Pourquoi Twitter mise sur les "centres d'intérêts"

La site de micro-blogging a dévoilé mardi la création d'une nouvelle fonctionnalité, permettant de suivre des "centres d'intérêts". Cette annonce illustre la volonté de Twitter "d'assainir" sa plateforme en favorisant les conversations, tout en augmentant le temps d'utilisation du réseau social.
Anaïs Cherif
Lors de ses derniers résultats trimestriels présentés en juillet, Twitter revendiquait 139 millions d'usagers quotidiens monétisables avec un chiffre d'affaires de 841 millions de dollars (+18% sur un an).
Lors de ses derniers résultats trimestriels présentés en juillet, Twitter revendiquait 139 millions d'usagers quotidiens monétisables avec un chiffre d'affaires de 841 millions de dollars (+18% sur un an). (Crédits : Kacper Pempel)

Twitter veut capter davantage l'attention. Le site de micro-blogging a annoncé mardi, lors d'une conférence de presse donnée à San Francisco, une nouvelle fonctionnalité : permettre aux utilisateurs de suivre des "centres d'intérêts". Par exemple, il sera possible de consulter l'intégralité des tweets se référant à une équipe sportive. Par extension, il sera aussi possible de masquer certains sujets pour éviter, par exemple, de se faire spoiler la fin de sa série préférée.

Les centres d'intérêts seront définis par Twitter. Le réseau social s'appuiera sur de l'apprentissage automatique pour identifier l'intégralité des publications cohérentes sur le sujet -- sans recourir à de la curation humaine, selon The Verge. Avec cette fonctionnalité, Twitter espère "aider (les utilisateurs) à trouver de nouvelles personnes à suivre", rapporte l'AFP.

Cette option est actuellement en cours de test sur le système d'exploitation mobile Android et devrait être déployée d'ici la fin de l'année. Elle est disponible uniquement pour des sujets relatifs au sport pour l'instant, mais elle devrait ensuite s'étendre à d'autres domaines, comme l'actualité ou le divertissement.

Favoriser les conversations "saines"

Si l'annonce peut paraître anecdotique, elle illustre la volonté profonde de Twitter de remodeler son mode de fonctionnement. Fondé en 2006, le réseau social est régulièrement accusé de favoriser le cyber-harcèlement et d'attirer les "trolls" (ces fameux comptes qui commentent systématiquement les publications de façon ironique ou haineuse). Cela s'explique par l'ADN de la plateforme : Twitter mise sur des messages ultra-courts ne permettant pas de développer sa pensée -- quelques centaines de signes seulement -- et la viralité est favorisée par le "retweet", qui permet de republier un message sur son compte en un clic.

Longtemps à la traîne sur le sujet, la croissance de Twitter en aurait fait les frais. En 2015, Dick Costolo, ancien directeur général de l'entreprise, estimait dans un mémo interne : "Nous sommes nuls pour gérer les abus et les trolls sur la plate-forme et nous l'avons été depuis des années", avant de poursuivre : "Ce n'est pas un secret et le reste du monde en parle tous les jours : nous perdons utilisateur après utilisateur en ne répondant pas aux problèmes de trolls auxquels ils sont confrontés tous les jours."

Ce fléau nuisait également à son business model -- reposant intégralement sur la publicité -- puisque les annonceurs étaient frileux. Conséquence : depuis 2016, Twitter s'est donné pour mission "d'assainir" sa plateforme pour favoriser les conversations. La plateforme a multiplié les actions, avec la suppression des faux comptes, la limitation de l'usage automatisé des tweets, le remplacement des tweets les plus récents par les messages les plus pertinents...

Augmenter le temps passé sur Twitter

Mardi, Twitter a annoncé vouloir s'orienter davantage vers la conversation en ligne. "Nous sommes en train de réécrire tout le service de conversation", a déclaré Kayvon Beykpour, responsable de l'équipe produit, selon l'AFP. "Nous remodelons l'infrastructure, c'est presque achevé."

Ces investissements commencent à payer. Après avoir perdu de l'argent pendant plus de dix ans, Twitter a bouclé en 2018 sa première année complète de profitabilité avec un chiffre d'affaires de 3,04 milliards de dollars (+25% sur un an) en 2018. Il a présenté un bénéfice net de 1,20 milliard de dollars, contre une perte de 108 millions un an plus tôt -- la société américaine ayant été tirée par une hausse de ses revenus publicitaires.

Lors de ses derniers résultats trimestriels présentés en juillet, la plateforme revendiquait 139 millions d'usagers quotidiens monétisables avec un chiffre d'affaires de 841 millions de dollars (+18% sur un an). La croissance de ses revenus publicitaires (727 millions de dollars, +21%) a été attribuée par Jack Dorsey, Pdg du groupe aux nouveaux algorithmes de recommandation de la plateforme. Ils permettent "de fournir des contenus plus pertinents, ce qui augmente l'usage quotidien de Twitter", a-t-il commenté.

Anaïs Cherif

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