
Le Japon ne cache pas ses ambitions. Le gouvernement japonais a confirmé, ce mardi 3 octobre, son intention de fournir jusqu'à 192 milliards de yens (soit 1,2 milliard d'euros) de subventions au groupe américain Micron. Objectif affiché, permettre le développement et la production de puces électroniques de nouvelle génération sur son sol.
Le projet de Micron « vise à développer et à produire des puces-mémoires de pointe qui seront utilisées dans des domaines tels que l'IA générative, les centres de données et la conduite autonome », a rappelé le ministre japonais de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) Yasutoshi Nishimura lors d'une conférence de presse à Tokyo.
En marge du sommet du G7 à Hiroshima (ouest du Japon) en mai dernier, Micron avait annoncé vouloir investir jusqu'à 500 milliards de yens (3,2 milliards d'euros au cours actuel) dans les prochaines années « avec le soutien étroit du gouvernement japonais ». L'agence d'informations financières Bloomberg avait déjà rapporté, à l'époque, que le gouvernement nippon envisageait ainsi d'accorder environ 200 milliards de yens de subventions à l'entreprise. Dans le détail, cette dernière compte introduire au Japon la technologie de lithographie Extreme Ultraviolet (EUV) permettant de produire des puces plus performantes.
Le Japon dans la course aux semi-conducteurs
Avec ce nouveau partenariat, Tokyo s'assure une place de choix dans la géopolitique des puces électroniques. Dans ce vaste marché qui se décline en différentes catégories (processeurs, mémoires, capteurs...) Micron fait office de mastodonte spécialisé dans la mémoire, un composant peu complexe à confectionner. L'Américain est le quatrième plus gros fabricant mondial de semi-conducteurs. Il alimente ainsi 20 à 25% du marché des mémoires DRAM, très présentes dans nos ordinateurs et téléphones.
Comme d'autres pays industrialisés, le Japon investit massivement pour accroître sa production nationale et réduire sa dépendance dans les semi-conducteurs, alors que les tensions entre la Chine et Taïwan - l'un des plus gros fabricants au monde de puces électroniques via le groupe TSMC - aggravent les inquiétudes sur la sécurité en matière d'approvisionnement. Cette menace effraye les gouvernements du monde entier tant les semi-conducteurs sont cruciaux pour produire le moindre appareil électronique et notamment des armes.
Bien conscient de l'enjeu, le Japon a entrepris de nationaliser JSR, une entreprise nippone, poids lourd mondial de la production de résines photosensibles, utilisées dans l'industrie des semi-conducteurs, pour un montant équivalent à environ 6 milliards d'euros. Tokyo subventionne aussi généreusement la construction d'une usine de TSMC sur la grande île japonaise méridionale de Kyushu, et a aussi créé avec le concours de grandes entreprises privées nippones un nouveau fabricant de semi-conducteurs, Rapidus, qui s'est déjà associé avec l'Américain IBM.
Tout comme le Japon, l'Europe entend bien séduire les fabricants de semi-conducteurs du monde entier, notamment grâce à son plan « Chip acts » visant à porter à 20% (contre 10% environ actuellement) la part de l'Europe dans la production de semi-conducteurs mondiale, d'ici à 2030, en mobilisant 43 milliards d'euros d'investissements publics et privés en faveur de cette industrie. Cette politique pro-business a commencé à porter ses fruits, puisque TSMC a annoncé, en août, la construction de sa première usine de semi-conducteurs en Europe, dans la région de Dresde en Allemagne. Un investissement d'une dizaine de milliards d'euros. L'usine sera exploitée par une co-entreprise que TSMC doit former avec trois autres partenaires : le Néerlandais NXP et les Allemands Infineon et Bosch à hauteur de 10% chacun, d'après le mensuel allemand Manager Magazin.L'Europe veut aussi attirer les géant du secteur
(Avec AFP)
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