Le gouvernement affirme, encore une fois, son opposition au nouveau plan social de Nokia. Dans un entretien sur CNews, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l'Industrie, a tiré à boulet rouge sur ces nouvelles suppressions de postes. L'équipementier télécoms finlandais veut tailler à la hache dans ses effectifs. Son état-major veut se séparer de 1.233 salariés, soit un tiers des 3.640 collaborateurs d'Alcatel-Lucent International. La ministre ne souhaite, en particulier, « pas laisser Lannion mourir à petit feu ». Nokia veut amputer ce site, qui compte un peu plus de 700 collaborateurs, de 402 postes. Les salariés redoutent qu'il ne dispose plus, après une telle casse sociale, de la masse critique pour être maintenu dans les années à venir.
Même si Bercy a déjà indiqué qu'il n'avait pas moyens de s'opposer au plan social, Agnès Pannier-Runacher promet qu'elle fera tout limiter les dégâts. Et, en clair, sauver quelques centaines de postes. « J'arrive avec une volonté farouche de remettre en cause ce plan social que je n'explique pas, lance-t-elle. Je ne comprends pas comment Nokia peut faire un plan social aujourd'hui alors qu'ils sont positionnés sur les équipements télécoms et la 5G, qui sont un marché d'avenir. Ils sont positionnés sur la cybersécurité, qui est aussi un marché d'avenir. Or Lannion réunit des forces en R&D dans ces deux domaines. »
« Aujourd'hui, Nokia n'a pas de patron »
L'objectif de la ministre ? D'abord « prendre la mesure de ce que Nokia veut faire ». Ce qui n'est pas simple. Car « aujourd'hui, Nokia n'a pas de patron », dit-elle. Concrètement, Rajeev Suri, son chef de file, a annoncé qu'il quitterait le navire au 1er septembre. Il doit être remplacé par Pekka Lundmark, le DG du groupe énergétique Fortum, dont l'Etat finlandais est le principal actionnaire. Visiblement, le gouvernement a toutes les peines à trouver un dirigeant de Nokia pour faire le point sur sa stratégie en France.
« Nous devons avoir un interlocuteur qui a un propos stratégique, pas des gens qui, finalement, n'ont pas de vision d'entreprise, pas de vision pour l'empreinte industrielle de Nokia en France, et avec qui on discuterait uniquement de sujets anciens », enchaîne Agnès Pannier-Runacher. L'objectif de Bercy est clair : le ministère souhaite convaincre Nokia d'ancrer ses activités d'avenir dans l'Hexagone, notamment travers des programmes concernant la 5G et ses usages. Pas sûr, toutefois, que l'état-major de l'équipementier partage cette ambition.
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