Sam Altman (OpenAI, ChaptGPT), l'entrepreneur qui veut faire progresser l'humanité grâce à l'intelligence artificielle

A L'AFFICHE. Après le générateur d’images Dall-E, OpenAI défraie une nouvelle fois la chronique avec ChatGPT, son chatbot qui a réponse à tout. L’occasion de se pencher sur le profil du cofondateur et dirigeant de la société, Sam Altman, investisseur historique de la Silicon Valley, ami d’Elon Musk et de Peter Thiel.
Tout comme son ami Peter Thiel, Sam Altman est un pur produit de l'idéologie de la Silicon Valley.
Tout comme son ami Peter Thiel, Sam Altman est un pur produit de l'idéologie de la Silicon Valley. (Crédits : DR)

Nous sommes en 2017, sur la scène de l'événement TechCrunch Disrupt, grande messe technologique annuelle se déroulant à San Francisco. Au journaliste qui lui demande si s'inquiéter du danger posé par l'intelligence artificielle est bien raisonnable, face à tous les risques autrement plus pressants qui pèsent sur l'humanité, Sam Altman répond par un haussement d'épaule.

« Il ne s'agit pas de paniquer, mais simplement d'être prudent ! Même à son niveau actuel, l'intelligence artificielle pose déjà des risques, qu'il s'agisse des biais dans les algorithmes d'apprentissage machine, des armes autonomes ou encore de la désinformation. Sans oublier que notre espèce est particulièrement mauvaise pour prédire les tendances exponentielles. Quelques mois avant le premier vol habité d'un avion, certains des meilleurs ingénieurs du domaine affirmaient qu'il nous faudrait au moins cinquante ans avant de voir un premier vol avec un humain à bord. Nous sommes sans doute plus proches d'une intelligence artificielle générale que nous le croyons. »

Aux manettes du Y Combinator

Si, plus de cinq ans plus tard, l'intelligence artificielle générale, capable de rivaliser avec l'esprit humain, ne s'est toujours pas manifestée, la récente déferlante de ChatGPT montre combien la technologie progresse à pas de géants, avec son lot d'opportunités, mais aussi de problèmes, donnant au moins partiellement raison à Sam Altman. Ironie du sort, c'est sa propre organisation, OpenAI, fondée pour éviter que l'intelligence artificielle se développe dans un sens défavorable à l'humanité, qui se trouve derrière le désormais célèbre chatbot.

Comme nombre de ses pairs de la Silicon Valley, Sam Altman, né en 1985, a très tôt attrapé le virus de l'informatique. À l'âge de huit ans, il maîtrisait déjà les bases du code et savait démonter et remonter un Mac. Des talents précoces qui le conduisent à étudier l'informatique à Stanford, université qu'il quitte toutefois avant d'avoir obtenu son diplôme pour lancer à l'âge de 19 ans et en compagnie de deux amis sa propre startup, Loopt. Un réseau social géolocalisé pour lequel il parvient à lever 30 millions de dollars, et à entrer au Y Combinator, prestigieux accélérateur de startups de la Silicon Valley.

Tout en continuant de développer Loopt, il se lie d'amitié avec deux des cofondateurs de l'accélérateur Paul Graham et Jessica Livingstone, et commence également à travailler à leurs côtés. Il conseille ainsi plusieurs entrepreneurs, dont les créateurs d'Airbnb et de Dropbox, alors deux jeunes pousses membres du Y Combinator. En 2012, Loopt est revendu à la Green Dot Corporation, une banque américaine, pour 43 millions de dollars, et Sam Altman se concentre à temps plein sur le Y Combinator, dont il prend les rênes en 2014.

Fort de ses nouvelles responsabilités, il instille plusieurs changements stratégiques, choisissant de privilégier les startups opérant dans des domaines susceptibles selon lui de bénéficier le plus à l'humanité, comme l'énergie, l'informatique quantique et, bien sûr, l'intelligence artificielle. Il lance également le fond YC research, à but non lucratif et chargé de financer la recherche autour des projets les plus fous, pour lequel il donne dix millions de dollars de sa poche.

Sa fortune personnelle est, elle, estimée entre 200 et 250 millions de dollars, par les médias américains.

