaires d'Adhex Technologies (hors partie pharma).
« Depuis 2010, nous connaissons une forte croissance sur ce segment automobile car de plus en plus de fonctions utilisent de l'adhésif, plus facile à installer, moins cher, et plus sécurisé », confie Roland de la Brosse.
L'ETI s'adresse également à deux autres marchés : la santé avec des produits pour les dispositifs médicaux ; l'industrie avec une grande part pour le bâtiment. Cette diversification lui a permis de jongler entre les secteurs pendant la crise sanitaire.
« Nous avons fortement ralenti notre activité sur la partie automobile et industrielle car les commandes étaient à l'arrêt, mais nous n'avons jamais totalement arrêté l'activité », précise son président.
Adhex Technologie est implantée en Espagne, en Slovaquie et au Brésil afin d'être plus proche des usines de production des constructeurs. Face à la crise sanitaire, il qualifie les services de l'état comme « très réactifs et généreux » dans leur dispositif de chômage partiel notamment, comparativement à ce qui se passe dans les autres pays où sont implantées les filiales.
« Nous restons encore prudents et conservons 5% de nos effectifs dans ce dispositif », souligne-t-il. « Quant aux banques, elles ont vraiment joué leur rôle. Le report des échéances de prêts nous a permis de garder de la trésorerie », poursuit-il.
Garder confiance
Toutes ces mesures ont permis au dirigeant de garder confiance dans son activité et de continuer à investir. En 2018, un grand plan d'investissement de 15 millions d'euros sur trois ans avait été engagé dans les trois filiales avec un nouveau laboratoire et un bâtiment de stockage en France ; un nouveau bâtiment en Espagne, une extension en Slovaquie et un déménagement industriel au Brésil. Une partie de ces investissements sont également dépensés dans de nouvelles machines, telle qu'une machine à enduction pour fabriquer des adhésifs sans solvant (4 millions d'euros), commandée à une entreprise française située dans La Loire.
« Nous travaillons dans l'industrie du pétrole. Nous devons nous interroger pour travailler et être économe sur les sujets de l'environnement et de l'énergie », note Roland de la Brosse.
Depuis dix ans, Adhex Technologies est passé de 30% à 65% de colles sans solvant. L'autre machine est une ligne de production robotisée également fabriquée en Saône-et-Loire. En mars dernier, lorsque le volume de commande a fortement dans l'automobile, le dirigeant s'est posé la question de mettre ou non son plan d'investissement en « stand by » car il y avait une forte incertitude sur l'année en cours.
L'entreprise est restée prudente, elle n'a pas embauché en 2020, contre 80 personnes en 2019. Cette année, elle affiche une perte d'environ 15% de son chiffre d'affaires.
« Notre cycle de vente est long, mais une fois que nos produits sont qualifiés par un client, ils sont vendus pour longtemps. Par exemple, si nous vendons une étiquette pour la Clio, elle sera vendue le temps que la Clio sera sur le marché. Nous ne sommes pas dans un métier où nous devons réagir dans les deux à six mois. C'est pourquoi, j'ai décidé de voir à long terme et de continuer à investir », explique Roland de la Brosse.
« On repart en campagne ! »
La difficulté du plan de relance du gouvernement est qu'il faut investir sur de nouveaux projets de modernisation. Or, Adhex Technologies avaient déjà son plan d'investissement sur trois ans.
« Plutôt que d'attendre que l'orage passe, on repart en campagne ! », s'exclame le dirigeant.
Les subventions de l'État (965 000 euros sur les deux millions d'euros investis par Adhex Technologies) serviront à financer une partie de la R & D et à accélérer des investissements qui étaient prévus bien plus tard. À savoir, des modules supplémentaires sur la nouvelle machine à enduction qui permettront de fabriquer des nouveaux produits plus performants, ainsi que l'achat d'outils de transformation pour le laboratoire.
« Grâce à ces nouveaux investissements, nous allons accélérer notre objectif de mieux pénétrer le marché des constructeurs allemands qui sont leaders en Europe », confie Roland de la Brosse.
Pour l'instant, Adhex Technologies représente environ six euros par voiture chez PSA et Renault, contre seulement un à deux euros par voiture chez les constructeurs allemands. À l'heure où l'industrie automobile est en pleine révolution, Roland de la Brosse croit également beaucoup en l'hydrogène. Ses équipes de R & D travaillent intensément sur ce sujet, en attendant que la technologie des piles à combustibles soit mature.
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