C'est terminé ! Alors que Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, le régulateur des télécoms, affirmait dans nos colonnes que les enchères pour les fréquences 5G, qui ont débuté ce mardi, « ne devraient pas durer plus d'une quinzaine de jours », celles-ci ont été bouclées en trois petites journées. Les opérateurs débourseront finalement 2,786 milliards d'euros pour l'intégralité du spectre dédié à la prochaine génération de communication mobile. Sur les onze blocs de 10 MHz de fréquences 3,5 GHz mis en vente, Orange en décroche finalement quatre. SFR en glane trois. Bouygues Telecom et Iliad (Free), eux, en récupèrent chacun deux.
L'enchère s'est achevée au 17ème tour, avec un prix unitaire des blocs à 126 millions d'euros. Pour rappel, les opérateurs avait tous déjà acquis, en amont de la procédure, un gros bloc de 50 MHz de fréquences au prix fixe de 350 millions d'euros. Ainsi, la facture globale pour Orange s'élève à 854 millions d'euros pour 90 MHz de spectre. SFR dépensera 728 millions d'euros pour 80 MHz. Bouygues Telecom et Iliad feront tous les deux un chèque de 602 millions d'euros pour 70 MHz.
Les concessions de Bouygues Telecom et Orange
Que s'est-il passé ce jeudi ? La veille, les opérateurs avaient tous campé sur leurs positions. Orange réclamait cinq blocs. SFR et Bouygues Telecom en désiraient trois, contre deux pour Iliad. Les opérateurs demandaient donc treize blocs pour onze blocs disponibles. Sachant que la seule manière d'arrêter l'enchère - et donc que les prix grimpent - est que la demande de blocs soit égale à l'offre. Au treizième tour d'enchère, ce matin, la situation est restée la même. Mais Bouygues Telecom, comme La Tribune l'avait envisagé au début de l'enchère, a fini par s'aligner sur Iliad, en ne demandant plus que deux blocs. Enfin, au 17ème tour, Orange a fini par lâcher un bloc, mettant ainsi un terme à la vente.
Au final, les opérateurs récupèrent chacun un portefeuille de fréquences cohérent avec leurs parts de marché dans l'Hexagone. Si le montant final apparaît très élevé, il est, en réalité, raisonnable au regard des ventes de spectre 5G qui ont déjà eu lieu dans d'autres pays européens. Selon nos calculs, cela revient à un prix du MHz par habitant de 13,41 centimes d'euros. C'est moins qu'en Grande-Bretagne et en Allemagne, où cet indicateur s'élève respectivement à 14 et 19 centimes d'euros. C'est beaucoup moins qu'en Italie, où le prix du MHz par habitant s'élève à 36 centimes d'euros. Le cas italien est toutefois à prendre avec des pincettes : Rome a profité des enchères de fréquences 5G, il y a deux ans, pour soutirer un maximum d'argent aux opérateurs. Il y est arrivé, mais au risque de plomber durablement son industrie des télécoms.
La procédure n'est pas encore terminée
La procédure d'attribution des fréquences n'est pas tout à fait terminée. Il reste une enchère de positionnement, qui se déroulera « dans le courant du mois », nous indique vaguement l'Arcep. L'enjeu est ici, pour les opérateurs, de choisir où leurs blocs de fréquences se situeront dans la bande. « La meilleure place est souvent au milieu de la bande », a affirmé ce jeudi Gilles Brégant, le directeur général de l'Agence nationale des fréquences (ANFR), lors d'une conférence organisée à Paris par la Fondation Concorde. A cet emplacement, ajoute-t-il, l'opérateur est sûr que ses voisins utilisent leurs fréquences pour le même service que lui, ce qui limite les interférences. Une fois que cette enchère de positionnement sera terminée, les opérateurs recevront rapidement leurs nouvelles licences 5G. Ils pourront, alors, lancer leurs services. Orange et Iliad ont déjà prévenu qu'ils dégaineraient leurs nouvelles offres 5G dès que possible.
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