![Patrick Drahi, le fondateur et propriétaire d'Altice (SFR).](https://static.latribune.fr/full_width/2289861/patrick-drahi.jpg)
Repousser aussi loin que possible le mur de la dette. Telle est, aujourd'hui, la priorité d'Altice France. La maison-mère de l'opérateur SFR a discrètement levé, ce mercredi, 350 millions d'euros sur les marchés obligataires. Dans le détail, ce placement, qui a été effectué par la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, affiche un coupon de 11,5%, mais avec un prix d'émission de 97 euros. Le remboursement, lui, est prévu au 1er février 2027. Dans un communiqué, Altice France précise que cette manne servira à racheter une partie de sa dette arrivant à échéance en 2025. Sachant qu'avant cette opération, le groupe de Patrick Drahi devait rembourser, à cette date, pas moins de 1,65 milliard d'euros.
Cette émission obligataire est, quoi qu'il en soit, instructive. En premier lieu, cette opération s'avère coûteuse pour Altice France. Interrogé par La Tribune, Gilles Frisch, responsable de la gestion High Yield chez Meeschaert Asset Management, souligne que le groupe de télécoms « a dû consentir un coût de 2,5% annuel en plus pour émettre une nouvelle obligation ».
Une dette de 24 milliards d'euros
De fait, explique-t-il, le coût total de cette émission obligataire, pour Altice France, n'est pas de 11,5%, mais bien de 12,5%, en prenant en compte le prix d'émission, ici inférieur à la valeur faciale. Or « les dettes existantes comparables (avec une souche de 5.875% arrivant à échéance au même moment) traitaient à un prix de 89 euros, soit un rendement de 10%, avant ce placement privé », décrypte Gilles Frisch.
Celui-ci remarque, aussi, que cette opération est presque identique à celle menée en 2011-2012 par Numericable. A l'époque, cet opérateur, dont Patrick Drahi s'est servi pour racheter SFR en 2014, était « dans une situation très difficile », rappelle Gilles Frisch. Numericable avait alors émis une dette obligataire dans des conditions similaires pour repousser l'échéancier de sa dette.
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Avec cette nouvelle opération de refinancement, Altice France veut rassurer sur ses dettes, lesquelles s'élèvent à plus de 24 milliards d'euros. Le groupe est confronté à d'importantes échéances de remboursement : 1,65 milliard d'euros en 2025, puis 1,33 milliard d'euros en 2026, avant 5,5 milliards d'euros en 2027.
Pour diminuer sa dette, Patrick Drahi souhaite vendre des actifs, et a même ouvert la porte à une cession d'une partie du capital de SFR. La nouvelle émission obligataire vise, d'après Gilles Frisch, à apaiser les investisseurs. « Les discussions pour vendre des actifs prennent plus de temps que prévu, affirme-t-il. Dans l'intervalle, Altice veut continuer à rassurer les investisseurs sur le risque de liquidité, et donc gérer rapidement les échéances de dette de 2025. »
Des ventes en baisse
En parallèle de ces opérations financières, SFR continue de souffrir dans l'Hexagone, où il perd des abonnés tant dans le mobile que dans l'Internet fixe. Au troisième trimestre, ses ventes ont encore reculé de 2,8%, à 2,7 milliards d'euros.
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