Kick, concurrent en pleine ascension de Twitch, sous l'épée de Damoclès d'un blocage en France

Selon les informations de La Tribune, la plateforme Kick est dans le viseur de l’Autorité nationale des jeux (ANJ). Après avoir constaté un « contenu problématique » relevant de la promotion d'une offre illicite de jeux d'argent, l'ANJ lui a « rappelé la législation » et ne s'interdit pas d'« exercer son autorité », en vue d'un éventuel blocage.
La diffusion en ligne de jeux d'argent pourrait poser quelques difficultés à Kick à l'avenir.
La diffusion en ligne de jeux d'argent pourrait poser quelques difficultés à Kick à l'avenir. (Crédits : Kick)

Beaucoup l'avaient prédit : le rêve Kick n'est pas fait pour durer. Malgré une ascension fulgurante, la sulfureuse plateforme de streaming en ligne qui ambitionne de concurrencer Twitch, pourrait avoir des difficultés à l'avenir. Et ce non par rapport à sa rentabilité, comme le craignaient certains, mais par rapport à son lien fort avec sa maison mère, la société de casinos en ligne Stake, détenue pour le milliardaire australien Ed Craven.

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Selon les informations de La Tribune, l'Autorité nationale des jeux (ANJ), l'organisme régulateur des jeux en France, a très récemment pris contact avec la plateforme pour lui rappeler la législation en vigueur sur la promotion de jeux d'argent en ligne. Le début d'un dialogue, qui, en l'absence de réponse de Kick, pourrait aller jusqu'au blocage dans le pays. Certains en Europe ont d'ailleurs déjà sauté le pas : la Grèce, par exemple, a totalement banni Kick de son territoire. La France pourrait-elle lui emboîter le pas ?

Promotion d'une offre illicite de jeux d'argent

Pour rappel, Stake, la maison mère de Kick, s'était déjà attirée les foudres de l'ANJ en 2021. Ne possédant pas d'agrément légal, les activités de la plateforme avaient été jugées illicites par l'organisme, qui avait alors saisi le Tribunal administratif de la ville de Paris pour en demander le blocage. Ce dernier avait, à l'issue du jugement, enjoint aux fournisseurs français d'accès à internet « d'empêcher l'accès au site accessible depuis les adresses www.stake.com et stake.com », qui proposait « de miser sur une offre de jeu non autorisée, en utilisant de la cryptomonnaie ».

« Si l'offre illicite de jeux d'argent est un délit pénal, la promotion d'une offre illicite de jeux d'argent l'est également », rappelle l'ANJ à La Tribune. Il y a quelques jours, ayant constaté « un contenu problématique » sur la plateforme, l'organisme a donc « pris contact » avec Kick dans une démarche « conventionnelle » afin de lui « rappeler la législation en vigueur sur la diffusion de jeux d'argent par des opérateurs illicites ». « Notre démarche, en tant que régulateur, est avant tout une démarche de prévention et de dialogue avec la plateforme pour voir ce qu'il est possible de faire quant à ce que nous avons pu constater », prévient toutefois l'ANJ.

À ce jour, la plateforme n'a pas encore répondu aux sollicitations de l'ANJ. Si Kick venait à les ignorer, l'organisme pourrait être amené à « exercer son autorité » en engageant des investigations pouvant aboutir à la décision d'un blocage de la plateforme. « Quelque soit l'issue, l'ANJ s'adaptera avec Kick, ou à l'encontre de Kick », conclut l'organisme. Si la plateforme a très récemment lancé une fonctionnalité permettant aux utilisateurs de bloquer tous les streams de jeux d'argent, il reviendra à l'ANJ d'évaluer si la mesure est suffisante.

Blocage en Grèce

L'ANJ s'était déjà penchée sur ce genre de dossier : en 2022, le géant du streaming en ligne Twitch, principal concurrent de Kick, avait dû répondre aux sollicitations de l'organisme. À l'issue d'une concertation, la plateforme avait pris des mesures en fin d'année pour interdire la diffusion de jeux d'argent, afin de protéger les consommateurs, parfois très jeunes.

Ces mesures avaient permis à Kick de faire de la diffusion de jeux d'argent son principal argument de différenciation par rapport à Twitch. Une stratégie loin d'être anodine puisque la maison mère de la plateforme, Stake, est un pilier du business très controversé des casinos en ligne de cryptomonnaies. En outre, Kick fait face depuis plusieurs semaines à des accusations de promotion de la société, en plus d'inciter les consommateurs à s'essayer aux jeux de cryptomonnaies en ligne. Les chaînes de la catégorie « Jeux d'argent et casinos » rassemblent en effet le plus de spectateurs sur la plateforme, loin devant les chaînes de gaming [jeu vidéo, ndlr].

Cette activité a placé Kick dans le viseur de plusieurs pays : la Grèce est le premier en Europe à avoir demandé le blocage total de la plateforme par les fournisseurs d'accès, justifiant la décision par son lien trop étroit avec Stake, « qui fournit des services de jeux d'argent non autorisés ».

Ascension fulgurante

Kick avait pourtant fait une arrivée explosive sur le marché du streaming en ligne : lancée en décembre 2022, la plateforme avait réussi un départ canon, passant de 13 millions de visites au mois de janvier à 74 millions en mai avec un pic à 81 millions en avril, selon le site d'analyse de données Similarweb. Fin juin, l'entreprise avait revendiqué 10 millions d'inscrits sur la plateforme depuis son lancement. Ce succès quasiment instantané n'est pourtant pas le fruit d'une innovation particulière, mais bien celui d'une stratégie agressive de Kick qui compte bien faire trembler Twitch, le géant du marché.

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Au centre, la rémunération très avantageuse des créateurs de contenus : 95% pour le vidéaste, 5% pour la plateforme, en plus de pouvoir conserver l'intégralité des dons et des pourboires offerts par leurs abonnés. La modération quasi inexistante et les sanctions très légères font également partie du nerf de la guerre pour attirer les internautes.

Un pari en cours de réussite, puisque des grands noms du streaming français ont récemment annoncé rejoindre la plateforme, comme ChowH1, premier en nombre de vues sur le très populaire Call of Duty, Warzone 2 ou encore Amaru, à la communauté frôlant le million d'abonnés sur Twitch. Outre-Atlantique, le très populaire xQc a signé un contrat digne d'un transfert de foot pour rejoindre la plateforme : 100 millions de dollars, une somme record.

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