Cyberharcèlement : des journalistes éclaboussés par les révélations sur la "Ligue du LOL"

Le quotidien Libération a annoncé ce lundi 11 février la mise à pied à titre conservatoire des deux journalistes Alexandre Hervaud (service Internet) et Vincent Glad (collaborateur), appartenant à un groupe Facebook accusé d'avoir harcelé des dizaines de personnes sur Internet, en particulier des femmes. Nommé "Ligue du lol", ce groupe était particulièrement actif entre 2009 et 2012 et regroupait une trentaine d'utilisateurs populaires de Twitter à l'époque, dont plusieurs journalistes parisiens.
(Crédits : Reuters)

La direction de Libération a annoncé ce lundi 11 février la mise à pied "à titre conservatoire" de ses journalistes Alexandre Hervaud (service Internet) et Vincent Glad (collaborateur) dont les noms apparaissent dans une affaire de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux qui a éclaté le week-end dernier. Mais cela « ne préjuge en rien d'une culpabilité quelconque », précise le directeur de la rédaction du quotidien, cité par Le Monde.

C'est un article du site de fact-checking de Libération Checknews le 8 février qui a mis au jour l'existence d'un groupe Facebook privé baptisé "Ligue du LOL", créé par le journaliste Vincent Glad et regroupant une trentaine de journalistes et communicants, accusés d'avoir cyberharcelé d'autres journalistes et blogueurs, notamment des femmes et des militantes féministes, au début des années 2010.

« On parlait de trolling, c'était du harcèlement »

Plusieurs victimes ont publié des témoignages sur Twitter et plusieurs membres de cette "Ligue du LOL" ont publié des communiqués pour tenter de s'excuser. Au sein du groupe, son créateur, Vincent Glad, pigiste pour Libération, ou encore David Doucet, rédacteur en chef web des Inrocks et Christophe Carron, rédacteur en chef chez Slate.fr. Le premier a assuré que l'objectif de ce groupe « n'était pas de harceler des femmes. Seulement de s'amuser. »

« Mais rapidement, notre manière de s'amuser est devenue très problématique (...) On parlait de trolling, c'était du harcèlement », a-t-il ajouté.

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Dans un autre message d'excuse, Alexandre Hervaud déclare quant à lui n'avoir « aucune responsabilité dans des faits graves (usurpation d'identité, canulars, menaces...) évoqués par certains ».

« Je présente mes excuses aussi sincères que tardives aux personnes qui, à un moment ou à un autre, ont été blessées par mes mots en quasi 11 ans d'activité sur Twitter. »

David Doucet a quant à lui dit son "effroi" d'avoir pris conscience qu'il comptait "parmi les bourreaux". Et Christophe Carron s'est dit "désolé" d'avoir fait partie de ce groupe. « Je crois n'avoir nui socialement ou professionnellement à personne, ni harcelé quiconque », a-t-il précisé dans un autre message.

Vies brisées, réputations ruinées

Certaines de leurs cibles ont dénoncé ces derniers jours des entraves à leur carrière et un dénigrement systématique et coordonné de la part de membres du groupe ou de leur entourage, étayant leurs témoignages de photos de messages violents.

Parmi les victimes, la vidéaste Florence Porcel a raconté qu'outre un "harcèlement en groupe sur Twitter", et un canular téléphonique humiliant mis en ligne où l'un d'eux se faisait passer pour un recruteur, les harceleurs étaient venus "physiquement" la voir sur son lieu de travail.

Le blogueur Matthias Jambon-Puillet a pour sa part raconté dans un long texte publié sur le site Medium, des insultes anonymes sur lui et son travail, des "enregistrements sarcastiques", des photomontages dont un pornographique envoyé en son nom à des mineurs.

Marlène Schiappa apporte son soutien aux victimes

Deux membres du gouvernement ont réagi à cette affaire : Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité, qui a rappelé qu'une loi condamnait désormais le cyberharcèlement et évoqué la possibilité d'étudier l'allongement des délais de prescription (les faits sont prescrits).

Et le secrétaire d'Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, qui a fustigé dimanche "des lâches et des harceleurs".

« J'ai invité les victimes à rendre publics les faits, même prescrits, et pour ceux non prescrits à déposer plainte. Ils doivent rendre compte de leurs actions », a-t-il écrit sur Twitter.

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Commentaires 3
à écrit le 12/02/2019 à 10:38
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"Le journaliste Denis Robert part en guerre contre "les Golden corbeaux" de Twitter" https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/twitter/le-journaliste-denis-robert-part-en-guerre-contre-les-golden-corbeaux-de-twitter_1486433.html On est...

à écrit le 11/02/2019 à 18:44
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Le règne de l'opacité existe bel et bien dans l'univers des "beaux esprits" du journalisme, gens de petite moralité qui se revêtent du manteau des grandes vertus: compétence, intégrité, donneurs de leçons...

à écrit le 11/02/2019 à 17:51
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Et on s'étonne que les français soient violents avec nos chers journalistes parisiens... J'ai juste envie de dire LOL quoi.

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