ChatGPT : après la crise chez OpenAI, Microsoft met un pied dans le conseil d’administration de la startup

Le géant à l’origine de Windows a annoncé ce jeudi qu’il allait placer un de ses représentants au sein du conseil d’administration d’OpenAI duquel il était absent jusqu’alors. L’annonce du limogeage, finalement annulé, de l’emblématique patron de la startup, a choqué Microsoft qui détient 49% d’Open AI et qui a donc décidé de surveiller d’un peu plus près l’entreprise.
Le PDG de Microsoft, Satya Nadella, avait estimé « très clair que quelque chose (devait) changer dans la gouvernance » d'OpenAI.
Le PDG de Microsoft, Satya Nadella, avait estimé « très clair que quelque chose (devait) changer dans la gouvernance » d'OpenAI. (Crédits : MIKE BLAKE)

Est-ce la fin de la crise chez OpenAI ? Mercredi 29 novembre, Microsoft qui a investi 13 milliards de dollars pour détenir 49% de la startup à l'origine de ChatGPT a annoncé qu'un de ses représentants allait rejoindre le conseil d'administration du développeur d'intelligence artificielle, en précisant que ce dernier aura un statut d'observateur.

La désignation de cet observateur fait suite à la saga qui a vu, en moins d'une semaine, l'ancien conseil débarquer le directeur général Sam Altman, puis le réintégrer après que la plupart des employés aient menacé de quitter le groupe. Lors de cette séquence, le PDG de Microsoft, Satya Nadella, avait estimé « très clair que quelque chose (devait) changer dans la gouvernance » d'OpenAI. Après cet épisode, le conseil a fini par être renouvelé. Ainsi, seul un administrateur a conservé son siège, à savoir le patron du réseau social Quora, Adam D'Angelo.

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La pression de Microsoft sur la startup

Dans le détail, ce changement à la tête d'OpenAI devrait se faire progressivement. Désigné président, en remplacement de Greg Brockman (qui avait quitté le navire suite au renvoi du directeur général), Bret Taylor a confirmé que le nouveau conseil, qui ne compte que trois administrateurs, accueillerait d'autres membres à l'avenir. Outre Bret Taylor, le conseil est actuellement composé de l'ancien secrétaire au Trésor Larry Summers et d'Adam D'Angelo.

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Microsoft, qui s'est beaucoup investi lors de cet épisode pour faire pression sur OpenIA, a d'ailleurs tiré bénéfice de cette crise. Pour rappel, malgré la transformation d'OpenAI en entreprise en 2018, et les énormes investissements de Microsoft et du fonds américain Sequoia pour la développer, ces derniers n'ont obtenu ni siège au conseil ni droit de consultation ou de veto sur ses décisions. Ce à quoi vient donc de remédier la firme valorisée 2.814 milliards de dollars en Bourse.

Sam Altman s'exprime sur son limogeage

A noter aussi, après quasiment une semaine de crise, dans un message posté mercredi 29 novembre sur le site d'OpenAI, Sam Altman a entériné son retour au poste de directeur général. Brièvement nommée pour lui succéder avant d'être elle-même remerciée, Mira Murati va redevenir responsable technique, fonction qu'elle occupait auparavant, a indiqué Sam Altman.

Ce dernier a assuré n'avoir « pas de rancune » vis-à-vis d'Ilya Sutskever, responsable scientifique d'OpenAI et ancien administrateur, qui aurait joué un rôle déterminant dans son limogeage. Selon plusieurs médias américains, il aurait convaincu ses collègues que le leadership « imprudent et cupide » de Sam Altman menaçait la raison d'être d'OpenAI, et que la course à l'intelligence artificielle générale ne pouvait se mener dans ces conditions. Peu après le limogeage du directeur général, Ilya Sutskever avait d'ailleurs publié ses regrets sur X. « Je regrette profondément mon rôle dans les actions du conseil d'administration. Je n'ai jamais eu l'intention de faire du mal à OpenAI et je ferai tout pour réunifier l'entreprise », a-t-il tweeté.

Les dangers de l'IA au cœur du conflit

Les mots du père de ChatGPT étaient attendus. Pour cause, la raison évoquée pour son limogeage était pour le moins obscure : un manque de « franchise » et de « transparence » de l'entrepreneur envers le conseil d'administration... mais sans plus de détails.

Si les raisons exactes du licenciement de Sam Altman n'ont pas été révélées, plusieurs médias ont rapporté que des administrateurs s'inquiétaient de le voir placer la sécurité des logiciels d'intelligence artificielle au second plan. Dans son message, posté mercredi, le dirigeant a mentionné, parmi ses trois priorités, un investissement renforcé dans la sécurité, « qui a toujours été essentiel dans notre travail ». De nombreux observateurs s'inquiètent de possibles dérives de l'intelligence artificielle dite générative, en matière de désinformation, d'emploi (suppressions de postes) ou d'utilisation à des fins militaires.

L'antitrust alerte aussi sur les dangers de l'IA

Sam Altman n'est pas le seul à s'inquiéter des risques de l'intelligence artificielle. « L'intelligence artificielle a le potentiel de devenir le musée des horreurs de l'antitrust si on ne fait rien (...) Il y a des raisons d'être inquiets. On risque de voir dans ce domaine tout le catalogue des pratiques anticoncurrentielles qu'on a vu dans le numérique également, c'est-à-dire la vente liée, la vente groupée, les obstacles à l'accès aux données, les effets congloméraux et l'auto-préférence. Tout ça peut arriver très vite », a déclaré jeudi 30 novembre Benoît Coeuré, le président de l'Autorité de la concurrence, lors d'une table ronde sur la régulation du numérique organisée à Paris.

L'Autorité de la concurrence, qui avait rendu durant l'été un avis sur le secteur du cloud, souhaite désormais se plonger dans « la chaîne de valeur de l'intelligence artificielle ». En septembre, elle avait notamment mené une perquisition chez Nvidia à Paris, le géant américain des cartes graphiques qui permettent traditionnellement de jouer à des jeux vidéo, mais qui sont également essentielles au fonctionnement des algorithmes d'IA.

Enfin, l'institution a directement pointé du doigt Microsoft. « Un autre sujet qui intéresse les autorités de la concurrence, ce sont les politiques d'acquisitions. On a vu la participation de Microsoft dans OpenAI (créateur de ChatGPT), de Google et AWS dans Anthropic, ce sont des participations minoritaires, mais la question se pose de savoir le type de contrôle que cela peut donner », a déclaré Benoît Coeuré.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 02/12/2023 à 9:38
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Peut-être enfin un passage à une véritable quête de l'IA ? Tandis que les anciens financiers habitués à capter l'argent public trouvaient cela très bien comme ça. Attendons.

à écrit le 01/12/2023 à 19:21
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Etonnant: investir dans un secteur stratégique et ne pas avoir un oeil au conseil d'administration.

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