Crypto-actifs : le PMU lance ses NFT basés sur les performances du cheval

L’entreprise de paris hippiques a mis en vente ses 6.666 premiers jetons non-fongibles d’images de chevaux lundi 27 mars, à 99 euros l’unité. Toutes les cartes numériques à collectionner, qui seront intégrées dans un jeu, sont adossées à des chevaux réels et leurs caractéristiques évolueront en fonction des résultats de ces derniers. Ce projet nommé “Stables” (écuries en français) est une opération commerciale importante pour le PMU qui espère trouver une nouvelle clientèle plus jeune et connectée.
Maxime Heuze
6.666 images de chevaux sont mises en vente ce lundi 27 mars au prix de 99 euros.
6.666 images de chevaux sont mises en vente ce lundi 27 mars au prix de 99 euros. (Crédits : PMU)

Le PMU part à la conquête des crypto-actifs par l'entremise du jeu. C'est en tout cas l'ambition que présente « Stables », la nouvelle plateforme de fantasy game (jeu dans un univers virtuel), créée par l'entreprise française de paris hippiques fondée en 1930. Après plusieurs mois de préparation, le PMU vient de mettre en ligne, ce lundi 27 mars, ses 6.666 premiers jetons non-fongibles (NFT) - un chiffre en « clin d'oeil pour la communauté crypto », assume le groupe, pour sa nouvelle « écurie » numérique. Il s'agit de titres de propriété numérique d'images de chevaux que les fans d'équitation pourront s'échanger sur internet. Ces NFT, vendu 99 euros l'unité à 4.200 internautes inscrits sur une liste d'attente, ont été créés sur la blockchain Tezos, un registre décentralisé développé par des Français basés en Suisse.

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Avec ces cartes virtuelles échangeables sur le site dédié playstables.io et d'autres plateformes de vente de NFT, les fans de course devraient même pouvoir s'essayer à un jeu de courses hippiques virtuelles nommé « fantasy league » à partir du deuxième trimestre 2023. Au sein de ce jeu, créé en partenariat avec le studio français 321founded, les propriétaires de chevaux numériques auront aussi la possibilité de voir les performances de leurs NFT évoluer puisque les chevaux numériques vendus sur playstables.io sont liés à des chevaux réels grâce à un partenariat avec Le Trot et France Galop. Plus le cheval fera de bonnes performances, meilleures seront les caractéristiques du NFT qui lui est associé.

La mécanique du projet Stables, bien connue depuis le développement du jeu de collection de cartes virtuelles de footballeurs Sorare, sera cependant limitée à un simple jeu, sans possibilité de réaliser des gains afin de ne pas entrer dans la catégorie des jeux d'argent régulés par l'Autorité nationale des jeux (ANJ). Ainsi, le PMU peut s'adresser à une clientèle majeure comme mineur. « On est en train de mettre des choses en place pour prévenir les addictions aux jeux », veut néanmoins rassurer Constantin Garreau, directeur de l'innovation du PMU.

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Conquérir une nouvelle clientèle

Mais que va faire l'historique PMU dans le monde méconnu des NFT? « Il y a un enjeu très clair qui est de cibler les prochains utilisateurs et les prochains clients. Avec les NFT on s'adresse aux moins de 35 ans, fans du numérique et pour beaucoup de marques il y a un enjeu de renouveler leur clientèle ou d'attirer de nouveaux publics. On est en plein dedans avec Stables », estime Stanislas Barthelemi, consultant chez KPMG, spécialiste des cryptomonnaies et du Web3, ce secteur en plein essor qui propose des services et des usages décentralisés.

Trouver une nouvelle communauté est en effet le principal objectif de l'entreprise de paris hippiques qui ancre Stables « dans le plan stratégique du PMU qui consiste à recruter un million de nouveaux clients » annonce Constantin Garreau. Ainsi, l'entreprise a accepté de dépenser « des centaines de milliers d'euros » dans le projet Stables pour « s'adresser à des communautés nouvelles (gamers, fans de l'écosystème crypto) qui ne sont pas présentes parmi les clients du PMU » explique le directeur de l'innovation qui attend de ce projet qu'il devienne rentable dans le futur.

Mais si le PMU se met brusquement au jeu numérique, c'est aussi pour ne pas perdre le secteur du numérique au profit de jeunes concurrents. Zed run, un jeu vidéo de courses de chevaux basé sur des NFT, mis en ligne en 2019 par le studio australien Virtualy Human, a par exemple déjà connu un véritable engouement en 2021 avec plus de 50.000 détenteurs de NFT à l'époque.

Le problème de la perte d'intérêt des NFT

Le pari que réalise le PMU pourrait cependant se heurter à un gros obstacle, la baisse d'intérêt pour les jetons numériques et l'écosystème crypto. Après la fièvre des NFT qui a poussé les fans de cryptomonnaies à investir des sommes parfois phénoménales en 2020 et 2021, ce marché s'est brusquement et violemment retourné. Ainsi, selon les données de Dune Analytics, le volume d'échange des NFT est passé de 17 milliards de dollars en janvier 2022 à 466 millions de dollars en septembre de la même année, soit une chute de 97% du volume de transaction en quelques mois. Dans le même temps, un rapport de Chainalysis a indiqué que la valeur moyenne d'un NFT a chuté de 3.894 dollars à 293 dollars entre janvier et juillet 2022, soit une baisse de 92,47%. Depuis la dégringolade, l'engouement pour ces titres de propriété numérique n'est pas beaucoup remonté.

Certaines entreprises en ont d'ailleurs fait les frais. C'est le cas de Porsche qui a annoncé en janvier 2023 la création de 7.500 NFT pour la modique somme de 1.300 euros chacun. Un projet qui s'est révélé être un échec cuisant puisque la marque, après n'avoir vendu que 1.800 NFT en deux jours, a décidé de réduire le nombre de jetons vendus afin que les prix de ces derniers ne s'effondrent pas.

 *« Nos détenteurs se sont exprimés. Nous allons réduire notre approvisionnement et arrêter la frappe de la monnaie afin d'aller de l'avant dans la création de la meilleure expérience pour une communauté exclusive. »

« Le problème de Porsche c'était le prix et l'utilité. C'était un NFT de marketing dont on ne savait pas vraiment à quoi il servait. Pour le PMU il s'agit d'un NFT qui aura une vraie utilité dans un jeu. Pour qu'un NFT fonctionne aujourd'hui, il faut qu'il y ait une utilité et un sens », analyse Stanislas Barthelemi. Mais pour que le projet soit une réussite, encore faut-il qu'il capte l'attention des internautes. Pour le moment, le PMU assure que Stables est suivi par 30.000 personnes selon l'entreprise, dont 60% d'étrangers, soit moins que le nombre de détenteurs de NFT Zed run en 2021. « On aborde Stables avec beaucoup d'humilité, car il s'agit d'un projet d'innovation et dans un territoire nouveau », confie Constantin Garreau. Reste donc à voir si le jeu « fantasy league » -qui donnera tout son sens aux NFT du PMU- attirera les joueurs et autres fans d'équitation.

Avec les NFT, le PMU poursuit sa stratégie d'internationalisation. Le groupe vend ses paris dans 58 pays (Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, Japon, Hong Kong...) et proposera ses offres au Portugal cette année, grâce à un partenariat avec la loterie nationale. Sur les 30 millions d'enjeux engrangés lors du Prix d'Amérique qui s'est couru à l'hippodrome de Vincennes dimanche dernier, 20% venaient ainsi de l'étranger.

Maxime Heuze

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