Cloud de confiance : Whaller et OVHCloud s'allient pour proposer enfin une solution 100% souveraine

La plateforme sociale et collaborative française Whaller s'allie à OVHCloud pour proposer un "cloud de confiance" destiné spécifiquement aux administrations publiques. Il s'agit de la quatrième offre s'inscrivant dans le cadre de la stratégie définie par l'Etat en mai, après celles de Microsoft avec Orange et Capgemini, Google avec OVHCloud, et Google avec Thales. Mais c'est la première solution 100% française, donc vraiment souveraine.
Sylvain Rolland
(Crédits : CHARLES PLATIAU)

Il était temps. Mardi 12 octobre, Whaller, spécialiste français des plateformes sociales et collaboratives pour les entreprises et les administrations, a fait son entrée dans le club très fermé des solutions conformes au "cloud de confiance" souhaité par l'Etat dans sa stratégie nationale pour accélérer la transformation numérique des organisations. Pour cela, Whaller s'est allié avec OVHCloud.

Dans le détail, la société parisienne fournira sa plateforme d'outils alternatifs à ceux des Gafam américains, à l'image de sa suite bureautique Whaller 365 qui fait penser à celle de Microsoft Office 365, sa solution de visioconférence BigBlueButton, ou encore ses fils de discussions dédiés comme ceux de Slack. De son côté, le roubaisien fournira l'infrastructure d'hébergement certifiée SecNumCloud. Le tout au service de la doctrine "cloud au centre" voulue par l'Etat pour les administrations, qui sont très en retard dans leur transformation numérique alors qu'elles sont confrontées aux enjeux de modernisation de l'Etat et de manipulation de données stratégiques.

Lire aussi Doctrine "cloud" de l'Etat : le grand malaise

Un "Cloud au centre" enfin 100% français

Contrairement aux offres de "cloud de confiance" de Microsoft avec Orange/Capgemini, de Google avec OVHCloud et de Google avec Thales, Whaller et OVHCloud n'auront pas besoin de créer une co-entreprise de droit français pour proposer leur solution commune. Et pour cause : les deux acteurs sont tricolores. Il s'agit en fait simplement d'un accord commercial, qui permet d'intégrer les solutions logicielles de Whaller dans une nouvelle offre hébergée sur les infrastructures cloud d'OVHCloud labellisées SecNumCloud par l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (ANSSI). D'après nos informations, l'offre sera commercialisée par Whaller et disponible dès 2022.

"Notre plateforme SaaS est déjà hébergée sur des serveurs OVHCloud, mais ceux-ci ne répondent pas aux exigences de la doctrine Cloud au centre avec le futur label cloud de confiance. Alors nous avons conçu cette nouvelle offre, spécifique pour les administrations, qui permet d'héberger nos services sur le cloud qualifié SecNumCloud d'OVHCloud. Ce partenariat nous rend éligibles au label cloud de confiance imposé par le gouvernement, ce qui nous permet de proposer une offre vraiment souveraine et immune au droit extraterritorial américain. C'est crucial pour les administrations car elles traitent de données ultra-sensibles", précise à La Tribune Thomas Fauré, le directeur général de Whaller.

Cette alliance de coqs entre Whaller et OVHCloud sonne comme un énorme pied de nez à l'Etat, et notamment au ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, et au secrétaire d'Etat à la Transition Numérique, Cédric O. Lors de la présentation de la stratégie nationale en mai dernier, les deux ministres n'avaient pas eu un mot pour les acteurs français du cloud, ce qui avait été vécu comme un lâchage en règle par de nombreux acteurs de la filière.

Le torchon brûle entre l'Etat et les acteurs français du cloud

Pire : une semaine plus tard, lorsque Microsoft et Orange/Capgemini ont annoncé la première offre "cloud de confiance" en réponse à cette stratégie nationale, c'est-à-dire la création d'une co-entreprise baptisée Bleu basée sur les technologies de Microsoft mais juridiquement établie en France, Cédric O s'était immédiatement fendu d'un soutien public, sous la forme d'un communiqué de presse, pour se "féliciter de voir notre écosystème national collaborer avec Microsoft" et appeler les opérateurs de services essentiels (OSE), les administrations et les startups à "embarquer" dans Bleu.

