Miné par l’effondrement de ses ventes, Nokia sabre dans ses effectifs

Le géant finlandais des équipements télécoms, par ailleurs fournisseur privilégié des grands opérateurs français, a vu ses ventes s’écrouler de 20% au troisième trimestre. En réaction, sa direction va se séparer de 9.000 à 14.000 collaborateurs sur les 86.000 que compte le groupe aujourd’hui.
Pierre Manière
A la mi-journée, le titre Nokia chutait de 5% à la Bourse d’Helsinki, à près de 3,1 euros.
A la mi-journée, le titre Nokia chutait de 5% à la Bourse d’Helsinki, à près de 3,1 euros. (Crédits : YVES HERMAN)

Décidément, les temps sont difficiles pour les équipementiers télécoms. Dans le sillage de son rival suédois Ericsson, qui a vu ses ventes s'écrouler de 10% au troisième trimestre, Nokia a fait état, ce jeudi, d'un effondrement de son chiffre d'affaires encore plus important. L'équipementier télécoms finlandais a annoncé que ses ventes ont dégringolé de pas moins de 20% au troisième trimestre, à près de 5 milliards d'euros. En parallèle, ses profits ont fondu de près de 70%, à 133 millions d'euros.

Autant dire une gifle, à laquelle la direction a d'emblée répondu de manière toute aussi violente, avec un vaste programme de réduction des coûts. Concrètement, Nokia entend réaliser entre 800 millions et 1,2 milliard d'euros d'économies d'ici à 2026. Comme c'est souvent le cas dans de telles situations, c'est le personnel qui va en payer le plus lourd tribut. La direction veut se séparer de 9.000 à 14.000 employés dans le monde. Cela représente une saignée de 10% à 15% de ses effectifs globaux. Une de plus, grinceront les observateurs, sachant que Nokia a multiplié les plans sociaux ces dernières années. En France, Nokia, qui a racheté Alcatel-Lucent en 2016, en est déjà à quatre plans sociaux au compteur. Aujourd'hui, le géant finlandais compte 86.000 collaborateurs dans le monde, contre plus de 103.000 il y a quatre ans.

Une « décision difficile »

Pekka Lundmark, le PDG de Nokia, a affirmé que ces nouvelles suppressions de postes constituaient une « décision difficile ». Mais qu'il n'avait pas, à ses yeux, le choix. « Nous avons des employés extrêmement talentueux chez Nokia et nous soutiendrons tous ceux qui sont affectés par ce processus, a-t-il déclaré. Le réajustement de la base des coûts constitue une étape nécessaire pour s'adapter à l'incertitude du marché et pour garantir notre rentabilité et notre compétitivité à long terme. » Le problème, concède-t-il, c'est que le groupe « ne sait pas quand le marché rebondira », ni « combien de temps » la mauvaise passe qu'il traverse durera. Si les choses s'améliorent rapidement, les réductions de coûts seront moindre, a insisté le dirigeant.

D'un point de vue commercial, Nokia souffre d'un très fort ralentissement du déploiement de la 5G. C'est particulièrement vrai dans certains gros marchés, comme aux Etats-Unis et en Inde. En conférence de presse, Pekka Lundmark et son état-major ont souligné que les opérateurs télécom, à qui il vend des antennes et installations de réseau mobile, ont largement levé le pied sur leurs investissements. Primo parce qu'ils pâtissent, comme en Europe, de l'inflation et de la hausse du coût de l'énergie ou des semi-conducteurs. Secundo parce que la 5G n'a pas encore trouvé de modèle économique viable. La monétisation de la nouvelle génération de communication mobile pose aujourd'hui problème. D'après la direction de Nokia, les consommateurs ne voient pas vraiment le bénéfice de passer à la 5G - qui nécessite un changement de smartphone et souvent un nouveau forfait plus cher - en l'absence d'applications novatrices.

La 5G industrielle n'a pas pris son envol

La 5G industrielle, elle, n'a pas encore pris son envol. Quand bien même certaines usines commencent à s'y convertir pour développer de nouveaux services et gagner en compétitivité. Derrière la Chine, qui a un temps d'avance sur ce front - en témoigne l'exemple de l'équipementier automobile IKD -, l'Europe prend son temps pour se convertir à cette technologie. Au grand dam de Nokia, qui considère ce segment comme essentiel pour donner un coup de fouet à ses ventes.

À l'instar d'Ericsson, Nokia a mis en place des initiatives pour inciter les développeurs à imaginer des applications tirant profit des possibilités de la 4G et de la 5G. Mais celles-ci ne porteront pas leurs fruits tout de suite. L'équipementier se dit toutefois « confiant » sur le fait que la situation finira bien par s'améliorer. Les investisseurs, eux, se montrent plus pessimistes. À la mi-journée, le titre Nokia chutait de 5% à la Bourse d'Helsinki, à près de 3,1 euros.

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 19/10/2023 à 17:36
Signaler
Nokia, c'était bien Alcatel-Lucent?

le 21/10/2023 à 23:58
Signaler
Non, Nokia (cf. modèle 3310) a racheté Alcatel-Lucent en 2016 donc c'était plus que ça...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.