Amazon lance le robot Astro, un "Alexa sur pattes" symbole de ses ambitions dans la maison intelligente

Déjà riche d'un écosystème de plusieurs centaines de produits et services fonctionnant avec l'assistant vocal Alexa, Amazon a dévoilé Astro, un robot de compagnie doté d'une tablette en guise de tête. Attendu depuis longtemps, l'engin est capable à la fois d'interagir avec les habitants de la maison mais aussi d'effectuer des patrouilles en leur absence pour la surveiller. Plus qu'un énième gadget, Astro est une étape supplémentaire dans la volonté d'Amazon de régir la vie quotidienne par la main invisible de la technologie.
Sylvain Rolland
(Crédits : Amazon)

"Les technologies les plus profondes sont celles qui disparaissent. Elles se fondent dans la vie quotidienne jusqu'à ce qu'elles en deviennent indissociables", disait l'informaticien Mark Weiser, chef scientifique de Xerox dans les années 1990 et premier théoricien de "l'informatique ubiquitaire", c'est-à-dire l'ère dans laquelle chacun dispose d'une multitude de petits objets informatiques connectés entre eux, au service de son bien-être, à la maison, en mobilités ou au travail.

Aujourd'hui, Amazon et d'autres entreprises tech ont un mot plus moderne pour le même concept : "l'intelligence ambiante" ou "ambient intelligence" en anglais. Autrement dit, la technologie invisible qui régit les relations entre les humains et les objets connectés qui l'entourent. C'est le fantasme d'une vie où la technologie fluidifie le quotidien pour l'épurer de ses contraintes matérielles, comme dans un film de science-fiction : un capteur reconnaît votre voiture et ouvre le portail de la propriété, puis un système de reconnaissance faciale vous identifie et débloque la serrure de la porte d'entrée lorsque le portail se referme derrière vous. Puis il analyse votre visage et détecte que vous êtes fatigué. Alors le "système" tamise les lumières du salon, déclenche une musique d'ambiance douce sélectionnée à partir de vos goûts sur Spotify, monte le chauffage d'un degré, et vous demande si vous souhaitez vous faire livrer à manger, avant de vous rappeler de regarder votre émission favorite à 21 heures et de penser à envoyer l'email de préparation pour la réunion de demain matin au travail.

Horizon et utopie de la domotique et de la robotique de service, largement basé sur le "edge computing" (les données de chaque appareil ne remontent pas sur des serveurs centraux mais sont traitées en périphérie du réseau), l'intelligence ambiance a dominé les annonces d'Amazon sur ses nouveaux produits, mardi 28 septembre.

Astro, un "Alexa sur pattes" qui surveille la maison et assiste au quotidien

La plus emblématique d'entre elles est la commercialisation imminente du robot Astro. Véritable "Alexa sur pattes" de moins de 10 kg et 60 centimètres, l'engin est doté de roulettes et d'une tablette à la place de la tête et se promène en toute autonomie dans la maison.

Pour quelle utilité ? La sécurité et le confort, principalement. Amazon présente Astro comme un "robot-patrouilleur" capable d'inspecter le logement en l'absence des occupants. Evidemment doté du système de reconnaissance vocale Alexa, pierre angulaire de toute la domotique d'Amazon, Astro peut répondre à une demande pour aller braquer sa caméra dans une pièce et la cartographier. Et quand le logis est occupée, c'est un assistant mobile : il sait reconnaître des visages, apprendre des habitudes de chacun pour les leur rappeler, et effectuer toutes les autres tâches d'Alexa comme commander en ligne des produits par la voix. Amazon imagine aussi que le robot pourrait servir à vérifier que tout va bien chez des proches âgés.

"C'est de la science-fiction devenue réalité", s'est félicitée l'ingénieure Suri Maddhula, qui a travaillé sur le projet, dans la vidéo d'Amazon. Ressemblant à un mélange entre un aspirateur intelligent et le robot de compagnie Pepper, Astro coûtera 1.000 dollars aux Etats-Unis dans un premier temps (858 euros environ), puis environ 1.450 dollars (1244 euros environ).

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Alexa, pierre angulaire de la maison intelligente d'Amazon

Parmi les nombreux autres produits dévoilés par Amazon dans cette conférence, figurent notamment Amazon Glow, un objet qui projette un écran sur une table, ou encore le Echo Show 15, un écran qui s'accroche sur le mur et doté de reconnaissance faciale pour des interactions personnalisées.

Autant de nouvelles pierres qui enrichissent l'immense écosystème d'Alexa, l'assistant vocal d'Amazon présent sur tous ses produits. Nourri à l'intelligence artificielle et capable de faire le lien et d'apprendre de tous les objets connectés et de tous les appareils informatiques qui y sont connectés, Alexa est le centre névralgique de l'utopie de la maison intelligente que s'efforce de construire le géant de Seattle. "Nous considérons Alexa comme le fondement de ce nous appelons en interne l'intelligence ambiante", a expliqué Dave Limp, le patron de la division hardware d'Amazon, tout en pointant que l'écosystème d'Alexa comprend "des centaines de services différents, certains dans le cloud, certains en edge computing", c'est-à-dire qui communiquent les uns avec les autres sans passer par le cloud, au sein d'un écosystème interne qui se veut plus sécurisé.

Car la sécurité de ces objets et le fait qu'ils monitorent et sont témoins de notre intimité, avec les risques de piratage et de surveillance étatique que cela implique, sont le principal frein à l'adoption de "l'intelligence ambiante" dans nos vies. Plus que des gadgets, il s'agit d'un vrai projet de société dans lequel la vie quotidienne est régie -pour notre propre bien- par la main invisible de la technologie, grâce à la puissance des data. Tous les géants du net y travaillent, à commencer par Amazon, mais aussi Apple dont les montres connectées ambitionnent de monitorer en temps réel notre santé, ou encore Facebook avec son "metaverse", un univers virtuel en réalité augmentée où pourront se retrouver des personnes se connectant depuis n'importe quel endroit du globe.

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Craintes sur la sécurité de "l'intelligence ambiante"

Epinglé depuis plusieurs années par des organisations de défense de la vie privée, Alexa a déjà prouvé que le risque de surveillance est réel. En 2019, le groupe fondé par Jeff Bezos avait été critiqué après des révélations sur des employés chargés d'écouter des conversations enregistrées par Alexa pour, selon Amazon, améliorer le système. La gamme de produits Ring -sonnettes avec caméra intégrée, alarmes pour portes et fenêtres...- a aussi été au centre de polémiques à cause de leur utilisation par les forces de l'ordre.

Logiquement, le robot Astro déclenche donc des craintes. "Dans certains scénarios, une telle caméra de surveillance chez soi peut être utile mais l'appareil pourrait aussi servir de cheval de Troie à des hackers ou à la police", a estimé Matthew Guariglia, un analyste de l'ONG Electronic Frontier Foundation, cité par l'AFP. Pour rassurer, Dave Limp a précisé que les utilisateurs pouvaient verrouiller les objectifs et micros du robot, qui émet des sons et affiche des messages si jamais quelqu'un essaye de le pirater. Il a aussi assuré qu'Amazon n'avait pas accès aux caméras à distance d'Astro.

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Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 29/09/2021 à 18:07
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La société marchande va tuer les robots domestiques, comment voulez vous qu'elle réussisse l'IA ?

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