À Toulouse, une initiative pour permettre à chacun de télétravailler à un quart d'heure de chez soi

DOSSIER IMMOBILIER - 9 SOLUTIONS POUR SORTIR DE LA CRISE- À Toulouse, pour répondre à la pénurie de bureaux en centre-ville et rompre l’isolement du télétravail, Action Logement a lancé l'initiative « Mon bureau près de chez moi » afin de permettre aux entreprises de réserver des postes de travail dans un quartier central de la ville, accessible en quinze minutes par les salariés depuis leur domicile. L'objectif : gommer les inégalités face au télétravail. Une démarche qui intéresse même des grands groupes comme Airbus et Continental.
Avec sa démarche, Action Logement entend offrir un lieu où les employés d'une même entreprise sont logés à la même enseigne.
Avec sa démarche, Action Logement entend offrir un lieu où les employés d'une même entreprise sont logés à la même enseigne. (Crédits : Unsplash)

Dans la Ville rose, trouver des bureaux dans l'hypercentre reste une gageure. La majeure partie de l'offre d'immobilier d'entreprise se concentre dans des quartiers mal desservis par les transports en commun au sein de locaux vieillissants. Face à cette pénurie, même les bureaux de seconde main peuvent atteindre un loyer de 240 euros le mètre carré dans le centre-ville, d'après le géant du conseil en immobilier d'entreprise CBRE.

D'où l'idée d'Action Logement avec la démarche « Mon bureau près de chez moi » de permettre aux entreprises de réserver des postes de travail dans un quartier central de Toulouse, accessible en quinze minutes par les salariés depuis leur domicile. « Cette offre limite à la fois les déplacements pendulaires en voiture et permet de rompre l'isolement du télétravail », explique Anne-Sophie Icard, codirigeante d'At Home, filiale du groupe InSitu qui exploite ce lieu implanté au sein de la Cité internationale de l'université de Toulouse.

Les premières salariées ont pris possession de cet espace ouvert en début d'année. « Avant, nous avions des locaux au sud-est de Toulouse et beaucoup de collègues venaient en voiture au travail. Maintenant, nous pouvons arriver en transports en commun ou à vélo », observe Gabrielle, salariée de la société Getfluence. « Peut-être que je vais venir maintenant plus souvent en présentiel », glisse sa collègue Rebecca.

Tous les employés sont logés à la même enseigne

De quoi aussi gommer les inégalités apparues depuis le Covid. « La pandémie a révélé de grandes injustices. Tout le monde n'a pas la possibilité d'avoir un logement de qualité pour télétravailler », fait remarquer Michael Pinault, membre du comité régional d'Action Logement.

L'idée est d'offrir un lieu où les employés d'une même entreprise sont logés à la même enseigne. À la différence des espaces de coworking, le corpoworking permet aux sociétés de réserver des bureaux privatifs, le plus grand pouvant accueillir une quarantaine de salariés. « Cela permet de recréer un environnement propice à la culture d'entreprise. Les DRH sont les premiers à dire qu'il y a urgence à retisser du lien », ajoute le dirigeant.

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Pour l'instant, cinq entreprises ont réservé une cinquantaine de postes qui peuvent être occupés par une centaine de collaborateurs à tour de rôle. L'espace de 1.500 mètres carrés pourra accueillir jusqu'à 174 salariés en même temps. « Le lieu se remplit beaucoup plus vite que nos espaces partagés plus classiques », observe Sophie Icard.

Montée en gamme du coworking

Des discussions avancées sont d'ailleurs en cours avec de grands groupes comme Airbus et Continental. L'équipementier a ainsi testé le concept pendant trois mois en 2023 sur un autre site du groupe InSitu avec la société d'ingénierie Akka Technologies et l'éditeur Milan Presse. « Les salariés sondés sur cette initiative montrent un grand intérêt. L'offre représente un élément d'attractivité pour recruter et fidéliser les collaborateurs », assure la responsable d'At Home.

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Pour attirer ces grands comptes, le lieu a dû se conformer à leurs standards. Un wifi sécurisé dédié à chaque entreprise a été mis en place, l'isolation phonique garantit la confidentialité au sein des bureaux privatifs et l'accès se fait par badge. « C'est le signe d'une montée en maturité des espaces partagés en France, argue Mehdi Dziri, CEO d'Ubiq, plateforme spécialisée dans la recherche de bureaux. Historiquement, le coworking rassemblait de jeunes entrepreneurs travaillant côte à côte dans de vastes openspaces. Désormais, l'essentiel des espaces est composé de bureaux privatifs réservés de manière flexible par des PME, des start-up, voire des groupes ».

Le télétravail près de chez soi est-il généralisable ? « Depuis le Covid, l'offre de coworking poursuit une croissance assez forte avec une hausse moyenne de 25 % de surface supplémentaire par an. Avec plus d'un million de mètres carrés d'espaces disponibles en France, il existe désormais un maillage conséquent qui pourrait permettre de dupliquer ce type de démarche », considère le dirigeant d'Ubiq.

Pour sa part, Action Logement prévoit d'ouvrir une dizaine de lieux sur ce modèle en Occitanie dans les années à venir, notamment en zone périurbaine et rurale. Histoire de redynamiser ces territoires et de ne pas cantonner le télétravail près de chez soi aux grandes métropoles, disposant déjà de nombreux lieux de coworking.

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Commentaire 1
à écrit le 13/03/2024 à 8:21
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"Une démarche qui intéresse même des grands groupes comme Airbus et Continental" forcément c'est pas eux qui payent. LOL ! ^^

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