Yellopark  : la concertation est lancée pour un nouveau stade à Nantes

Le coup d'envoi est donné. Saisie par le Football Club de Nantes et le promoteur Réalités, maitres d'ouvrage du projet de nouveau stade Yellopark, la Commission nationale du Débat Public lance deux mois de consultation pour recueillir avis et propositions des nantais sur un quartier qui sera entièrement reconfiguré au Nord-est de la Métropole.
Yohann Joubert, promoteur du Yellopark.
Yohann Joubert, promoteur du Yellopark. (Crédits : Frédéric Thual)

Les discussions s'animent autour de la future cage des canaris... Si le célèbre stade Marcel Saupin, proche du centre-ville de Nantes a été, en son temps, conservé et transformé, l'actuel stade de la Beaujoire, situé le long du périphérique, devrait lui être totalement démoli.

C'est, en tout cas, la solution envisagée par Waldemar Kita, Président du FC Nantes et Yohann Joubert, Pdg du groupe de promotion immobilière Réalités, engagés de concert dans le projet Yellopark ; un stade redimensionné, semi-couvert, connecté, sécurisé, confortable, normalisé... chiffré à 200 millions d'euros, financés moitié en fonds propre, moitié en emprunt. Projet sportif auquel s'ajoute un volet urbain de 60 millions euros, destiné à revitaliser un quartier du nord-est de la métropole, accueillir 2.000 nouveaux logements, des commerces, un musée... et à briser la glace entre le président du FC Nantes et la présidente de la métropole, Johanna Rolland, longtemps rétive au projet.

« Je sais très bien négocier », assure Waldemar Kita, qui après d'âpres négociations est allé jusqu'à baiser la main de l'édile nantaise. « Elle ne paye rien, mais veut décider de tout », disait-il alors.

Un équipement sportif sans solliciter le contribuable

Dans un protocole d'accord, signé en septembre dernier, la maire de Nantes, qui devrait finalement vendre 23 hectares pour élargir le site, réussissait à imposer cinq principes fondateurs : un financement 100% privé du projet, le maintien du même nombre de places, aux mêmes prix modérés, pour les groupes de supporters, la mis en valeur de l'histoire du FC Nantes, le recours à un architecte d'envergure nationale et le lancement d'une large concertation.

« La métropole n'a plus les moyens d'investir de tels montants financiers et de porter seule un tel projet, que ce soit une réhabilitation ou une construction neuve, a fortiori alors que les clubs de football sont aujourd'hui des entreprises privées avec leur propre logique de rentabilité. Il appartient désormais aux clubs de définir leurs besoins et leurs investissements, sans recourir à un investissement public, et à la métropole de les accompagner en posant ses conditions », justifiait l'élue socialiste.

Les protagonistes de Yellopark ont accepté le deal et saisi la CNDP (Commission nationale du Débat Public), dont le recours n'est obligatoire que pour les investissements supérieurs à 300 millions d'euros. C'est une manière d'officialiser un dialogue déjà engagé et d'apaiser les tensions avec des acteurs locaux, des associations de supporters (Brigade Loire, A la nantaise...) et certains riverains. En tout cas, d'avancer et d'éviter des enlisements comme celui de l'aéroport Notre-Dame des Landes dont l'abandon est dans toutes les têtes.

Un stade dimensionné pour accueillir des compétitions internationales

«Notre ambition est que les échanges s'inscrivent dans un esprit de co-construction pour enrichir la réflexion, sans effet de bord, mais nous sommes pressés... », reconnait Waldemar Kita. «Et la Métropole, qui s'est engagée à accueillir la Coupe du monde de Rugby 2023 et les JO de 2024, aussi... Or, le stade actuel n'a pas les normes requises », glisse malicieusement le Président du FC Nantes, rappelant que toutes les autres options ont été écartées...

La réhabilitation du stade actuel a été abandonnée pour plusieurs raisons : un coût élevé (chiffré entre 121 et 193 millions d'euros), quasiment autant qu'un stade neuf ; des exemples de transformations menées à Lens, Saint-Etienne et Marseille jugées peu convaincantes ; et enfin, outre les perturbations, des pertes d'exploitations annuelles estimées à 3,8 millions d'euros.

« Nous avons étudié toutes les possibilités, celle d'un stade neuf avec ou sans centre commercial, avec ou sans projet urbain », explique Yohann Joubert.

