Comment monétiser une audience habituée à n'utiliser que des applications gratuites ? L'entreprise strasbourgeoise Kwit, qui revendique 1,6 million de téléchargements de son application de sevrage tabagique mais seulement 5.000 utilisateurs payants, se rend au CES à Las Vegas en quête de bonnes idées. « Aux États-Unis, des entreprises peuvent offrir à leurs salariés une enveloppe financière à dépenser en soins de prévention. Nous voulons approcher ces clients potentiels et discuter avec des compagnies d'assurance qui seraient en mesure de prendre en charge un abonnement sur notre plateforme », espère Geoffrey Kretz, le fondateur de Kwit.
Diffuser sa méthode de sevrage
Cette application, disponible sur les boutiques de téléchargement, exploite une forme ludique des thérapies comportementales et cognitives. Plus l'utilisateur résistera à son envie de fumer, plus il gagnera de points. Mais le jeu pour l'instant s'arrête là, sur son smartphone. « Nous cherchons des partenaires pour monétiser ces points. En guise de récompense, l'utilisateur pourrait s'offrir des séances de yoga, de sport, de contrôle du poids », propose Geoffrey Kretz.
La participation au CES n'a pas seulement une vocation commerciale. Un an et demi après une première levée de fonds de 200.000 euros auprès des investisseurs régionaux Alsace Business Angels (Strasbourg) et Yeast (Nancy), Kwit entend lever 1 million d'euros en 2020. Objectifs : renforcer l'équipe technique et améliorer le produit.
« Un actionnaire américain serait parfait à condition qu'il nous apporte d'autres connaissances, des complémentarités, explique Geoffrey Kretz. Nous avons déjà été approchés par tous les industriels du tabac. Ils voudraient nous utiliser comme faire-valoir dans leurs campagnes de communication sur les risques liés au tabagisme. Mais nous refusons de jouer ce rôle-là. » Le marché nord-américain représente déjà 6 % de ses utilisateurs. Depuis dix-huit mois, la startup alsacienne a bénéficié de deux dispositifs successifs d'incubation et d'accélération dans le Grand-Est : Semia et Scal'Enov.
Grâce à son interface disponible en quinze langues, Kwit s'est tournée dès le départ en direction des utilisateurs internationaux. Avec les fonds levés en 2020, la jeune entreprise (dix salariés) entend recruter de nouveaux développeurs et dupliquer sa méthode de sevrage vers d'autres addictions telles que l'alcool, le cannabis, le sucre ainsi que la cigarette électronique. « L'interface du smartphone va bientôt apparaître trop limitée », ajoute Geoffrey Kretz, qui prévoit déjà d'adapter sa plateforme à une utilisation sur les enceintes connectées. D'ici à deux ans, Kwit serait en mesure de délivrer des thérapies virtuelles en s'appuyant sur l'intelligence artificielle de Google ou d'Amazon.
En attendant, Kwit promet de poursuivre la validation scientifique de ses méthodes thérapeutiques et de terminer une étude médicale en cours à Pittsburgh Pennsylvanie). « En 2020, nous allons enfin construire un véritable board scientifique », promet son fondateur.
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Les autres pépites de la région Grand-Est
La délégation du Grand-Est au CES compte huit entreprises au sein de l'espace French Tech, soit cinq de moins qu'en 2019. Parmi les exposants, TransChain (Strasbourg) propose sa solution de blockchain dédiée à la certification des échanges dans le secteur de la logistique. Beegift (Commercy) veut faire la promotion de son service de chèques-cadeaux réservés au commerce de proximité, un système qui permet aussi d'agréger des données sur les habitudes des consommateurs. Le spécialiste de l'audio nomade Divacore (Metz), qui effectue le voyage dans une délégation conduite par Business France, expose ses nouveaux écouteurs sans fil. Myfood (Molsheim) présente ses serres connectées qui permettent, pour un usage familial, de produire jusqu'à 400 kg de fruits et légumes par an.
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