Prix Tech for Future 2024 : Algama créé des œufs à partir de microalgues pour mieux nourrir la planète

Créatrice d’ingrédients à base de microalgues pour remplacer des aliments tels que les œufs, la pépite francilienne aux 38 brevets dans 21 pays ambitionne de nourrir les hommes de manière plus vertueuse pour la santé, et pour la planète. Elle vise les industriels et les acteurs de la restauration, partout dans le monde, pour les accompagner vers les alternatives aux protéines animales. Algama remporte le prix « Tech for Future 2024 », le plus grand concours de startups de France organisé par La Tribune, dans la catégorie Environnement et Energie.
Avin Severien, CEO et cofondateur d'Algama Foods, remporte le Prix Environnement & Energie de Tech For Future 2024, le plus grand concours de startups de France, organisé par La Tribune.
Avin Severien, CEO et cofondateur d'Algama Foods, remporte le Prix Environnement & Energie de Tech For Future 2024, le plus grand concours de startups de France, organisé par La Tribune. (Crédits : DR)

« Les algues c'est la plus grande biodiversité sur terre ! », s'enthousiasme Alvyn Severien, cofondateur et CEO d'Algama. Présentes dans les mers, les lacs ou les rivières, elles se déclinent en une myriade d'espèces qui poussent parfois dans des conditions extrêmes et peuvent se reproduire à l'infini. Et surtout, elles contiennent des niveaux très élevés de protéines et de lipides, comme des oméga 3, entre autres nutriments, ouvrant un immense champ des possibles dans divers secteurs, dont l'agro-alimentaire.

De fait, elles y peuvent remplacer des protéines d'origine animale. Si de nombreux laboratoires font progresser la science dans ce domaine, « la difficulté, jusqu'à présent, a été de trouver comment s'en servir, avec le bon coût, la bonne méthode et une bonne qualité », relève le jeune patron. C'est justement là que réside l'innovation de cette start-up francilienne, qu'il a co-fondée en 2013. « Nous avons réussi à transformer les algues en véritables ingrédients utilisables », résume ce diplômé de l'école des Mines.

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De la biomasse au produit fini

La pépite source les microorganismes qu'elle utilise, notamment la spiruline et la chlorelle, auprès de producteurs locaux, situés essentiellement en France et en Europe. L'algue est récupérée sous forme de biomasse. Puis, la plateforme de R&D d'Algama, basée à Malakoff et composée de doctorants et d'ingénieurs en biologie moléculaire et en agronomie, s'attèle à transformer cette biomasse en ingrédients alimentaires, via des procédés sans solvants.

Une démarche d'innovation qui a abouti jusqu'à présent au dépôt de 38 brevets, dans 21 pays. Enfin, la jeune pousse, qui collabore avec des organismes de recherche comme le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), le Cnrs et l'Inrae, se positionne sur toute la chaîne du processus, jusqu'à « l'accompagnement de nos clients sur un produit fini qui correspond à un cahier des charges, avec des critères de prix, de saveur, de praticité ou de durée de vie », détaille Alvyn Severien. Résultat, « un remplacement (ndlr : d'un aliment classique) sans la moindre affectation du goût, mais en utilisant moins d'eau ou de terre, de même qu'en émettant moins de gaz à effet de serre », assure-t-il. Bref, « plus durable et plus sain », puisque sans allergènes ni cholestérol. Et le tout, selon lui, assorti d'un coût avantageux.

Focus sur les œufs

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le produit sur lequel mise Algama pour le moment est une alternative à l'œuf, susceptible de le remplacer dans différents produits allant des crêpes à la mayonnaise, même si la pépite en a développé d'autres pouvant se substituer à des produits laitiers, carnés ou de mer. La raison ? Les œufs représentent « un grand marché qui a un vrai besoin de transformation », estime Alvyn Severien.

En effet, dans un contexte de crise énergétique et des matières premières, notamment, « le prix des œufs a été multiplié par deux ou trois en Europe et jusqu'à dix fois aux Etats-Unis », dit-il. Ce qui complique l'équation, en particulier pour « des acteurs ayant pris l'engagement de s'écarter de l'œuf en batterie au profit de celui en plein air, une offre plus onéreuse et moins disponible », argumente le dirigeant.

Ainsi, la pépite cible, en tant que fournisseur d'ingrédients, les entreprises de l'industrie agro-alimentaire, dans le secteur de la pâtisserie notamment, mais aussi des chaînes de restaurants qui cherchent à végétaliser leurs recettes. Pour les fournir, elle a noué plusieurs partenariats en régions afin de produire ces substituts alimentaires à base d'algues, et se prépare à mettre en production une usine en Belgique, à Liège, l'année prochaine, ce qui devrait lui permettre de sortir jusqu'à 200.000 tonnes d'« équivalent œuf » par an.

Cap sur l'international

Pour aller plus loin, la startup met désormais les bouchées doubles sur son développement commercial. « Nous avons des discussions un peu partout dans le monde, mais nous nous concentrons principalement sur l'Europe, l'Amérique du Nord, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord », confie le dirigeant, tout juste rentré d'une présentation de ses innovations à une conférence foodtech, à San Francisco. Pour accompagner son déploiement, la jeune pousse prépare une deuxième levée de fonds institutionnelle (Série B), après avoir réuni jusqu'à présent un total de 28 millions d'euros, que ce soit auprès d'acteurs industriels comme le groupe pâtissier industriel mexicain Bimbo ou l'entreprise thaïlandaise de pêche et de transformation de produits de la mer, Thai Union Group. Des fonds de capital-risque internationaux (Noshaq, Horizon Ventures, Blue Horizon Ventures, CPT Capital, Veginvest, Beyond Invest, Alvyn Capital...), et des acteurs publics français et européens comme Bpifrance, les Régions ou la Commission européenne, ont également financé l'entreprise.

« Les produits et les clients sont là », assure Alvyn Severien. Reste que l'activité de startups dans ce secteur « requiert des temps longs. Il ne faut pas sous-estimer les ressources nécessaires, tant humaines que financières », tempère le cofondateur de cette société qui compte aujourd'hui une quarantaine de collaborateurs, essentiellement des ingénieurs.

Bien engagée, Algama garde le cap. Avec une ambition : démocratiser l'utilisation de microalgues dans l'alimentation humaine pour mieux nourrir un jour, de façon plus vertueuse, tant sur le plan de la santé que de l'environnement, la population mondiale.

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« Tech for Future » est le plus grand concours de startups de France. Organisé par les rédactions de La Tribune, il est soutenu par des partenaires officiels tels que la Mission French Tech, Bpifrance, Business France, BNP Paribas, Dalkia, Deloitte, BeTomorrow, l'INPI, le ministère des Outre-Mer, Orange, The Box et BFM Business. Il se compose d'une tournée en janvier et février dans tous les territoires (11 étapes dont 8 en métropole et 3 en Outre-Mer), pour repérer les innovations qui changent le monde dans tous les domaines. Au terme de cette tournée, 51 startups de tous les territoires ont été primées. Parmi elles, La Tribune a révélé au Grand Rex de Paris, le 28 mars, les 10 grands gagnants 2024. Après sa victoire lors de la sélection en Ile-de-France, Algama Foods gagne le prix Environnement & Energie de Tech for Future 2024.

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