Les "startups à impact", un écosystème en plein boom en France

D'après le premier "mapping Impact" réalisé par Bpifrance Le Hub et France Digitale, la France compte 727 startups à impact, qui ont levé 4,4 milliards d'euros au total depuis leur création, et emploient aujourd'hui 17.802 personnes.
Sylvain Rolland
(Crédits : DR)

Que pèse la "tech for good" ou innovation à impact en France ? Pour la première fois, des chiffres tombent. Bpifrance Le Hub et l'association professionnelle France Digitale, qui regroupe startups et investisseurs, publient ce 29 juin la première cartographie de l'écosystème des startups à impact en France, ce qui permet enfin d'en définir clairement les contours et d'en mesurer l'importance au sein de la French Tech.

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727 startups qui emploient aujourd'hui 17.802 personnes

L'étude révèle que la France compte 727 startups à impact. Pour définir ce qu'est une startup à impact, les auteurs se basent sur les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) à atteindre d'ici à 2030 fixés par l'ONU, qui se divisent en trois grandes catégories: Environnement, Social, et Economie & Développement.

Pour définir si une startup peut être considérée comme "à impact", elle doit remplir l'un de ces trois critères : avoir un "impact by design", c'est-à-dire avoir un modèle d'activité conçu spécifiquement pour répondre à un enjeu social, sociétal ou environnemental ; être un "enabler", c'est-à-dire avoir l'impact comme l'un des principaux moteurs de l'activité mais jouer plutôt un rôle de facilitateur en permettant à ses utilisateurs d'avoir, in fine, un impact direct ; ou être soucieuse de son impact, c'est-à-dire mettre en place des actions concrètes pour limiter les impacts négatifs de son activité ou avoir un impact positif avec une politique ESG.

Ces 727 startups à impact restent une goutte d'eau dans l'océan de la French Tech, qui totalise officiellement près de 20.000 startups. Mais selon l'étude, ces entreprises pèsent 17 802 emplois en France, soit en moyenne plus de 24 employés en CDI par startup. Parmi les 727 startups référencées, 34 embauchent plus de 100 employés dont Openclassroom, Simplon, Cityscoot ou Phenix. Plus de 46% comptent cependant moins de 10 employés.

Le Mapping Impact révèle également que ces startups sont plutôt jeunes : la majorité (61%) a été créée il y a moins de 5 ans et un quart depuis moins de 2 ans.

"La France connaît un momentum notable sur ce sujet et observe plusieurs indices attestant d'une prise de conscience collective : en plus des changements progressifs des habitudes de consommation, on constate une évolution de la politique d'investissement conforme aux critères ESG, la création de fonds d'investissement à Impact, des législations en faveur de la transition écologique et solidaire, ainsi qu'un très net pivot en faveur d'une stratégie durable chez les grands groupes", note l'étude.

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Au niveau des secteurs d'activité, l'étude divise ces 727 pépites et 17 sous-secteurs. 96 d'entre elles s'illustrent dans le secteur de l'énergie (dont EkWateur, Lhyfe, Otonhom ou Water Horizon), 95 dans l'agriculture et l'alimentation (dont La Ruche Qui Dit Oui, Agricool, Ynsect et Innovafeed), 68 dans l'économie circulaire (dont Recommerce, Vestiaire Collective ou Back market), 66 dans les mobilités (dont BlaBlaCar, OpenAirlines ou Teebike) 48 dans la ville durable (dont Qarnot ou Lancey), 48 dans l'inclusion et le lien social (dont AlloVoisins et Facil'Iti), 48 dans la consommation responsable (dont Joone), 45 dans l'éducation et la culture (dont Nomad Education, Brut ou Bodyguard), 42 dans la dépollution (dont Biomede ou Aquatech Innovation), 33 dans la finance durable, 27 dans la biodiversité et le climat, 18 dans la citoyenneté et 10 dans le tourisme responsable. Plusieurs centaines de startups s'illustrent également dans le secteur de la santé.

4,4 milliards d'euros levés, des futures licornes en perspective

Ces startups lèvent également de plus en plus de fonds. 66% des startups à Impact référencées ont levé des fonds, ce qui représente 4,4 milliards d'euros au total depuis leur création. Quand ces startups lèvent en moyenne plus de 9 millions d'euros, 7 d'entre elles ont enregistré des opérations records de plus de 100 millions d'euros : Blablacar, Ynsect, Vestiaire Collective, Innovafeed, Ecovadis et Actility.

"Dépassant la simple nécessité d'être équilibrés économiquement, les projets affichent des modèles vertueux dans le domaine de la consommation responsable, des villes plus durables ou de la lutte contre le changement climatique, tout en démontrant qu'ils sont de sérieux pourvoyeurs d'emplois locaux et durables.", détaille Frédéric Mazzella, cofondateur de BlaBlaCar et coprésident de France Digitale.

Grâce à ces financements, certaines de ces pépites sont même devenues des licornes -startups non-cotées et valorisées plus d'un milliard de dollars-, à l'image de BlaBlaCar, Back market et de Vestiaire Collective. Soit trois des seize licornes françaises.

"La structuration de l'écosystème, les changements de paradigme de consommation et l'urgence des causes défendues nous font penser que la tendance à la hausse de l'entrepreneuriat à impact se confirmera et s'accélèrera", ajoute Paul-François Fournier, Directeur exécutif Innovation de Bpifrance.

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L'impact est de moins en moins opposé à la performance économique

Cette étude révèle en ricochet l'étendue du chemin parcouru en quelques années à peine. Lorsque Frédéric Mazzella, le fondateur de la licorne de covoiturage BlaBlaCar, faisait la tournée des investisseurs à la fin des années 2000/début des années 2010 pour lever des fonds, il oubliait sciemment dans son pitch de parler de l'impact environnemental et sociétal du covoiturage, pourtant au cœur de son modèle d'affaires.. "Il ne fallait parler que de performance économique pour paraître sérieux et ne pas les effrayer", aime-t-il rappeler.

Aujourd'hui, le vent a bien tourné. Loin d'incarner un idéalisme naïf, avoir un impact positif sur la société grâce à la technologie est devenu un objectif majeur pour un nombre croissant d'entrepreneurs. De leur côté, de nombreux investisseurs comprennent que l'impact n'est pas forcément antinomique avec la performance économique. L'argent afflue donc pour financer ces pépites qui courent moins derrière la valorisation et le statut de licorne, même si le souci du retour sur investissement reste le moteur des fonds. Et c'est justement pour rompre avec cette logique de rentabilité à court terme, principal ennemi de l'innovation à impact qui se pense par définition sur le long terme, que l'investisseuse Marie Ekeland a lancé, en fin d'année dernière, le premier fonds inspiré de la fondation d'intérêt public, baptisé 2050.

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Sylvain Rolland

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Commentaires 3
à écrit le 30/06/2021 à 8:18
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!!! La première phrase : Incompréhensible !

à écrit le 29/06/2021 à 18:54
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Toujours pas compris ce que signifie ce charabia de novlangue vide de sens.

à écrit le 29/06/2021 à 12:27
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comment faire pour en faire partie ????

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