Nokia plus que jamais à la peine face à la concurrence

Le géant finlandais des équipements télécoms a perdu du terrain, ces dernières années, face à ses concurrents Huawei et Ericsson. Samsung, le nouveau venu sur le marché, se montre de plus en plus menaçant.
Pierre Manière
Sur la période de juillet à septembre, Nokia a vu son chiffre d’affaires reculer de 7%, à 5,29 milliards d’euros.
Sur la période de juillet à septembre, Nokia a vu son chiffre d’affaires reculer de 7%, à 5,29 milliards d’euros. (Crédits : Ints Kalnins)

C'est dans un contexte tendu que Pekka Lundmark, le nouveau patron de Nokia, est arrivé à la rentrée aux commandes du géant finlandais des télécoms. Depuis plusieurs années, ce fleuron européen a bien du mal à préserver son rang dans un contexte concurrentiel électrique. Les résultats trimestriels du groupe, dévoilés jeudi dernier, en témoignent. Sur la période de juillet à septembre, Nokia a vu son chiffre d'affaires reculer de 7%, à 5,29 milliards d'euros. Le bénéfice net, lui, a certes cru significativement, à 193 millions d'euros contre 82 millions à la même période l'an passé. Mais cette hausse est essentiellement la conséquence de la politique de réduction d'effectifs et de coûts dans plusieurs pays. Nokia a revu ses prévisions 2020 à la baisse. L'équipementier vise désormais un bénéfice ajusté par action de 0,23 euros, contre 0,25 euros jusqu'alors.

Voilà plusieurs années que Nokia est à la peine dans le marché des équipements télécoms. Ces dernières années, le groupe a perdu du terrain face à ses deux principaux rivaux : le chinois Huawei et le suédois Ericsson. Nokia était encore, en 2012, numéro deux mondial sur ce marché, derrière Ericsson. Mais Huawei connu un essor fulgurant, et caracole désormais en première position, avec une part de marché de plus de 30% fin 2018, selon IHS-Markit. Ericsson le talonne, avec 27%. Nokia complète le podium, avec 22%.

La menace Samsung

Alors qu'à travers le globe, les opérateurs commencent à dépenser des milliards d'euros pour déployer la 5G, et que Huawei s'est fait chasser de plusieurs pays européens, Nokia éprouve pourtant des difficultés à se relancer. L'éviction de son rival chinois sur le Vieux Continent pourrait, dans les mois et les années à venir, lui ouvrir des opportunités. Alors que le Royaume-Uni a pris des dispositions, cet été, pour bouter Huawei hors du pays, Nokia a signé, fin septembre un important contrat sur la 5G avec BT, l'opérateur historique du pays. En conférence de presse, jeudi dernier, Pekka Lundmark a jugé que « certaines tendances géopolitiques ouvrent de nouvelles opportunités ».

En attendant, Nokia a essuyé des revers dans certains marchés stratégiques. Aux Etats-Unis, où les portes sont également fermées pour Huawei, Nokia s'est fait damer le pion par un nouvel arrivant. Début septembre, Samsung a signé un méga-contrat de 6,6 milliards de dollars avec l'opérateur Verizon dans la 5G. Un camouflet pour Nokia, que Pekka Lundmark n'a pas caché. « Nous avons perdu des parts de marché chez un grand client nord-américain, a-t-il déclaré jeudi dernier. Nous constatons une certaine pression sur les marges sur ce marché. »

Le PDG a poursuivi en déclarant que « pour assurer le leadership », le groupe devait « augmenter les investissements en R&D ». Des propos qui feront grincer des dents dans l'Hexagone. Nokia compte tailler à la hache dans ses effectifs de R&D, justement, en se séparant de près de 1.000 collaborateurs. Nokia a décidément du pain sur la planche pour retrouver sa compétitivité d'antan.

Pierre Manière

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