La Métropole qui a déjà vu s'envoler un aéroport, peut-elle se permettre de perdre aussi un stade ?...

Le projet « retenu » se veut sportif, urbain, environnemental et économique ; d'une capacité de 40.000 places contre 37.500, le stade compterait 3.500 places en loges contre 1.500 aujourd'hui, et disposerait du wifi partout pour s'inscrire dans la logique de la Smartcity nantaise. Un partenariat serait en ce sens engagé avec le groupe Lacroix. Tribunes et coursives seront protégées des intempéries.

« On veut le redimensionner pour satisfaire aux exigences de la catégories 4 dans le classement de l'UEFA. Or, aujourd'hui, aucun équipement de ce type n'existe dans l'Ouest. Et nous sommes dans l'incapacité de pouvoir candidater pour certaines compétitions », regrette Waldemar Kita, qui estime pouvoir bénéficier d'une aide financière de l'Etat pour ce type d'infrastructures.

Pas les arbitres d'un match

Dans quelle mesure le rapport de la CNDP pourra-t-il influencer un projet déjà largement avancé, pour lequel les architectes (les cabinets HKS et ATSP) ont été choisis ? C'est ce qui inquiète les détracteurs de Yellopark.

« Nous ne serons pas les arbitres d'un match », préviennent de leur côté Jean-Pierre Tiffon, économiste et sociologue de formation, et Serge Quentin, ex-officier de gendarmerie, les deux garants de cette concertation préalable qui disent vouloir veiller à un « débat constructif hors de l'invective. Nous prendrons en compte tout ce qui sera émis au sein de la concertation, qui sera détaillé, étayé et finançable... »

Une manière de couper court aux échafaudages farfelus égrenés au café du Commerce.

Durant deux mois, ils vont recueillir les avis des uns et des autres au gré de réunions publiques et d'ateliers thématiques, qui se prolongeront jusqu'au 17 avril prochain. Des commentaires pourront également être déposés sur le site internet yellopark.jenparle.net. Le rapport sera remis à la CNDP un mois plus tard. Cette dernière devrait se prononcer début juin. Dès lors, les maitres d'ouvrage pourront finaliser le projet financier et valider le pool bancaire, en cours de constitution. Le montant de l'investissement restant soumis à quelques aléas comme la découverte d'arsenic dans le sous-sol qui nécessite une opération de dépollution chiffrée entre 10 à 30 millions d'euros !

Un travail de dentelle en périphérie

À en croire, la première réunion qui vient de se dérouler et où les maitres d'ouvrage présentaient la prémaquette du futur stade et des évolutions du quartier, les réactions et les inquiétudes ne se sont pas fait attendre craignant notamment les problèmes de circulation, de stationnement et de bruit. Plus que le stade, c'est sans doute sur le projet urbain que le dossier risque d'être plus difficile à passer. Pour faire le lien entre les espaces pavillonnaires et paysagers et la hauteur du stade, le promoteur immobilier évoque l'implantation d'immeubles de grande hauteur d'une centaine de mètres pour accueillir les 2.000 logements promis à la métropole et harmoniser l'horizon entre l'habitat et la couronne du stade.

« Un travail de dentellière », résume à sa façon, Pascal Pras, vice-président de Nantes Métropole, en charge de l'urbanisme, du foncier et de l'habitat.

Des constructions (logements, bureaux, espaces publiques...) qui ne démarreront, qu'en 2022, date de livraison, attendue pour le nouveau stade nantais. Pour les logements et les services, ce sera dans dix ans...

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Commentaires 4
à écrit le 19/03/2018 à 7:33
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A la radio ce matin, "nous devons accélérer les réformes pour faire face au monde moderne.." Concrètement, la vision du monde moderne de YELLOPARK c'est le grand retour en arrière en pire avec en prime un copieux green washing. Fabrique de g...

à écrit le 28/02/2018 à 13:40
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Panem et circenses : les gaspillages éhontés perdurent !

à écrit le 28/02/2018 à 6:09
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Les jeux du cirque continuent. A defaut d'un Neron, vous avez micron.

à écrit le 27/02/2018 à 13:40
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C est comme décidé d’avance, la consultation n est pas un espace de négociation, sentiment que les carottes sont cuites, aucune marge de manœuvre. Alors a quoi bon concerter si ne n est pour faire avaler une couleuvre ? Que l’on ne prenne pas les o...

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