Antitrust : 50 États américains vont enquêter sur Google

Cinquante autorités américaines ont lancé lundi une enquête conjointe sur les géants de la tech, et plus particulièrement Google. Elles vont notamment se pencher sur les pratiques du géant de l'Internet en matière de publicité en ligne. Cette investigation vient compléter une première enquête lancée au niveau fédéral en juillet.
Anaïs Cherif
(Crédits : Arnd Wiegmann)

La puissance de Google est cernée par les autorités américaines. 48 États américains, ainsi que le District de Colombia et de Porto Rico, ont ouvert lundi une enquête conjointe sur les géants de la Tech. Ainsi, l'ensemble des États et territoires américains participent à cette investigation... à l'exception de la Californie, où se situe le siège du numéro un mondial de la recherche en ligne et celui de la plupart des géants de la Tech, et de l'Alabama, souligne l'AFP.

La procédure se concentre majoritairement sur Google, et plus particulièrement sur ses pratiques dans le secteur de la publicité. La firme de Mountain View est régulièrement accusée de profiter de sa position ultra-dominante à l'échelle internationale de son moteur de recherche. Elle est ainsi suspectée d'orienter à leur insu les internautes vers ses propres produits et services, au détriment de ceux de ses concurrents. Sa régie publicitaire, baptisée AdSense, est d'ailleurs soupçonnée de pratiques anti-concurrentielles.

Google déjà sanctionné par 3 amendes en Europe

Depuis deux ans, la Commission européenne a déjà infligé à Google trois amendes pour abus de position dominante : 2,42 milliards d'euros pour avoir abusé de sa position dominante dans la recherche en ligne en favorisant son comparateur de prix "Google Shopping" au détriment de services concurrents (juin 2017), 4,34 milliards d'euros -un record dans l'histoire de la concurrence européenne- pour avoir abusé de la position dominante d'Android, son système gratuit d'exploitation pour smartphone afin d'asseoir la suprématie de son service de recherche en ligne (juillet 2018). Enfin, le géant américain a écopé de 1,49 milliard d'euros pour abus de position dominante à via AdSense (mars 2019). Google a fait appel de ces deux dernières décisions devant la Cour européenne de justice à Luxembourg.

"Le ministère de la Justice nous a (déjà) demandé de fournir des informations sur des enquêtes antérieures et nous nous attendons à ce que les procureurs généraux des États nous posent des questions similaires", écrit dans un communiqué de presse publié vendredi Alphabet, maison-mère de Google.

"Nous avons toujours travaillé de manière constructive avec les régulateurs et nous continuerons de le faire", affirme le groupe, avant de se revendiquer comme "l'un des plus grands investisseurs dans la recherche et le développement, qui stimulent l'innovation".

Un précédent avec Microsoft dans les années 1990

Cette nouvelle enquête conjointe vient ainsi s'ajouter à celle diligentée en juillet par le département de la Justice au niveau fédéral. Ce dernier s'intéresse, là aussi, aux potentiels non-respect de la législation antitrust par Google, mais aussi Facebook, Amazon et Apple. L'ogre du e-commerce Amazon est accusé pour sa part de pratiques déloyales au détriment de vendeurs tiers sur son site. Apple est quant à lui mis en cause par des développeurs d'applications qui lui reprochent de ne distribuer les applications pour iPhone que via son App Store. Enfin, Facebook est visé par plusieurs enquêtes de la part des autorités américaines concernant entre autres la protection des données.

Si le département de la Justice a été le premier à lancer son enquête, l'arrivée commune des États pourrait jouer un rôle moteur pour la suite. Le dernier cas d'école en Tech remonte aux années 1990, lorsque Microsoft a été accusé de position dominante dans les systèmes d'exploitation des PC via son navigateur Explorer. Vingt États avait alors appuyé et accéléré l'enquête fédérale, poussant ainsi Microsoft à faire quelques concessions.

La Tech, longtemps restée à l'abri des radars des régulateurs

Il est encore trop tôt pour déterminer l'issue de ces enquêtes, mais celles-ci marquent un tournant pour le secteur de la Tech, resté longtemps à l'abri des radars des régulateurs. Sous l'administration Obama, la FTC avait enquêté sur les résultats de recherches proposés par Google, mais l'affaire s'était clôturée sans aucune mesure contraignante. Une décision alors vivement critiquée par l'opinion publique.

Ces annonces interviennent suite à une année 2018 marquée par les polémiques à répétition pour les géants de la Tech, égratignant leur image de marque. Facebook a ainsi été éclaboussé par le scandale Cambridge Analytica, en ayant permis à ce cabinet d'analyse de mettre la main sur les données personnelles de 87 millions de ses utilisateurs à des fins politiques. Cette polémique a été suivie par des fuites de données à répétition, tant chez Facebook que Google et Amazon. En vue de l'élection présidentielle américaine de 2020, plusieurs candidats, dont la démocrate Elizabeth Warren, ravivent la menace d'un démantèlement des Gafa.

| Lire aussi : Démanteler les Gafa ? L'idée ressurgit aux Etats-Unis

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 10/09/2019 à 23:06
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Le gouvernement US veut des Gafas puissants... mais qui restent moins puissants que le gouvernement US.

à écrit le 10/09/2019 à 17:24
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vous croyez vraiment qu'a l'heure des geants chinois les yankees vont demanteler leurs champions mondiaux pour se faire taner le cuir par uncle chang? ils ne sont pas fous a ce point !

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