Réseaux sociaux : lancement canon pour Threads, le « Twitter killer » de Meta

Lancé par le groupe Meta (Facebook, Instagram), le nouveau réseau social Threads, dont le but affiché est de rivaliser avec Twitter, a séduit 10 millions d'utilisateurs en seulement 7 heures. Un démarrage d'autant plus spectaculaire que l'application n'est pas encore disponible en Europe, en raison du conflit entre Meta et Bruxelles sur la réglementation.
Sylvain Rolland
Threads, le nouveau réseau social de Meta.
Threads, le nouveau réseau social de Meta. (Crédits : Reuters)

Elon Musk a-t-il du souci à se faire pour Twitter ? Son grand rival Mark Zuckerberg, fondateur de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), a réussi un démarrage en trombe pour Threads, le nouveau réseau social du groupe. Plus de 10 millions de personnes se sont inscrites sur l'application lors des 7 premières heures de son lancement, mercredi 5 juillet. Soit presque 1,5 million d'inscriptions par heure.

C'est colossal, d'autant plus que si Threads est disponible dans plus de 100 pays, dont les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, le Royaume-Uni, le Japon ou encore l'Amérique latine, l'appli n'a pas encore été lancée en Europe en raison du conflit entre Meta et Bruxelles sur les transferts de données. Autrement dit, ce lancement canon aurait pu être encore plus spectaculaire si les 27 pays de l'Union européenne avaient également pu y avoir accès.

Lire aussiPourquoi Elon Musk pénalise Twitter en limitant son utilisation

Mark Zuckerberg attaque frontalement Elon Musk

« Allons-y. Bienvenue sur Threads », a écrit lors du lancement Mark Zuckerberg, le PDG de Meta, sur son tout nouveau compte Threads. Parmi ses autres messages figure une pique directe à son rival Elon Musk : « Cela prendra du temps, mais je pense qu'il devrait y avoir une appli de conversations avec au moins un milliard de gens dessus. Twitter a eu l'occasion de le faire mais n'a pas réussi. Nous espérons y arriver », a-t-il écrit.

L'objectif de Mark Zuckerberg est très clair : abattre Twitter. Ou du moins, le doubler pour le ringardiser, en capitalisant sur le rejet provoqué par le très controversé Elon Musk depuis qu'il en a pris les rênes en octobre 2022. La personnalité très clivante du fondateur de Tesla et Space-X, la boucherie sociale chez Twitter dès son arrivée (Musk a licencié plus de 8.000 personnes en un mois), et les bugs, pannes à répétition et explosion des contenus haineux et de harcèlement qui en découlent, ont poussé de nombreux utilisateurs à espérer l'arrivée d'un nouveau réseau social similaire et populaire, pour pouvoir en partir. Mastodon, Hive, Post.News ou encore Bluesky se sont rués dans la brèche, mais aucun n'a réussi à déclencher une vague d'adhésion.

Threads a donc une place à prendre. Son avantage par rapport aux Bluesky et autres Mastodon ? La puissance du groupe Meta. Surnommé le « Twitter killer » par la presse américaine, Threads en copie effectivement les principales fonctionnalités : c'est une app de conversations écrites dotée d'un fil d'actualités rangé par l'algorithme en fonction des centres d'intérêt de l'utilisateur.

Mais le coup de force de Mark Zuckerberg est d'affilier Threads à Instagram, sa vache-à-lait aux 2,5 milliards d'utilisateurs actifs par mois. Le service est ainsi présenté comme « l'app de conversations écrites d'Instagram » et les deux applis sont interopérables, c'est-à-dire qu'il est possible d'importer directement ses contacts Instagram sur Threads, et de se connecter sur Threads avec ses identifiants Instagram.

« L'équation est simple: si un utilisateur d'Instagram avec un nombre important d'abonnés, comme Kim Kardashian ou Justin Bieber ou Lionel Messi se met à poster sur Threads régulièrement, cette nouvelle plateforme pourrait se développer rapidement et je pense que les budgets publicitaires suivraient dans un délai resserré », a écrit l'analyste Brian Wieser sur Substack, une plateforme de newsletter.

Lire aussiElon Musk et Mark Zuckerberg se provoquent en duel : derrière le coup de com', une vraie rivalité

Une vraie menace pour Twitter

Effectivement, dès le premier jour, nombre de célébrités comme Jennifer Lopez, Shakira et Hugh Jackman ont déjà ouvert des comptes, tout comme Netflix ou le Washington Post, Reuters et The Economist. D'autres devraient suivre rapidement.

Lors de la présentation du projet aux employés, il y a quelques mois, Meta a également promis que Threads serait une plateforme « ouverte », interopérable avec d'autres réseaux sociaux du même type dont Mastodon. « Les créateurs et personnalités publiques souhaitent disposer d'une plateforme gérée de manière sensée, à laquelle ils peuvent faire confiance », expliquait alors Chris Cox, le directeur des produits de Meta, tout en insistant sur « la sécurité, la facilité d'utilisation et la fiabilité ».

Soit l'exact opposé de Twitter, tant sur la fiabilité et la confiance, que sur l'ouverture. Car Twitter, comme Facebook par ailleurs, fonctionne en écosystème fermé, ce qui lui est vivement reproché. Autre élément de différenciation avec Twitter, Threads promet de promouvoir la bienveillance et les conversations apaisées entre ses utilisateurs, qui seront réunis en communautés en fonction de leurs centres d'intérêt, à l'heure où la toxicité de Twitter est de plus en plus décriée.

Lire aussiPourquoi Threads de Mark Zuckerberg est une vraie menace pour le Twitter d'Elon Musk

L'Europe attendra un peu

La seule ombre au tableau pour Threads est son absence dans un marché phare : les 27 pays de l'Union européenne. Meta a choisi d'attendre avant de proposer Threads aux résidents de l'Union européenne, le temps de clarifier les conséquences du nouveau règlement des marchés numériques (DMA), entré en vigueur début mai, selon une source proche du dossier.

Le patron d'Instagram, Adam Mosseri, a regretté que le déploiement de Threads en Europe soit repoussé, expliquant que si Meta avait dû attendre l'aval de Bruxelles, la mise en ligne aurait elle aussi attendu de nombreux mois. « J'étais inquiet de voir notre fenêtre se fermer, parce que le timing est important », a-t-il justifié auprès du site spécialisé Platformer.

Mais cette absence de l'UE n'a pas empêché le lancement de Threads d'être un énorme succès sur son premier jour. Reste désormais à savoir si la nouvelle appli va maintenir voire amplifier ces recrutements, et si elle saura convaincre sur le long terme sur ses propres mérites.

Lire aussiMeta (Facebook) : après le flop du métavers, Mark Zuckerberg est-il toujours l'homme de la situation ?

Sylvain Rolland

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.