Avec la vente de ses data centers, Altice (SFR) se donne un peu d’air

Cette opération doit permettre au groupe du milliardaire Patrick Drahi d’encaisser 530 millions d’euros. Mais il faudra bien plus au tycoon des télécoms et des médias pour atteindre son objectif de désendettement.
Pierre Manière
Patrick Drahi, le propriétaire d'Altice France, maison-mère de SFR.
Patrick Drahi, le propriétaire d'Altice France, maison-mère de SFR. (Crédits : Reuters)

Cette opération était très attendue. Ce mardi, Altice France, la maison-mère de l'opérateur SFR, a annoncé être entrée en négociations exclusives avec la banque Morgan Stanley pour lui céder ses 257 data centers. La manœuvre consiste, pour le groupe de télécoms et de médias, à loger ces actifs, ainsi que des espaces de bureaux, dans une nouvelle structure, baptisée UltraEdge. Altice France cédera une participation majoritaire de 70% de cette société, qui a vocation à offrir des services de stockage de données en France, à Morgan Stanley. L'opération valorise UltraEdge à 764 millions d'euros. Ce qui permettra à Altice France d'encaisser un chèque de 530 millions d'euros.

Les investisseurs attendaient impatiemment cette manœuvre. De fait, elle permettra à Altice France, propriété de Patrick Drahi, de désendetter son groupe, et de se donner (un peu) d'air. Le milliardaire avait, en effet, indiqué qu'il cherchait « environ 3 milliards d'euros » pour diminuer sa dette, mais aussi repousser, via de nouvelles émissions obligataires, des échéances de remboursement. De fait, Altice France affiche aujourd'hui près de 24 milliards d'euros de dettes au compteur. Il doit rembourser 1,64 milliard d'euros en 2025, et 1,31 milliard d'euros l'année suivante.

L'inquiétude des investisseurs et des créanciers

La vente des data centers, si elle est bienvenue, ne suffira pas. Altice devra céder d'autres actifs s'il veut atteindre ses objectifs de réduction de sa dette. Patrick Drahi ne s'interdit rien, y compris, comme il l'a déjà indiqué, la vente d'une partie de sa pépite SFR. Ses équipes et banquiers ont d'ailleurs, ces derniers mois et comme La Tribune l'a indiqué, approché ses rivaux Bouygues et Free pour discuter d'un éventuel rapprochement. Mais aucun projet en ce sens ne s'est, pour le moment, concrétisé.

Patrick Drahi est sous forte pression. Il souhaite rassurer les marchés et ses créanciers depuis l'arrestation à Lisbonne, le 13 juillet dernier, de son ancien bras droit, Armando Pereira. Celui-ci a été mis en examen pour corruption et blanchiment. Les inquiétudes se focalisent aussi sur les résultats de SFR, qui souffre depuis des mois dans l'Hexagone. Rien qu'au deuxième trimestre, l'opérateur a perdu 29.000 abonnés Internet fixe, et surtout 135.000 clients dans le mobile. Ce qui pèse sur le résultat opérationnel. Les investisseurs se demandent, en clair, si le groupe sera capable, in fine, de rembourser ses dettes, alors que les taux ont grimpé en flèche. Ce mercredi, Altice France dévoilera ses résultats au titre du troisième trimestre. Ceux-ci seront, sans nul doute, scrutés à la loupe.

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 22/11/2023 à 16:23
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Louer leur hébergement va représenter des charges supplémentaires et plomber encore plus leurs comptes sur la durée. Cela sent fort le sapin, du moins la braderie.

à écrit le 21/11/2023 à 19:08
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Et y font quoi à la CNIL ? J'y ai des données sensibles moi ! C'est légal cette vente ? Eh oh ! ya quelqu'un ?

à écrit le 21/11/2023 à 18:26
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ça commence avec les bijoux de famille .

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