Promouvoir une IA éthique

En 2015, en compagnie de son ami Elon Musk, il fonde une autre organisation à but non lucratif, chargée cette fois-ci de promouvoir spécifiquement la recherche autour de l'intelligence artificielle et de faire en sorte que celle-ci bénéficie à toute l'humanité, plutôt que de rester la chasse gardée de quelques grandes entreprises. OpenAI est née. Quatre ans plus tard, et après qu'Elon Musk a quitté le navire, Sam Altman abandonne ses fonctions au sein du Y Combinator pour se consacrer intégralement à OpenAI.

La même année, la logique de la société change. D'organisation à but non lucratif chargée de diffuser l'intelligence artificielle au plus grand nombre, elle devient une véritable entreprise, attirant de gros investisseurs comme Microsoft (qui débourse un milliard de dollars dans la société), auxquels elle promet un juteux retour sur investissement. Si OpenAI remise ainsi quelque peu ses idéaux humanistes au placard pour se mettre au service de ses actionnaires, cet afflux d'argent frais lui permet d'accomplir des progrès spectaculaires, dont les deux avatars les plus récents sont Dall-E, le logiciel de création d'images, et ChatGPT.

« Il va y avoir des moments effrayants à mesure que nous nous rapprochons d'une intelligence artificielle générale, ainsi que d'importantes disruptions, mais les bénéfices potentiels sont tels qu'ils valent largement la peine de faire face aux défis qui vont nous y amener », affirmait récemment Sam Altman sur Twitter, ajoutant que ChatGPT semblerait bientôt « ennuyeux » face à ce que l'intelligence artificielle sera capable d'accomplir.

Un pur produit de la Silicon Valley

Tout comme son ami Peter Thiel, Sam Altman est un pur produit de l'idéologie de la Silicon Valley, marquée par un techno-optimisme très puissant, avec la conviction que le progrès technique constitue le meilleur moyen d'œuvrer au bien-être et à la sauvegarde de l'humanité. À la différence de Peter Thiel, Sam Altman a pris position contre Donald Trump en 2016 et 2020, mais contrairement à nombre de ses pairs qui se contentent de dénigrer, voire de diaboliser les électeurs de Trump, Sam Altman est allé à leur rencontre à l'issue de la campagne de 2016 et a écrit un long article sur ses échanges avec eux.

À l'instar de son compère Elon Musk, il est également très attaché à la défense de la liberté d'expression : « Je me suis rendu compte que j'étais plus à l'aise pour débattre d'idées controversées à Pékin qu'à San Francisco », écrit-il sur son blog en revenant d'un voyage en Chine fin 2017, affirmant que le manque d'ouverture d'esprit qui gagne la Silicon Valley va limiter sa capacité à innover. Un discours qui fait écho à celui de Peter Thiel, qui en 2018 a quitté San Francisco pour Los Angeles, dénonçant l'esprit sectaire et le conformisme idéologique qui règnerait selon lui dans la Silicon Valley.

Convaincu que le changement climatique constitue un risque majeur pour l'humanité, Sam Altman consacre également une partie de sa fortune à soutenir les énergies de demain, comme l'illustre son récent investissement dans Helion, une société spécialisée dans la fusion nucléaire.

On l'aura compris, Sam Altman est également partisan de la théorie de la singularité, qui postule que l'intelligence artificielle dépassera un jour l'esprit humain, perspective qu'il semble trouver à la fois excitante et terrifiante. En attendant, OpenAI pourrait bien s'avérer être une poule aux œufs d'or, comme l'illustre la volonté affichée par Microsoft d'insérer ChatGPT dans plusieurs de ses produits, volonté à laquelle OpenAI a déjà réagi avec enthousiasme. Car en bon représentant de la Silicon Valley, Sam Altman sait associer à son idéalisme humaniste un sens aigu des affaires.

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Commentaires 3
à écrit le 15/01/2023 à 22:14
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Ben, je ne suis pas sûr de ses réponses... Posez lui la question: Quelles sont les couleurs du drapeau marocain.... Vous allez être surpris de la réponse ... Y a encore du boulot pour lui faire apprendre des choses ...

à écrit le 14/01/2023 à 10:50
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Encore un sociopathe de plus?

à écrit le 14/01/2023 à 9:03
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Qu'appelle t'on "progresser" quand on n'a aucun progrès en bout de course ! Peut être une perte d'amélioration ? ;-)

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