Relance : vers un contrat entre l'État et Paris de 1,4 milliard d'euros ?

Afin d'aligner les plans de relance européen, national, régional et local, la maire de Paris, Anne Hidalgo, veut porter à Bruxelles la voix des métropoles, et pas seulement celle de la capitale, avec le gouvernement français. Le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, s'est, lui, dit prêt à un contrat de relance Etat-ville de Paris sur la base des 1,4 milliard d'euros d'investissements débloqués par la Ville.
César Armand
(Crédits : Benoit Tessier)

« Ça aurait de la gueule, non ? » Après trois heures de conférence le 8 février, où elle avait invité vingt intervenant(e)s à s'exprimer, Anne Hidalgo a émis un rêve : porter à Bruxelles la voix des métropoles, et pas seulement celle de la capitale, avec le gouvernement français.

Obtenir un effet de levier

« Alignons les plans de relance européen, national, régional et local pour amplifier les effets de cette intervention de l'économie publique aux côtés de l'intervention économique privée », a exhorté la maire (PS) de Paris. « Le Green Deal permettra la transition des entreprises vers l'économie décarbonée, de même que l'accélération de la révolution numérique permettra d'obtenir cet effet levier et de penser à l'emploi qui va avec », a ajouté Anne Hidalgo.

Après avoir lancé dès 2020 un plan de soutien à l'économie de 200 millions d'euros, la Ville a en effet voté un investissement de 1,4 milliard d'euros dans le cadre de son budget 2021. Au menu : construction de logements, rénovation thermique, infrastructures, mobilités actives (marche, vélo, trottinette... Ndlr), transports en commun et végétalisation. « Je ne vois pas comment on pourrait ne pas s'entendre. Travaillons en mode projet », a déclaré Anne Hidalgo à l'adresse du ministre des Comptes publics Olivier Dussopt, présent à l'Hôtel de Ville.

« Le seul programme d'Anne Hidalgo, dont la gestion prive Paris de toute marge de manœuvre en cas de crise, c'est de faire la manche ! », réagit la présidente (LR) de la commission des finances. « Au moment où il le faudrait pour relancer l'économie parisienne qui est à terre, Paris est obligée de réduire ses investissements : 1,4 milliard pour 2021 contre 1,6 milliard en 2019 », fustige Marie-Claire Carrère-Gée.

Un contrat de relance État-ville de Paris

A sa décharge, la capitale a perdu près de 800 millions d'euros du fait de la Covid-19. Le gouvernement rappelle d'ailleurs qu'il a déjà apporté plus de 5 milliards d'euros « aux entreprises et aux habitants » : 3,1 milliards pour le chômage partiel, 1,5 milliard de reports de cotisation, 1,4 milliard de fonds de solidarité et 559 millions de réduction de cotisations. Sans compter 18,6 milliards d'euros de PGE et 900 millions de baisse d'impôts de production.

Le ministre Olivier Dussopt se dit en outre prêt à « un contrat de relance Etat-ville de Paris » et à « s'articuler au mieux avec les mesures prises par la Ville », même s'il y a « certainement des projets qui ne correspondent pas aux priorités de l'Etat ». Et de citer les mesures déjà contenues dans le plan France Relance : 2,2 milliards d'euros alloués aux transports en commun dont 670 millions pour la modernisation des RER B et E et l'extension de la ligne 3 du tramway, 238 millions d'euros pour la rénovation énergétique des bâtiments ou encore une première enveloppe de 5 millions d'euros pour les coronapistes.

« Les investissements liés au changement climatique et dans la modernisation numérique sont extrêmement importants » a soutenu le commissaire européen à l'Emploi et aux Droits sociaux. « Cela vaut aussi pour les grands centres urbains », a poursuivi Nicolas Schmit.

Partenariats avec la BdT, la Bpi, la CCI et la CMA

En attendant un accord avec le gouvernement, la maire de Paris vient de signer quatre conventions de partenariat avec les acteurs privés et publics, dont un pacte avec la Banque des territoires Île-de-France (Caisse des Dépôts). Objectif : soutenir les commerces et les hôtels indépendants et structurer une foncière, conformément à sa promesse de candidate.

De même qu'elle s'engage avec Bpifrance à lever un fonds de soutien au tourisme doté de 80 millions d'euros. Idem avec les branches locales de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) et de la Chambre des métiers de l'artisanat (CMA) sur trois axes : développement économique, transition écologique et numérique, emploi des jeunes.

« On ne s'arrête pas aux frontières du périphérique et c'est ensemble qu'on sortira de cette crise », a souligné Dominique Restino, président de la CCI Paris.

« C'est un effet double lame pour les entreprises déjà touchées dans les quartiers traversés par les manifestations de 2018 et 2019 », a commenté Pascal Barillon, président de la CMA Paris (49.000 entreprises).

Un Observatoire de l'activité et de l'emploi

La Ville crée, enfin, un Observatoire de l'activité et de l'emploi parisien afin d'« anticiper les mutations de l'économie et adapter en permanence les politiques publiques ». Il y a en effet urgence. Selon l'Atelier d'urbanisme parisien (APUR), 386.000 emplois ont été détruits entre janvier et septembre 2020.

« Paris souffre plus que le reste de l'Île-de-France », a pointé Jérôme Quentin-Mauroy pour le Medef et l'URSSAF Ile-de-France.

« L'emploi des jeunes, c'est une catastrophe. On a des aides de l'Etat mais cela ne suffit pas », a insisté Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Paris -IDF.

Lire aussi : Pour le patronat, Paris va encore plus souffrir du reconfinement


Représentés par leurs vice-présidents Othman Nasrou et Éric Cesari, le conseil régional d'Île-de-France et la métropole du Grand Paris ont, eux, appelé l'Etat à débloquer le fonds Résilience de 100 millions d'euros, alimenté par l'ensemble des collectivités franciliennes. En réponse, le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt a promis qu'ils pourraient « continuer à agir ».

César Armand

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Commentaires 5
à écrit le 14/02/2021 à 13:43
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L'argent ne coûte pas cher avec notre socialo, au final , c'est toujours le con-tribuale qui met la main à la poche.Et bien sûr pas de référendum ...c'est la dolce vita ! Elle a tout compris .

à écrit le 12/02/2021 à 9:59
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Tout le monde se place pour les élections et se font habilement soumettre! Que d'argent et avantages distribué en cette période!

à écrit le 11/02/2021 à 9:35
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le regard de cette femme dément le charisme du sourire !

à écrit le 10/02/2021 à 4:15
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L'electorat de cette barjot va regretter de l'avoir plebiscitee. Les impots vont exploser. Tant pis pour eux.

à écrit le 09/02/2021 à 14:27
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Combien de fonctionnaires à la ville de Paris? Quel endettement ? Et elle veut dépenser sans compter pour la relance ( de ses intérêts ) . On est encore et toujours dans le grand n'importe quoi qu'il en coute.

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