Pour l'Etat, la création d'une co-entreprise de droit français et l'obtention du label SecNumCloud de l'Anssi, suffisent pour garantir la sécurité des données et surtout la sécurité juridique vis-à-vis du droit extraterritorial américain. Et c'est pourquoi Bleu, mais aussi la co-entreprise annoncée un peu plus tard entre Google et OVHCloud, et celle annoncée la semaine dernière entre Google et Thales, ont toutes les trois reçu l'onction suprême du gouvernement, qui les présente comme "souveraines" malgré le paradoxe évident du recours à des technologies américaines au cœur de leur offre de services.

Or, cette conception de la souveraineté numérique fait s'étouffer les acteurs français du cloud, les experts informatiques et de nombreux spécialistes du droit extraterritorial américain. D'après nos informations, la stratégie "cloud de confiance" fait même grincer beaucoup de dents au sein même de l'Etat, notamment à l'Anssi, à la Direction interministérielle du numérique (DINUM) et à la Direction générale des entreprises (DGE). Pour ce beau monde, l'impossibilité pour les Français d'accéder au code source des logiciels américains qu'ils proposeront, réduit les co-entreprises au simple rang d'hébergeur et laisse la valeur -les données- aux Gafam. Plus grave encore, le principe de la co-entreprise règle certes l'insécurité juridique relative au Cloud Act, mais elle ne rend pas la solution immune à la loi FISA, qui s'applique aussi aux fournisseurs américains de technologies. Sans compter que cette stratégie ouvre grand les portes des administrations et des entreprises stratégiques françaises à Google et Microsoft. Ce qui revient à aggraver la dépendance de la France à leur égard en rendant les fleurons nationaux dépendants des décisions des Gafam concernant l'évolution de leurs services.

Des écueils que l'alliance entre les deux français Whaller et OVHCloud éviteront. Si cette solution ne sera disponible que pour les administrations, Whaller y a déjà un pied : la startup parisienne équipe des collectivités et certains ministères, dont celui de la Culture, des Armées, et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Sylvain Rolland

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Commentaires 9
à écrit le 14/10/2021 à 8:52
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C'est sûr qu'en 2014 Microsoft n'a pas connu de genre d'erreurs humaines. Je cite un article que vous trouverez facilement "Dans la nuit de mercredi à jeudi, le service Cloud Azure proposé par Microsoft a connu une série de dysfonctionnement de vaste...

le 19/10/2021 à 22:27
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Merci pour ce super commentaire qui remet les GAFAM à leur niveau. Si tous les clients non statisfaits d'AWS se manifestait, cela ferait du bien.

à écrit le 13/10/2021 à 18:09
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Faire confiance à ovh alors que la data center a brûler a Strasbourg. Pas de sécurité informatique chez ovh cloud ??? Bizarre la politique d'ovh. Les électrons ça chauffe l'électronique donc les serveurs, si ça a brûler c'est qu'il n'y avait de systè...

à écrit le 13/10/2021 à 18:09
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Faire confiance à ovh alors que la data center a brûler a Strasbourg. Pas de sécurité informatique chez ovh cloud ??? Bizarre la politique d'ovh. Les électrons ça chauffe l'électronique donc les serveurs, si ça a brûler c'est qu'il n'y avait de systè...

le 19/10/2021 à 22:25
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Bravo! c'est en s'alliant que des grands groupes numériques pourront apparaître!

à écrit le 13/10/2021 à 11:45
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Dans les architectures n-tiers je voudrais... la couche confiance !

à écrit le 13/10/2021 à 10:09
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Avec cette excellente nouvelle pour la French Tech, on va se gaver avec l'intro d'OVHcloud. 200 titres : offre prioritaire

à écrit le 13/10/2021 à 9:55
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La particularité des nuages, c'est d'obscurcir le ciel, et provoquer des précipitations qui, on le constate sont de plus en plus dévastatrices. Ainsi en sera t il du Cloud.

à écrit le 13/10/2021 à 9:22
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Enfin une star upindeoendabte des réseaux us et autres … les autres ne sont que dés ersatz de Google et Microsoft ou l espionnage est toujours possible contrairement à ce qu’elles prétendent bref des op commerciales et non sécurisées … à suivre

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