Les startups françaises ont-elles les reins assez solides pour passer le choc de la Covid-19 ? Tandis que l'écosystème tricolore de la Tech se caractérise par un grand nombre de jeune pousses, pour peu de géants d'envergure mondiale, le gouvernement est bien décidé à venir encourager la croissance : « C'est le deuxième secteur pour lequel on investit le plus, après l'environnement », rappelle Cédric O, au sujet des 7,1 milliards d'euros dédiés au numérique, sur les 100 milliards d'euros prévus par France Relance.
Le secrétaire d'État au Numérique était l'invité, ce lundi 7 septembre, de La Tribune, dans le cadre de son événement « La Rentrée de la Tech », une tournée de conférences et de rencontres digitales dans les grandes villes de France, qui prendra fin le 18 septembre prochain.
Il s'agit d'abord de l'argent frais, a tenu à rappeler le successeur de Mounir Mahjoubi :
« Ce sont 100 milliards d'euros en plus de ce qui a été annoncé jusqu'ici, parmi lesquels 7 milliards et probablement un peu plus pour les startups », résume le secrétaire d'État, rappelant, au passage, que certains projets numériques, à la marge, n'avaient pas encore été chiffrés.
Cette nouvelle enveloppe ne comprend donc pas les premières aides en faveur des startups à hauteur de 5,2 milliards d'euros, annoncées en mars et en juin dernier. De même qu'elle s'ajoute au « plan Tibi », qui prévoit 6 milliards d'euros sur trois ans pour financer l'innovation et dont les fonds proviennent d'acteurs privés.
En quête de davantage de licornes tricolores
La principale ambition de ce plan, en termes de moyens financiers est de soutenir les startups. Au total, 2,5 milliards d'euros sur cinq ans seront dédiés à leur financement.
L'objectif est de permettre aux jeunes pousses de peser sur la scène internationale en favorisant, par exemple, l'émergence de licornes, ces entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies, non cotées en Bourse et valorisées plus d'un milliard de dollars. Et, pour y parvenir, Cédric O entend « accompagner les levées de fonds les plus importantes pour accompagner la croissance de l'écosystème ».
Quant à l'objectif fixé par Emmanuel Macron de compter, sur le sol français, 25 licornes françaises d'ici 2025 - contre 9 actuellement -, le secrétaire d'État s'est montré optimiste. « Je pense qu'il faut même aller plus loin », a-t-il déclaré, sans donner d'élément chiffré.
Les secteurs où la France doit encore se faire une place
L'autre volet important de ce plan concerne le financement des technologies de rupture, pour lequel sera consacrée une enveloppe de 2,4 milliards d'euros. Un enjeu de souveraineté selon Cédric O :
« Nous sommes dans une compétition mondiale où [...] la volonté de suprématie, à la fois des Américains et des Chinois, a rarement été aussi forte », constate Cédric O, pour qui « il y a certaines zones technologiques pour lesquelles on doit être au rendez-vous ».
Et l'ancien salarié de Safran de citer comme exemple le « quantique », la « cybersécurité », les « télécommunications », la « santé numérique » ou encore « l'intelligence artificielle » et le « cloud ». Le quantique et la cybersécurité devraient figurer au rang des priorités, puisque la stratégie, concernant ces domaines, sera présentée « d'ici la fin de l'année ».
Pour atteindre cet objectif, le secrétaire d'État a insisté sur l'importance de la recherche et le besoin de « créer les conditions pour que [nos ingénieurs et nos chercheurs] restent ici et qu'on en fasse venir d'autres ».
Cédric O confirme la généralisation de la fibre d'ici 2025
Parmi les autres grandes orientations du plan, figure la volonté de réduire la fracture numérique au sein du territoire français. Pour ce faire, le gouvernement se fixe notamment comme objectif la généralisation de la fibre d'ici 2025. « C'est très très loin d'être utopique », répond Cédric O, selon qui la France est « le champion d'Europe du nombre de kilomètres de fibre déployés ».
Selon le FTTH Council Europe, une organisation qui fédère des acteurs de la fibre et qui dresse, chaque année, un état des lieux de son déploiement, la France se classe effectivement première en 2020, en nombre de foyers raccordés. De même, la France affiche un taux de couverture de 57,1 % supérieur à la moyenne de l'Union européenne, qui s'établit à 39,4%.
Déployer des aides, c'est bien, les toucher, c'est mieux
Le gouvernement prévoit par ailleurs de consacrer 385 millions d'euros pour accélérer la transition numérique des TPE, PME et ETI... contre 1,6 milliard d'euros prévus dans le plan de relance global pour accompagner, ces mêmes structures, dans leur transition écologique. « C'est inédit : jamais on n'avait investi autant d'argent », selon Cédric O. « En l'espèce, le confinement a montré aux commerces de centre-ville à quel point le numérique pouvait leur être utile pour vendre ou pour résister au e-commerce ».
Le « French Tech Tremplin » entre dans sa seconde phase
Autre priorité : la mixité et la diversité dans la tech française. « Anthony Babkine [co-fondateur des Diversidays, une association d'égalité des chances dans le numérique et l'entrepreneuriat, Ndlr], qui travaille sur ces questions de diversité dans la tech, rendra un rapport commandé par le gouvernement demain [ce mardi, Ndlr] », souligne Cédric O. Le secrétaire d'État a par ailleurs rappelé l'existence du French Tech Tremplin, un programme dont l'objectif est de diversifier les profils des entrepreneur(e)s de la tech. « 150 jeunes qui ont été 'mentorés' pendant un an, accompagnés financièrement, pour mûrir leur projet d'entreprise », précise-t-il. À compter du 15 septembre prochain, la seconde phase de ce programme, une phase d'incubation, devrait être lancée. De même, une deuxième saison, avec une nouvelle promotion, est en cours d'élaboration.
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