Lagardère : le tandem Amber-Vivendi sort les griffes

Après avoir essuyé un refus concernant la convocation d’une AG extraordinaire pour placer leurs pions au conseil de surveillance de Lagardère, le fonds activiste britannique et son allié, le géant des médias contrôlé par Vincent Bolloré, portent l'affaire devant les tribunaux.
Pierre Manière
Vincent Bolloré, alias smiling killer, le chef de file de Vivendi.
Vincent Bolloré, alias "smiling killer", le chef de file de Vivendi. (Crédits : Reuters)

L'« allié » d'hier est devenu l'ennemi. Et il est désormais remonté comme un coucou. Entré au printemps dernier au capital de Lagardère via Vivendi, Vincent Bolloré a permis à Arnaud Lagardère de remporter la bataille qui l'opposait au fonds activiste britannique Amber Capital à l'AG du 5 mai. Mais aujourd'hui, le géant des médias sort les griffes contre la gérance du groupe d'édition, de distribution et de médias, dont il est devenu le premier actionnaire (23%).

S'il a présenté, un temps, cet investissement comme un simple « placement financier de long terme » sans vouloir « exercer d'influence sur les choix stratégiques », Vivendi a changé son fusil d'épaule. A la surprise générale, il n'a pas hésité à s'allier, le mois dernier, avec Amber, l'ennemi juré d'Arnaud Lagardère depuis deux ans. Le souhait du tandem ? Que Lagardère convoque une AG extraordinaire d'ici la fin du mois d'octobre pour placer leurs candidats au conseil de surveillance. Ce dernier a, ce lundi, balayé la demande.

L'arrivée d'Arnault a mis le feu aux poudres

La réponse de Vivendi et d'Amber ne s'est pas faite attendre. Dans un communiqué publié ce mardi, ils affirment vouloir porter l'affaire devant les tribunaux. « Le conseil de surveillance et la gérance de Lagardère ayant refusé les propositions respectives d'Amber Capital et de Vivendi, ces derniers vont saisir le tribunal de commerce de Paris d'une demande de convocation d'assemblée générale », écrivent-ils.

Comment en est-on arrivé à ce bras de fer ? Depuis son arrivée chez Lagardère, les intentions de Vincent Bolloré font l'objet de toutes les spéculations. L'homme d'affaires breton pourrait profiter des déboires du groupe pour, à terme, faire main basse sur quelques beaux morceaux, comme des médias influents (Europe 1, Paris Match, le JDD), ou les activités internationales d'Hachette, que Vivendi pourrait rapprocher d'Editis.

En mai dernier, Arnaud Lagardère arguait pourtant qu'il n'avait aucune crainte concernant les intentions de Vincent Bolloré. Dans un entretien aux Echos, il assurait que Vivendi « n'envisageait pas de prendre le contrôle » de son groupe. « Je fais confiance [à Vincent Bolloré] », a-t-il déclaré, justifiant son « soutien amical » par le fait que « [les] deux familles se soutiennent depuis au moins trois décennies ». Cette « confiance » a visiblement volé en éclats.

Un événement, en particulier, a chagriné et bousculé les plans de Vincent Bolloré. Le 25 mai dernier, moins d'un mois après la dernière AG, un nouveau cador du capitalisme français a fait irruption chez Lagardère. Il s'agit de Bernard Arnault, le chef de file de LVMH. Celui-ci a annoncé qu'il prendrait, début septembre, un quart du capital de Lagardère Capital & Management (LC&M), la holding endettée d'Arnaud Lagardère, contre 80 millions d'euros. Cette structure, qui abrite la participation de 7,26% d'Arnaud Lagardère dans son groupe, est des plus stratégiques. C'est elle qui lui assure les pleins pouvoirs malgré sa faible part du capital, en raison du statut particulier de Lagardère, organisé en commandite par actions.

« Coup d'Etat »

Cette irruption de Bernard Arnault - et l'arrivée probable d'un rival pour prendre le pouvoir chez Lagardère - a irrité Vincent Bolloré. Mi-juillet, Vivendi lâche une première bombe : il affirme, dans un communiqué à l'AMF, qu'il « envisage de demander sa nomination ou celle d'une ou de plusieurs personnes comme membre du conseil de surveillance de Lagardère ». Un mois plus tard, le 11 août, Vivendi envoie une deuxième bombe : il signe un « pacte » avec Amber pour décrocher, conjointement, des sièges au conseil de surveillance. Leur objectif : unir leurs forces pour peser, en mars prochain, sur la décision de renouveler - ou pas - le mandat de gérant d'Arnaud Lagardère.

Moins d'une semaine plus tard, nouveau coup de théâtre : le conseil de surveillance renouvelle pour une durée de quatre ans la gérance d'Arnaud Lagardère ! Une décision qui a, sans surprise, mis en pétard le tandem Vivendi-Amber. Dans un entretien au Monde, le fondateur d'Amber, Joseph Oughourlian, a dénoncé « un coup d'Etat contre la démocratie actionnariale ». La guerre de pouvoir se poursuit.

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 01/09/2020 à 17:23
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Mais pourquoi Arnaud insiste ? C'est si difficile que cela à assumer une vie de rentier ? Pourtant la vie rêvée par tous selon nos médias, du moins une de leurs histoires préférées.

le 02/09/2020 à 2:46
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@citoyen blase Arnaud, c'est un ami a vous ? Pouvez pas le nommer par son nom ?

le 02/09/2020 à 15:24
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@ multipseudos: Non je l'ai trop aimé dans les deux de l'amour du coup c'est Arnaud maintenant ! Signalé

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