Antitrust : les géants de la tech sous la pression d'une vingtaine d'Etats américains

Une vingtaine d'Etats américains pourrait lancer dès le mois prochain une enquête antitrust visant les géants de la tech, révèle le Wall Street Journal. Cette enquête s'ajouterait ainsi à celle lancée par le département de la Justice au niveau fédéral en juillet dernier.
Anaïs Cherif
(Crédits : Phil Noble)

L'étau se resserre autour des géants de la tech. Une vingtaine d'Etats américains serait sur le point de lancer dès le mois prochain une enquête antitrust commune sur les entreprises dominantes du secteur, révèle le Wall Street JournalCette enquête viendrait ainsi s'ajouter à celle diligentée le mois dernier par le département de la Justice au niveau fédéral. Elle vise à déterminer si une poignée d'acteurs - entre autres Google, Amazon, Facebook et Apple - utilise leur position dominante pour étouffer la concurrence dans les domaines de la publicité en ligne, du e-commerce, de la recherche en ligne et des réseaux sociaux.

En juillet, une réunion s'était tenue à Washington entre une douzaine de procureurs généraux d'Etat, à la fois Républicains et Démocrates, et le département de la Justice. Au-delà du manque de concurrence dans la tech, des inquiétudes ont été soulevées quant à l'agrégation massive de données personnelles aux mains de quelques champions du secteur.

Un premier cas d'école avec Microsoft dans les années 1990

Si le département de la Justice a été le premier à lancer son enquête, l'arrivée commune des Etats pourrait jouer un rôle moteur pour la suite. Le dernier cas d'école en tech remonte aux années 1990, lorsque Microsoft a été accusé de position dominante dans les systèmes d'exploitation des PC via son navigateur Explorer. Vingt Etats avait alors appuyé et accéléré l'enquête fédérale, poussant ainsi Microsoft à faire des concessions.

Dans le cadre de son enquête, le département de la Justice a annoncé le mois dernier s'intéresser notamment à la croissance des entreprises tech dominantes, et leur extension sur de nouveaux secteurs.

Ces enquêtes font suite à un premier dossier de la Commission fédérale du commerce (FTC) américaine, principale autorité en matière de concurrence aux Etats-Unis, visant exclusivement Facebook. En juillet dernier, le plus grand réseau social au monde s'est vu infliger une amende de 5 milliards de dollars pour avoir "trompé" ses utilisateurs sur leur capacité à contrôler la confidentialité de leurs informations personnelles.

La tech, longtemps restée à l'abri des radars des régulateurs

Il est encore trop tôt pour déterminer l'issue de ces enquêtes, mais celles-ci marquent un tournant pour le secteur de la tech, resté longtemps à l'abri des radars des régulateurs. Sous l'administration Obama, la FTC avait enquêté sur les résultats de recherches proposés par Google, mais l'affaire s'était clôturée sans aucune mesure contraignante. Une décision alors vivement critiquée par l'opinion public.

Ces annonces interviennent suite à une année 2018 marquée par les polémiques à répétition pour les géants de la tech, égratignant leur image de marque. Facebook a ainsi été éclaboussé par le scandale Cambridge Analytica, en ayant permis à ce cabinet d'analyse de mettre la main sur les données personnelles de 87 millions de ses utilisateurs à des fins politiques... Révélant ainsi au grand public ses pratiques laxistes en matière de gestion des données personnelles. Cette polémique a été suivie par des fuites de données à répétition, tant chez Facebook que Google et Amazon. En vue de l'élection présidentielle américaine de 2020, plusieurs candidats, dont la démocrate Elizabeth Warren, ont également proposé le démantèlement des Gafa.

Lire aussi : Démanteler les Gafa ? L'idée ressurgit aux Etats-Unis

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 21/08/2019 à 17:22
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Pourquoi aucune actions de ce genre en Europe....il y a bien eu le RGPD mais ce n'est pas suffisant, ces mastodontes écrasent toutes formes de concurrences !

à écrit le 20/08/2019 à 19:22
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Pas les démanteler, les interdire, ils sont trop dangereux. Ils mettent en difficulté les démocraties, les États, le système financier(... même s'il y a beaucoup à redire sur l'actuel...), la vie privée, la liberté en général et les libertés individu...

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