Sendinblue lève 140 millions d'euros pour digitaliser le marketing des TPE-PME

Forte de 185.000 clients parmi les TPE et PME, dont 70% à l'international, la startup dirigée par Armand Thiberge ambitionne de devenir l'outil de référence pour la gestion marketing et commerciale des TPE et PME du monde entier.
Sylvain Rolland
(Crédits : iStock)

Dans le monde post-Covid-19, les solutions qui facilitent la transformation numérique des entreprises ont le vent en poupe. C'est le cas de la startup Sendinblue, spécialisée dans le marketing digital à destination des TPE et des PME. La pépite parisienne annonce, ce jeudi 1er octobre, le succès d'un tour de table de 140 millions d'euros, mené auprès du fonds européen Bridgepoint Development Capital, avec le soutien de ses investisseurs historiques français Partech Growth et Bpifrance. L'objectif de cette méga-levée est clair : garder l'avance technologique et conquérir rapidement de nouveaux marchés à l'international, afin de devenir l'outil de référence pour le marketing digital des petites et moyennes entreprises.

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Plateforme "tout-en-un"

La spécificité de Sendinblue, et son principal avantage concurrentiel, est sa solution "tout-en-un" spécialement pensée pour les TPE, les PME, les artisans, les e-commerçants et les associations. Autrement dit, des entreprises dont beaucoup restent encore à la traîne de la révolution numérique, et qui ont besoin d'outils simples et pratiques pour s'adapter et développer leur activité. Une manière aussi d'éviter la concurrence frontale avec Salesforce, par exemple, qui s'attaque surtout aux grands groupes.

Sendinblue propose aux petites entreprises un logiciel doté de tous les outils de base du marketing digital : campagnes par emailing, SMS et newsletters -son cœur d'activité depuis sa création en 2007-, mais aussi des chatbots -ces fenêtres conversationnelles pour engager le dialogue avec un client en ligne-, des outils de "marketing automation" -comme une relance automatique, par mail, trois heures après la visite si le client n'a pas acheté ce qu'il a déposé dans son panier virtuel-, ou encore un CRM permettant de gérer plus facilement les actions marketing et commerciales de l'entreprise.

"Beaucoup de TPE et de PME ne sont pas à l'aise avec le numérique et ont besoin d'une solution tout-en-un et très simple à utiliser pour s'y mettre", affirme Armand Thiberge, cofondateur en CEO de l'entreprise. Lors de sa création en 2007, en Inde, Sendinblue était une agence web. "Pendant quelques années on a simplement aidé des entreprises à faire leur site web. A leur demande, nous avons fini par leur fournir une solution de marketing digital pour gérer leurs campagnes par courriels, qui s'est révélée être Sendinblue, en 2012", explique l'entrepreneur.

Mais avec l'explosion de la concurrence et le développement de nouveaux outils de marketing digital comme les chatbots, Sendinblue pivote en 2017, à la faveur de sa première levée de fonds de 30 millions d'euros, menée auprès de Partech Growth. Sa nouvelle stratégie : élargir sa palette de services pour se différencier d'une concurrence de plus en plus féroce sur la verticale de l'emailing.

"Nous sommes devenus une véritable plateforme avec plusieurs briques technologiques dans le même logiciel, pour avoir un avantage face à des concurrents hyper-spécialisés comme nous l'étions, et parce que nos clients préfèrent un seul outil simple et complet plutôt que plusieurs logiciels différents", ajoute-t-il.

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185.000 clients dont 70% à l'international

Ce positionnement s'est révélé gagnant. De 2017 à 2020, Sendinblue est passée de 50.000 à 185.000 clients dans le monde, et d'un chiffre d'affaires de 10 millions à 50 millions d'euros en 2020. Membre du Next40 -le label des 40 plus belles pépites de la French Tech-, la scale-up mise désormais essentiellement sur l'international pour devenir le leader mondial de son secteur. 70% de ses clients sont à l'international, une proportion qui ne cesse de grandir, notamment aux Etats-Unis. "Nous recrutons 2,5 fois plus de nouveaux clients aux Etats-Unis qu'en France, car le marché est immense et un peu plus mature", indique Armand Thiberge. "C'est là-bas qu'il nous faut accélérer vite pour prendre des parts de marché et devenir numéro un".

D'où le choix d'un investisseur international pour mener la levée de fonds, et l'ouverture, depuis avril dernier, d'un nouveau bureau à Toronto, au Canada, pour adresser la côte Est du continent nord-américain. L'entreprise était déjà présente à Seattle (côte Ouest des Etats-Unis) depuis 2017. Au total, Sendinblue emploie aujourd'hui plus de 400 employés : 150 en Inde, où sont restées l'essentiel des équipes de R&D, 150 en France (siège social, R&D, service client, marketing...), 70 à Berlin, 30 à Seattle et 5 à Toronto. "Le but est de quadrupler à la fois le chiffre d'affaires et les effectifs dans les 5 prochaines années" ambitionne le cofondateur.

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Rachats en vue

Les 140 millions d'euros serviront donc à la fois à investir dans la R&D, dans les forces commerciales, mais aussi à racheter des concurrents pour adresser de nouveaux pays. Arnaud Thiberge compte ainsi dupliquer la stratégie menée en Allemagne avec le rachat, début 2019, de Newsletter2go. "Nous ciblons deux types d'entreprises : des startups qui développent des briques technologiques que nous pourrons intégrer et proposer à nos clients pour élargir notre spectre de services, et des acquisitions géographiques comme en Allemagne, qui nous permettent de conquérir plus rapidement un marché", décline l'entrepreneur.

Dans cette perspective, nul doute que les 140 millions levés ne sont qu'un début. "Cela nous permettra de rester en pointe technologiquement pour pour suivre notre conquête du marché, et de mener quelques acquisitions stratégiques", résume le CEO, qui pense repasser par la case investisseurs d'ici à deux ou trois ans. Avec l'espoir de devenir, à terme, l'un des géants européens de la tech qui font cruellement défaut aujourd'hui.

Sylvain Rolland

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