Les négociations entre le gouvernement et Nokia ont porté quelques fruits. Ce vendredi, lors d'un comité social et économique (CSE), les dirigeants de Nokia France ont indiqué aux syndicats qu'ils allaient revoir à la baisse leur plan de suppression de 1.233 postes dans l'Hexagone, présenté le 22 juin dernier. En premier lieu, 250 postes « pourraient être préservés », indique Thierry Boisnon, le patron de Nokia France, dans une lettre aux salariés que La Tribune s'est procurée. Le nombre de suppressions de postes à Lannion serait réduit de 40%, alors que 402 emplois devaient initialement disparaître dans la cité bretonne. « Cette révision est rendue possible par l'évolution des besoins opérationnels et la création de nouveaux projets dans le domaine de la 5G », argue Thierry Boisnon.
Le dirigeant annonce également la création d'un « nouveau centre européen » dédié à la cybersécurité à Lannion. « Ce nouveau projet pourrait conduire à la création de 112 nouveaux postes d'ici la fin 2021, dont 97 seraient basés à Lannion ». Un autre projet, dédié à la 5G, devrait voir le jour. Il vise à « expérimenter et intégrer les futurs cas d'usage et services de la 5G, ainsi que de tester de nouveaux modèles d'affaires », poursuit Thierry Boisnon. « En s'appuyant sur les plateformes et la forte expertise en 5G des équipes de Paris-Saclay et de Lannion, ce projet se ferait en étroite collaboration avec l'écosystème local », détaille le dirigeant.
D'après lui, ces investissements doivent permettre à Nokia « de consolider le rôle essentiel » du groupe « dans l'écosystème numérique français en tant que premier équipementier télécoms ». Mais aussi de « renforcer » son « positionnement stratégique » au sein du mastodonte finlandais « avec des activités centrées sur les technologies d'avenir », comme la 5G, la cybersécurité, ou les communications par faisceaux hertziens. Ces mots n'ont pas été choisis au hasard. Pour beaucoup de salariés, ce quatrième plan social en quatre ans chez Nokia France signifiait que le groupe comptait, à moyen terme, se retirer de l'Hexagone. Thierry Boisnon promet qu'il n'en est rien. Il reste à voir si ces promesses seront suivies d'effets.
Dans les heures et jours qui viennent, le gouvernement se félicitera probablement de ces nouvelles annonces de Nokia. L'exécutif négociait depuis des mois avec le groupe finlandais pour qu'il mette de l'eau dans son vin. Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l'Industrie, n'a jamais caché pas tout le mal qu'elle pensait de ces coupes d'effectifs. « J'arrive avec une volonté farouche de remettre en cause ce plan social que je n'explique pas, a-t-elle notamment déclaré sur CNews au mois de juillet. Je ne comprends pas comment Nokia peut faire un plan social aujourd'hui alors qu'ils sont positionnés sur les équipements télécoms et la 5G, qui sont un marché d'avenir. » La ministre a finalement réussi à préserver quelques emplois. Rien ne dit, toutefois, que Nokia n'avait pas anticipé dès le départ qu'il devrait à un moment faire des concessions pour faire avaler la pilule.
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